Avant-propos
La poésie a beaucoup évolué. On est
loin de nos anthologies de poèmes classiques – de leur versification ou de leur
métrique – poèmes qu’on nous faisait
apprendre par cœur dans l’art immémorial de la déclamation. Certains
cultivent encore ce mode d’expression. Il suffit de compulser des revues de
poésie – surtout françaises – pour découvrir
des rimailleurs « primesautiers » qui excellent dans ce mode
un peu provincial où les rimes rythment la cadence en guise de musicalité.
Loin de moi de vouloir prétendre que la versification ne peut s’accompagner
d’idées originales, d’images réussies et que de ce type de poésie ne puisse se
dégager un réel esthétisme. Il y a de magnifiques exemples dans nos manuels de
littérature française. Personnellement, je n’ai jamais réussi à me soumettre à
cette discipline.
À l’autre extrême, depuis Verlaine, Mallarmé,
Valéry, Rimbaud et Apollinaire, fondateurs de la poésie contemporaine, existe une poésie libre – dans son expression – qui a rejeté toutes les formes anciennes et
qui attache plus d’importance au fond et
à la magie des mots formulés par notre inconscient qu’aux règles formelles. Ce
qui ne veut pas dire que cette poésie évolue en toute liberté. Elle est
nécessairement tributaire du psychisme
de son auteur, voire de sa spiritualité.
Sa nécessité ne découle pas de sa forme mais de sa nature profonde. Elle
n’obéit qu’à elle-même. Selon moi, elle reste accessible aux autres, tant
qu’elle ne verse pas dans les outrances
de l’écriture automatique ou de la poésie dadaïste, hermétique et, par
conséquent, incompréhensible pour le
lecteur qui n’en possède pas les clefs de
décryptage. C’est à cette poésie libre, spontanée et limpide que j’ai
pleinement adhéré.
Le présent recueil réunit, comme dans
« Strates du souvenir », des poèmes et des textes d’origine et d’époque
diverses, les plus anciens ayant subi une certaine rénovation pour les adapter
à ma façon d’écrire actuelle. Pas plus que dans mes recueils antérieurs je ne
les ai datés.
D’aucuns me reprocheront de manquer ainsi de
fidélité à mon passé ou de ne pas respecter mon présent. Peu importe,
j’aimerais que ma poésie soit intemporelle, ma poésie d’hier comme celle d’aujourd’hui.
Jean Botquin.
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