Interview de Jean
Botquin
Œuvre littéraire
L’auteur
1/ Peux tu te présenter à nous,
s’il te plaît ?
Comment te définirais-tu ?
Parle-nous un peu des divers
ouvrages que tu as publiés, et de ta carrière littéraire.
Je suis né en
1932 dans une famille bourgeoise francophone de Flandre Occidentale en
Belgique. Après des humanités gréco-latines en flamand, j’ai fait des études de
Droit à l’université de Louvain en français, ma langue maternelle. Maman était
française, mon grand-père paternel, wallon et ma grand-mère paternelle que je
n’ai pas connue, flamande. Je suis donc un belge bilingue. Mon père, un
self-made man, a dirigé une succursale d’une grande banque à Courtrai. Mon
enfance, la guerre 40-45, la personnalité dominante de mon père m’ont marqué
profondément. Bien que peu attiré par le
métier de banquier, je n’ai pas échappé à la volonté paternelle. C’est ainsi
que je suis devenu plus tard un homme de crédit aux entreprises d’assez bonne
qualité, après avoir fonctionné dans le département du personnel en tant que
maître de stage de futurs banquiers. On pourrait donc dire que je suis né dans
une banque. J’y ai vécu. J’y ai travaillé. Elle m’a permis de fonder une
famille. Aujourd’hui, j’ai 5 petits-enfants, et je me suis remarié avec une
ancienne collègue de ma banque.
J’ai toujours
beaucoup lu, dès mon enfance. Au collège (flamand), j’avais de bons
professeurs de langue et de
littérature, même en langue française. J’avais d’excellentes notes en rédaction
et en dissertation, tant néerlandaises que françaises. Je remplissais des
carnets, je tenais un journal intime. Á l’adolescence, l’amour ou ce que je
croyais en être, me dictait des poèmes. Au cours de fiançailles secrètes et interminables, j’ai abreuvé la
future mère de mes deux enfants, de centaines de lettres et de billets doux.
Tout cela est-il suffisant que pour devenir ou être écrivain ? Encore
aujourd’hui j’ai du mal à me considérer comme tel, je suis quelqu’un qui écrit,
qui s’exprime, qui s’épanche. Mais suis-je un écrivain véritable? J’ai publié
3 romans, suis-je pour autant romancier ?
La nature m’a peut-être doté d’une âme de poète. En tout cas, je n’ai
jamais arrêté d’écrire des textes poétiques, ce qui explique le nombre de mes
recueils (actuellement 10) J’écris
également des nouvelles, un genre d’écriture qui me plaît, mais suis-je nouvelliste ?
Aussi depuis que
je publie (15 livres en 16 ans, sans compter les participations à des ouvrages
collectifs et anthologies) j’évite de parler de carrière littéraire.
2/En quoi ton parcours de vie
personnelle/professionnelle et sociale a-t-il influencé ton écriture ? ta
réflexion ?
Ecrire, pour moi,
est une façon de conjurer mes démons, comme écrivait Bosco, de me libérer de
mes angoisses. Je suis un enfant de la guerre qui a connu l’exode de 1940, les
affres des bombardements alliés, une éducation ultra religieuse à l’origine
probablement de mes sentiments de culpabilité. Je pense que tout cela se
retrouve dans mes livres qui sans être autobiographiques reposent cependant
beaucoup sur mon vécu.
Ainsi, ma
profession m’a inspiré « L’arbre
des exécuteurs » et « La
transhumance des banquiers », un roman et un récit. Le récit se situe
également dans le contexte de l’invasion allemande de 1940.
Mon adolescence
et la guerre ont donné naissance à
« Boris et Boris »,
deuxième roman
« La
blessure de l’obsidienne », un troisième roman, raconte une brève
rencontre, au cours d’un voyage itinérant en Turquie de l’Est, qui annonce la fin d’un couple.
L’œuvre
de Jean Botquin
3/ En littérature, il existe plusieurs
types d’écrits. Tu as choisi la voix de la poésie. Pourquoi ? qu’est-ce
que cette forme d’art littéraire t’apporte, que ne le feraient les autres, de
type roman, nouvelle ? Il existe plusieurs formes, mais aussi plusieurs
types de poésie.
Dans les temps anciens, la poésie
était révérée, que ce soit au Moyen-Age, notamment au temps des Troubadours et
de l’amour courtois, à la Renaissace avec les humanistes, et des poètes tels
que Ronsard, Du Bellay, Louise Labbé ou plus récemment à l’époque classique et
même encore au 19° siècle avec entre autre Victor Hugo, Lamartine, Rimbaud et
Verlaine.
Or, depuis le début XX° siècle,
elle est manifestement en crise, ne trouvant plus le succès d’autrefois, ni son
lectorat, et ce alors même, que dans le même temps, elle s’est très
profondément enrichie, par la poésie d’autres cultures (haikus, par exemple),
ou parce qu’elle s’est elle-même révolutionnée (poésie libre, mouvement Dada,
…).
Quel est le type que tu
utilises ? Que te permet-il d’exprimer que ne permettent pas les autres
types et formes ?
Quel ton processus créatif qui
aboutit du frémissement de l’idée à l’élaboration d’un recueil ? Quelles sont
tes sources d’inspiration ? tes influences artistiques (poètes, auteurs,
etc…)
J’ai concrétisé
mon goût pour la nouvelle dans un recueil de 19 récits relativement courts
réunis sous le titre de « La
Gondole de l’Orient Express », On y retrouve mon penchant pour les
voyages, principalement dans le pourtour méditerranéen, mais aussi des amours
solaires ou ténébreuses, voire
interdites ou bizarres.
