Préface
La
poésie de Jean Botquin est un « chemin qui n’existe pas », ainsi
qu’il l’évoquait dans « Ténéré ». Et le sujet de cette poésie,
l’amour, est « l’éclair sur la dune » et la seule raison d’espérer.
Ce sont les mots utilisés par Ariane François pour introduire l’auteur, qui
nous offre aujourd’hui ce recueil de textes amoureux. Oui, Jean Botquin est un
amoureux insatiable. Amoureux de la vie, de la sensualité, de l’infini des
paysages sans limite, amoureux de la musique des mots et de la danse des
images. Amoureux encore et surtout du corps ; de celui de la femme, dont
il compare la sensualité à celle de ces paysages, et dont l’évocation du
corps-à-corps fait frémir le lecteur de toute son échine.
Tu es le vent qui saute / vers l’estran et les dunes…
En vérité tu es le soleil / Tu caresses mon corps nu…
Les
corps des amants ne sont pas à l’image, mais sont le paysage ; ils sont la
nature ondoyante sous le souffle du vent, ils sont le feu du soleil, ils sont
la blancheur du désert, ils sont les colonnes de sel de Sodome pâlies ; ils sont la mésange abandonnée, les fibres et les fleurs, ils sont la mouvance des sables.
La
langue de Jean Botquin est un murmure d’alcôve, un chuchotement de derrière les
buissons, mais aussi un cri de plaisir lancé à travers les déserts muets,
par-dessus les atolls écumeux des
mers tourmentées, à travers les cascades sauvages bondissant sous la sylve, ou
encore assourdi par les mousses et les fougères où fuit la proie devant le
chasseur avant de s’abandonner et de se rendre à merci.
Elle
se fait encore muette, tout en caresses, en frémissements, en souffles, en
humeurs, en odeurs…
Les
jours s’allongeaient dans les aurores / et les crépuscules d’amour / Je passais
toutes les nuits à veiller sur tes rêves / à respirer l’odeur de ton corps
/ à caresser les frémissements de ta peau / à cueillir des lèvres le chant
de ta respiration
Mais
Jean Botquin a deux visages. Il nous révèle aussi parfois celui de l’enfant
qu’il est resté, en culottes courtes, épiant les oiseaux et cueillant les
étoiles de ses mains innocentes.
Les
anges nous touchaient de leurs ailes / Notre jeunesse portait son
raz-de-marée / au-delà des fétiches qui se noyaient / Nous ne savions rien
de ce qui nous attendait
Et
ce visage-là préfigure bien entendu la naïveté de la tendresse qu’il exprimera
envers l’éternel féminin sacré chanté dans ses plus forts élans poétiques.
Mesurer la
distance entre la pointe du sein et la pointe du jour…
L’auteur,
dans sa fragilité extrême et l’impudeur de ses évocations, nous fascine par
cette vérité universelle, tendre et sensuelle à laquelle il nous arrive à tous
de rêver dans nos moments de solitude ; et c’est dans l’aveu de cette
fragilité que notre humanité se réconcilie avec nos peurs, nos doutes et nos
espoirs secrets.
Michel
Cliquet
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