Réécrire
l’amour
Primaëlle
VERTENOEIL
C’est dans la collection
« Poésie francophone » des éditions du Cygne que Jean Botquin vient
de publier un recueil de poésie intitulé Les quartiers de lune pâle.
Un recueil, qui de prime abord, peut surprendre. Quelles en sont les
raisons ?
L’une d’entre d’elles est
certainement à trouver dans le contraste entre la modernité de sa composition –
que l’on doit principalement à l’utilisation du vers libre – et le ton
résolument classique du propos. Structurellement, – et c’est d’ailleurs
un vœu du poète lui-même dans son avant-propos – , la poésie est
« libre, spontanée et limpide ». Découpé en trois parties
(« Gynécée », « Rhapsodies », « Derrière mes verres
fumés »), le recueil est écrit en vers libre : « Il disait :
/ Il me faut te réveiller / Toi / qui dors en moi / la plus belle des endormies
/ de toutes les aimées / Toi / qui n’est pas sortie / de ta gangue de femme /
Toi / que ton ventre / anime / obscurément ». Du point de vue du
contenu, Les Quartiers de lune pâle, évoque une thématique des
plus traditionnelles : l’amour. L’amour de la femme, évidemment, mais
aussi de la vie, de la nature, de la poésie. Sujets certes communs, mais traité
ici avec pudeur et tendresse : « En vérité, tu es le soleil / Tu
caresses mon corps nu / couché au soleil du milieu de l’été / Ma peau se hâle /
sous ta tendresse / Les nuages fuient sous ton regard ».
Au travers de ces quelques pages, une
soixantaine tout au plus, se détache la poétique d’un homme qui a certainement
beaucoup lu et déjà beaucoup écrit. L’écriture de Jean Botquin,
« originaire de Flandre Occidentale », comme aime à nous le rappeler
l’éditeur, est le fruit de nombreuses influences, de plus modernes aux plus
classiques, mais est aussi le résultat d’une vraie recherche personnelle, nous
semble-t-il, dans le choix du mot qui composera chaque partie du vers, du
poème, du segment. Chez Botquin, rien n’apparait laissé au hasard. Aussi, si
certains poèmes, proches de la comptine par exemple, paraissent légers et somme
tout un peu naïfs, les nuances lexicales qu’ils proposent les rendent
étrangement modernes. Mais peut-on vraiment reprocher à un amoureux des
mots de trop s’épancher sur ces grandes pages blanches ?
Jean BOTQUIN, Les Quartiers de lune pâle, éditions du Cygne, 10 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire