jeudi 29 mai 2008

La maladie. Extrait du Front haut (il y a 9 ans)

Les femmes ferment les tentures car la nuit tombe comme tombent les paupières sur nos yeux fatigués.

Je voulais savoir jusqu'où t'avait menée cette folie qui ne correspondait plus à la mienne.

Alors, je suis allé découvrir ce que je n'ignorais plus.

J'y allais en sachant que j'entrerais dans la nuit peut-être définitive.

Les nébuleuses s'étaient écartées de moi, j'étais marqué du sceau d'une maladie étrange.

J'avais dans mon crâne des larmes d'acier.

J'avais dans mon coeur un sentiment de chair inépuisable.


Jusqu'où peut-on aller sur le chemin de la désillusion, dans le besoin de savoir par où la mort de la passion survient.


Mon âme était comme un lit où l'on surprend le mensonge.

J'étais une chambre sans fenêtre où les songes éteints se buttent contre les murs à la recherche d'une liberté illusoire.

mercredi 28 mai 2008

Livres collectifs auxquels j'ai participé avec des textes en prose, nouvelles ou morceaux divers











Cinq livres ont paru:

-Résonances, chez Luce Wilquin, en octobre 2004, avec ma nouvelle La Mémoire de l'Insoumise


-Cercles, chez Quadrature, en février 2005, avec ma nouvelle La Dame aux Nymphéas


-Etranger, j'écris ton nom, chez Couleur Livre, en février 2007, avec ma nouvelle Un amour délocalisé


-Et le Monde Regarde, chez Editions du Cerisier, en 2007, avec mon texte La croisade de Stéphane de Cloyes


-Droits de l'homme, j'écris vos noms, chez Couleur Livre, en mai 2008,avec mon texte sur l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme.


Mes participations dans des ouvrages de poésie collectifs



























En vrac, quelques ouvrages où l'on peut lire certains textes poétiques ou poèmes (libres) de mon cru:
-Dissidences an 2000 Collection l'Aéropage Dijon France
-Soif de mots (Tome 13) Editions du Brontosaure 2002 Les Granges-le-Roi France
-Dissidences an 2004 Collection l'Aéropage Dijon France
-Les Jardins de Liège Editions Vincent Botta 2005
-Revue du Grenier Jane Tony Anthologie 2007
-Le Non-Dit Bruxelles 2007 Maisons et maisons intérieures

mardi 27 mai 2008

L'affaire M/ Banque X

Le livre de Hervé Broquet, "Droits de l'homme, j'écris vos noms", est sur ma table de travail. Je l'ai reçu par la poste avec le texte que je lui destinais et que j'avais eu du mal à écrire. Je l'ai relu, une nouvelle fois comme si je le découvrais seulement maintenant. Un texte publié ne fait pas le même effet que le manuscrit, l'émotion est toujours plus grande. Pourtant, je n'ai pas tout dit, j'ai à peine entrouvert une porte, en l'écrivant je me suis retenu, pudiquement. J' ai passé sous silence que, mon père et moi, nous nous sommes beaucoup opposés, que souvent nous ne nous sommes pas compris, que nous avons longtemps vécu en désaccord, lui, l'homme des chiffres et, moi, l'homme des lettres, le jeune homme qui se pensait homme de lettres. Comme beaucoup d'autodidactes, il vivait dans l'intolérance des autoritaires, il voulait imposer ses idées. Il disait:" Je ne sais pas si vous êtes d'accord, mais c'est comme ça". C'était sa formule. Alors, il me voussoyait. Je pensais qu'un père devait tutoyer ses enfants. S'il me disait vous, c'est que j'avais mérité une punition, que je n'avais pas observé la règle, que j'étais coupable de quelque chose, et j'ignorais pourquoi. Sans le dire ouvertement, j'ai beaucoup parlé de lui dans mes livres, à travers mes personnages, dans tous mes romans. Il m'a fort marqué, je lui en ai beaucoup voulu mais il a suffit qu'il meure pour que je ne lui en veuille plus, et même que je lui donne raison.

J'ai retrouvé un poème inédit daté du 17 février 1972. Le voilà.

Au-delà du dernier souffle qu'emporte la mort
Père, dis-moi, si tu existes encore
Car la vie s'est retirée de toi
Ecorce fragile que nous avons portée en terre

Les mailles se sont défaites
Les images se décousent autour d'un lit d'apparat
Tel celui d'un gisant antique
Au milieu des fleurs et des gestes
Qui tentent de retenir le temps d'ici-bas

Au terme de la vie, Père, existes-tu ?
Le présent prolonge ton passé
Dans d'innombrables racines
Quel avenir accueillira ton éternel aujourd'hui ?
Notre espérance est traversée d'angoisse
Nous pleurons ton départ
Il ne reste que l'amour
Dans lequel tu survis.

dimanche 18 mai 2008

Le printemps des jardins

Pour en savoir plus sur ce beau livre de photographies de jardins de la région de Liège, édité par Vincent Botta, surfez sur http://www.jardinsenpaysdeliege.be/. J'ai eu le plaisir et l'honneur d'y publier quelques textes, avec d'autres auteurs: Godelieve Rulmont-Ugueux et François-Xavier Nève. Voici l'un de mes textes, précédé d'une photo prise par Marianne.

