Avant-lire
On connaît le grand intérêt
porté par l’ancien professeur de français Mohamed el Jerroudi de Tétouan (Maroc)
pour les arts plastiques et sa collaboration à l’activité artistique de son
pays. Les dessins qui ornent ce nouveau
recueil sont de Saâd Ben Cheffaj,
peintre renommé marocain, né en 1939, qui vient de fêter le cinquantième
anniversaire de sa carrière. Leurs chemins se sont croisés ; ils ont, en
quelque sorte, fondé un mouvement que les médias marocains de l’époque ont
désigné sous le vocable de Picto-Poésie. Il est vrai que la
poésie et la peinture contemporaines, en particulier la
poésie de Mohamed, sont très proches l’une de l’autre. C’est donc un bonheur de
pouvoir saluer cette rencontre dans ce nouveau recueil, que Mohamed portait en
lui depuis de nombreuses années.
La poésie de Mohamed el
Jerroudi prend sa source dans le mystère de la vie, Nous sommes aux confins du
désert, des mers et de l’océan. Nous sommes au pied des montagnes du
sommet desquelles les ancêtres ont prodigué leur enseignement et leur sagesse.
Le poète est toujours en partance, prêt à l’errance pour se retrouver, à
la recherche de lui-même, Aujourd’hui, peut-être, ne voyage-t-il plus que dans
sa tête, surtout quand il a entamé la fin de son parcours terrestre ou quand, du moins, il est très près de le
faire. Mais est-il nécessaire d’encore se déplacer par monts et par vaux ?
Car d’un mot, dit-il, je fais de ma vie un homme qui marche.
Ce besoin profond de quitter
le monde des humains est inscrit dans ses gènes de façon indélébile. Il se
traduit dans les métaphores de sa pensée et de son écriture. S’il veut quitter
le monde de ses semblables, sans toutefois l’oublier ou le renier, c’est pour
mieux répondre à sa quête intérieure. Fuite ou retour à la concentration
essentielle, à la méditation, à la dévotion des véritables valeurs parfois
embaumées des souvenirs et des lambeaux de rêves amoureux. Spiritualité plus que religion, profonde
croyance en l’humanité tellement bafouée. Car el Jerroudi se dit habité d’une
révolte permanente contre toutes les exactions des puissants de ce monde,
contre le sang coulant en vain pour des causes perdues d’avance.
Comme toutes les errances à
travers l’univers, les départs et les marches sont sans fin, parsemées
d’embûches. Peut-être ne peuvent- ils aboutir que dans la mort sous le regard des autres.
Inlassablement, Mohamed el
Jerroudi continuera, soyez en sûrs, à transporter l’eau douce au désert jusqu’au sable du refus.
jean botquin
1 commentaire:
Merci, Jean ! Une présentation qui donne envie de lire le livre.
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