Strates du Souvenir de Jean Botquin
Un livre très émouvant d'un auteur doué d'un talent certain.
Désir de l'aventure, du voyage, et fascination de la beauté.
Contraste entre le désir d'aventure, d'absolu, et le poids de la matière qui
nous oppresse. La peur, parfois, même dans ce très beau texte où la femme aimée
évoque un tableau de Matisse. Mais, ce qui constitue le centre irradiant du
recueil, comme une rose éclairant une cathédrale, de très beaux chants d'amour,
qui ont su puiser leur magie dans les soirs et les matins de claire lumière de
l’Orient, « les élixirs de Nabeul ou de Marrakech », en des rythmes parfois qui
imitent la danse du derviche tourneur, pour un tourbillon de tendresse.
Il y a là, parfois, par ce goût du rêve et de l'Orient,
comme un écho de Gérard de Nerval :
Vous étiez la femme
rencontrée partout
Dans l'anonymat des
foules
Sortant du ventre des
villes
Pareille aux
mirifiques promesses
De celles qu'on attend
malgré leur présence
Comme si vous montiez
toujours dans le wagon
Du train où je n'étais
pas
Je vous voyais là où
vous n'étiez
Mirage que je formais
derrière mes paupières
Qu’il suffisait de
fermer pour que vous
Apparaissiez
Et quand j'ouvrais les
yeux
Vous partiez en fuite
Comme si vous vouliez
cesser d'exister (pp.49-50)
Des personnages devenus très subjectifs, dans lesquels la
psychologie du personnage qui regarde se
reflète et se mêle, étant elle-même sous l'influence de sa vision. Il en émane une sorte de brume, de
vague dans lequel tout se noie. C'est
conçu avec beaucoup d'art.
Ainsi p.60 :
Est-ce le sommeil ou
la mort
l'amour enfoui à jamais
jusqu'au réveil
inespéré
Joseph Bodson
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