LES JARDINS
Dieu n'a pas pensé qu'il fallait les sauver du Déluge, les jardins, ils se débrouilleraient bien sans Lui, sans l'Arche de Noé, pleine à craquer même de reptiles. Quarante jours et quarante nuits qu'il a plu sur la terre. Puis l'eau s'est évaporée pendant cent cinquante jours. La colombe de Noé est partie à tire-d'aile. Elle est revenue, une feuille fraîche d'olivier au bec. Pendant que Noé et sa famille se doraient au soleil, la terre a continué de sécher. Les semences noyées ont germé. Les pentes du mont Ararat ont verdi, mieux qu'avant, plus luxuriantes, avec des fleurs partout autour. Les pelouses sont revenues, le long des chemins tirés au cordeau. Des parterres se sont formés, bien rangés, bien ordonnés. Alors, les enfants de Noé ont dévalé les pentes pour s'égailler dans tous les sens et jouer sur la terre qui ressemblait à un grand paradis terrestre.
On ne la jamais oublié, le paradis terrestre. Jamais. On cherche à le reproduire, en petit comme un jardin secret ou en plus grand dans le désir de croître. On garnit un balcon parisien d'herbes de Provence et de lavande. On installe des terrasses suspendues comme à Babylone. On cache son jardin entre quatre murs pour ne pas le montrer au voisin. Certains ont le chic de mettre une oasis entre deux usines. On crée des barrières de cyprès pour lutter contre l'obsession des villes. Tout est fait pour rappeler l'inoubliable paradis perdu...
Chaque carré de jardin est comme un défi, une conjuration de l'intérieur contre la menace de l'extérieur et parfois de nous-mêmes. Alors le jardin se crée à notre mesure, Généralife du pauvre ou du nanti, jardin andalou, anglais, japonais, à la française, patio marocain au sein d'un Riad qui s'offre le luxe de l'ombre, des parfums et de la méditation.
Tous ont une âme, car les jardins sans âme, on le savait, n'ont pas de maître.
J.B.

samedi 17 mai 2008

La mer du Nord


Deux jours à la mer du Nord nous ont permis, ma femme et moi, de nous souvenir de la mer de notre enfance, celle du Nord comme je l'ai décrite dans un texte du Front Haut.
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Voilà l'hiver - ou presque - et la mer, la vraie, celle du Nord. Sur la plage infinie, des mouettes, des goélands, entre la rangée de dunes et la vague qui se meurt, le sable mouillé, les coquillages écrasés brillant sous l'eau que la marée aspire. Seuls, elle et lui marchant pieds nus le long de la mer, elle une jupe de vent, un chapeau d'embruns, les yeux pleins de larmes et de froid, le nez humide, lui, avec un air de marin, la retenant par la main afin qu'elle ne s'échappe pas, afin qu'il puisse la garder, la regarder, alors qu'elle n'est pas à lui, qu'elle est toujours ailleurs, dont l'âme vole comme un goéland qui reprend le ciel au-dessus de la mer, comme un voilier qui quitte l'estacade, toujours en partance, affolée par l'espace et par le vide, vivant portes et fenêtres grandes ouvertes sur la mer, fermées sur l'intérieur d'elle-même, afin que personne n'y entre, personne, même pas lui, enfin peut-être un peu de lui, très peu de lui. Plus tard, on aurait pu croire que c'était la nuit tellement le ciel était plein de pluie. La jupe lui collait aux cuisses. Ses souliers glissaient sur la digue.. Ils se tenaient aux balustrades comme si la mer allait les emporter. Plus tard encore, on les vit enlacés. Ils se tenaient l'un à l'autre comme s'ils avaient peur de se séparer. En tous cas, c'était l'impression qu'ils laissaient derrière eux qui avançaient toujours plus loin le long de la mer, la vraie, celle du Nord.


mardi 13 mai 2008

Un rendez-vous à l'Abbaye de Saint-Denis en Bloqueroie, les 30 et 31 août 2008

Pour illustrer cet évènement auquel je compte participer, afin de rencontrer mes amis lecteurs qui songeraient à se balader dans cette jolie région située près du village de Casteau, je reproduis ci-après un texte que j'ai écris l'an dernier, installé derrière mes livres, en attendant les visiteurs.

Trou d'air

Nul n'ignore que la poésie donne des ailes. Toutefois, qu'elle puisse transformer ma vieille Fiat Bravo en hélicoptère, voire en F16 collé aux sinuosités de la route et des chemins creux de Gottignies, relève du surnaturel ou du paranormal.
C'est, cependant, ce que j'ai vécu ce matin. Je vous le jure. Mon véhicule surfait entre le Roeulx et l'Abbaye de Saint-Denis de Broqueroie. Il glissait sur les longues phrases de mes pensées. Tout cela à la fin d'un été maussade que personne n'avait choisi. Ces phrases, je les inventais, de borne en borne, dans la bruine d'un matin qu'on m'avait pourtant promis ensoleillé.
On m'avait prévenu sur l'état des routes. Elles sont mauvaises, pleines d'ornières et de surprises désagréables. "Pour bien faire, il faudrait rouler à quelques centimètres au-dessus du sol." C'est ce que ma bonne vieille voiture faisait, comme par miracle.
Vous pouvez emprunter n'importe quel chemin, il vous mènera à la vallée de l'Obrecheuil et ses étangs entourés de bois. Quelqu'un m'avait dit aussi: "Ces routes sont comme des cordons ombilicaux convergeant tous vers le coeur de l'enchantement."
Autour de moi, il devait y avoir quantité de gnomes et de sorcières, cachés dans la bruine. J'ai cru les voir vraiment quand un hurluberlu qui me suivait me fit des appels de phares. On n'est jamais tranquille. Il me sollicitait comme si j'étais une jolie fille, moi ce chauffeur échevelé et barbu...Que Saint Denis ait pitié de sa bêtise.
Après Thieusies, mon dragueur m'abandonna et je poursuivi mon vol plané. J'avais ouvert les ailes de mon rêve. Mon âme cherchait à s'échapper, emportée par le pouvoir des mots dont ma voiture était remplie. Mes livres sur ma banquette arrière étaient heureux; ils étaient en vacances. Ils allaient rencontrer des lecteurs, et, sinon, prendraient l'air comme vous et moi, à la fin d'un été. Je suis arrivé à bon port, face au portail de l'Abbaye.

C'est alors qu'un homme m'apostropha:
-Vous roulez comme ça ?
-Comment comme ça ?
-Votre pneu arrière droit, vous l'avez vu ?
-Comment voulez-vous que je le vois. Je n'ai pas des yeux en rétroviseur. Eh! quoi, il ne vous plaît pas ?
-Votre pneu arrière droit est complètement déchiré!

Je vous promets que cette année-ci je vérifierai mes pneus avant de partir.

mardi 6 mai 2008

Les oiseaux du couchant

Etait-il si vieux, la tête trop pleine de brumes ?

On lui répétait que les oiseaux s'étaient enfuis et que l'amour se mourait quelque part à la fin d'un été. Pourtant, les oiseaux étaient là, petits astres dansant dans la fièvre d'automne.

Il était comme un galet lisse et patiné par le ruisseau dont la voie continuait à se tracer dans les méandres de la vie.

Il était comme ce pain de froment qu'elle aimait manger, cuit sur la cendre et sur la pierre et qui sentait le sous-bois.

Il avait le coeur dilaté par sa tendresse en jachère et les ailes émoussées des oiseaux au bout de leur migration.

Elle avait le goût de la voie lactée sur ses lèvres tandis que le couchant lui dorait le front.

Elle lui donnait ses mains pour y cacher ses rides et son besoin de croire que l'amour n'a pas de fin.

Elle lui montrait les oiseaux qui s'envolaient à tire d'ailes vers d'autres cieux.

Lui disait toujours: je prononcerai ton nom jusqu'à ce que mon souffle expire.


Extrait du" Front Haut" de Jean Botquin.

vendredi 2 mai 2008

Ainsi commence l'Elégie.

Mes Venises à vau-l'eau
s'en sont allées

Les enfants ont baissé la tête
sur leurs dentelles blondes
les enfants aux têtes vertes
regardant leurs mains ne jouant plus
pantins désarticulés jouets brisés

Mes Venises à vau-l'eau
s'en sont allées

Trop de pelouses dans leur regard
tristement se souviennent
des douces barcarolles et des berceuses
chantées le soir si tristement
chanson du soir tombant dans l'oeil
tout grand ouvert
des anges bleus sans ailes d'or
des processions qui par l'enfance passent

Mes Venises à vau-l'eau
s'en sont allées

Ô barque amère des enfants crucifiés
en croix sur leurs rêves en délire
cachant les sanguines des mains et des pieds
avec de grands clous ronds enfoncés dans les
songes
et les bras des innocents jonchent la nuit
courbée sur Golgotha et sur le monde

Mes Venises à vau-l'eau
s'en sont allées

Enfants de sommeil enfants des rondes tristes
qui vont qui viennent et qui s'arrêtent
vêtus de sourires vétustes et vagues
et qui s'asseyent pour attendre
que la pluie cesse que la pluie recommence
pour attendre on ne sait quoi

Mes Venises à vau-l'eau
s'en sont allées

jeudi 1 mai 2008

Le muguet de Clio

Ce muguet-là n'est pas comme les autres. C'est Clio qui me l'a envoyé sur les ondes. Les clochettes embaument l'écran de mon ordinateur qui le premier mai chômait. Comme dehors il pleuvait, j'ai fermé la fenêtre. Le parfum s'est répandu dans mon bureau. Par mes narines les clochettes sont entrées dans mon coeur où elles se sont mises à tinter comme si Pâques était encore là. Et elles n'en finissaient pas de faire la fête du bonheur. Merci Clio.