Je pense que la
femme occupe une place centrale dans « mon œuvre » comme dans ma vie.
Elle seule justifie la plupart de mes écrits. Sans elles je n’aurais peut-être
pas écrit. J’ai commencé par la placer très haut presque en dehors de la
réalité, Vierge inaccessible et pure à laquelle je rêvais durant mon
adolescence et que la vie a heureusement détrônée. Aimée à la folie, je l’ai
aussi détestée, parfois sans doute sans raison et à cause de ce que j’étais
(devenu) moi-même ou qu’elle m’avait
forcé à devenir en ne répondant pas à mes attentes. Moi qui suis profondément
pacifique, je ne puis affirmer que ma vie ait été un long fleuve tranquille
(cfr. mes
recueils « Le passeur d’un fleuve
trop court », « La
mer occitane » et « Le
Front Haut »). Mais à l’âge que j’ai atteint je ne regrette rien, ni
passions ni erreurs de parcours.
Certains ne
comprennent pas comment la profession que j’ai exercée (non pas vraiment
choisie) n’ait pas étouffé mon penchant pour la poésie. Je voudrais faire
remarquer d’abord que cette profession
m’a apporté le souci de la clarté et de la concision dans la rédaction de
rapports et de textes. Je suis persuadé que j’en ai tiré profit pour l’écriture
de textes en prose même romanesque. Mes études de droit ne sont pas étrangères
non plus à ce besoin de précision. L’œuvre poétique n’a pas été un choix
délibéré. Ce n’est qu’assez tard dans ma
vie que j’ai acquis une certaine aisance dans la création poétique libérée de
toute entrave, et, au départ, relativement débridée. Rigueur et lyrisme ne sont pas incompatibles.
J’ai voulu le démontrer dans mon avant-dernier recueil « Bréviaire d’un
quotidien » dont la première partie est consacré aux haïkus, tandis que la
seconde exprime un tumulte baroque de torrents poétiques, une espèce de transe
verbale proche du délire.
J’ai nourri mon
imaginaire d’adolescent avec des romans d’aventure, Jules Verne et les romans
scouts de la collection « Signe de Piste » illustré des dessins
fameux de Joubert. Plus tard, au cours de mes études secondaires, j’ai adoré
les livres d’Antoine de Saint Exupéry. En poésie, je ne possède aucune
formation de poésie classique. J’ai l’impression qu’à la base il y a une
sensibilité plus ou moins poétique s’alimentant de prose qui s’est progressivement décantée et
purifiée pour se muer du concret en
abstrait plus universel. Je reviendrai sur cette évolution.
Le désert me fait
rêver. Je suis amoureux des espaces désolés et solitaires. Empreinte de
Saint-Exupéry et de sa Citadelle ? Quel beau roman que
« Désert » de Le Clézio qui
m’a marqué à tout jamais. J’ai visité le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, la
Jordanie, la Turquie. Cela m’a inspiré « Triangles de la Nuit des temps », « Ténéré », certaines de mes nouvelles, quelques
haïkus.
Après la femme,
il y a donc la nature, la mer et le désert. .
C’est à
l’Université, en fréquentant le Cercle de littérature et ses revues littéraires
que j’ai commencé à mesurer l’indigence de mes débuts poétiques et à faire
quelques vagues projets d’écriture. J’y ai découvert Patrice de la Tour du Pin,
Supervielle, et publié mes premiers textes dont quelques nouvelles. Beaucoup
plus tard, durant ma vie professionnelle bancaire, ce fut Christian Bobin,
autre révélation. Il faut attendre la fin de ma carrière, à près de
soixante-cinq ans, avant que je n’entreprenne la publication du « Creux de l’Espoir » recueil de
poésie minimaliste qui augure de mes futurs haïkus, et cela après la sortie
d’un roman et d’un récit (voir plus haut). Ma publication de recueils de poésie
rend difficilement compte de l’évolution de mon écriture. Il faut oublier leur chronologie car des
manuscrits plus anciens sont parfois sortis après de manuscrits de facture plus
récente. Ceci s’explique par l’absence de publications pendant des dizaines
d’années alors que je continuais cependant à écrire. Beaucoup de textes sont
restés inachevés jusqu’au moment où je les ai pour ainsi dire exhumés et
rajeunis. Des mutations se sont ainsi opérées, par exemple du vers libre à la
prose poétique parfois bien plus appropriée. Ce fut le cas dans le recueil de
prose poétique « Le front
haut ».
« Elégie
pour un kaléidoscope », recueil de textes relativement anciens est
sorti en même temps que « La mer
occitane » qui a été écrit en une suite ininterrompue.
Vue de l’extérieur, ma production s’est donc un peu faite en dents de scie.
Autre
caractéristique, je suis un conteur en poésie. Certains recueils ressemblent à
des récits, de petits romans ou des nouvelles. Existerait-il une certaine unité
dans la diversité de mes écrits, entre ma prose et ma poésie ? Les
exégètes (éventuels) en décideront (plus tard ou après ma mort).
Je n’avais donc
pas de plan préétabli ni d’objectif particulier, me laissant mener par les
évènements et les opportunités d’édition.
Quand j’ai
découvert Pessoa, assez tard il est vrai, ce fut une véritable révélation qui
marqua, en tout premier lieu, l’écriture de certains textes de «Ténéré» et d’autres poèmes, dans la
suite.
Pour éclairer ce
propos, je reprends, ci-après ce que j’ai écrit par ailleurs sur le sensationnisme d’Alvaro Campos, un des
nombreux hétéronymes de Pessoa (voir post de mon
blog :jeanbotquin.blogspot.com fin 2011) :
« Pessoa
part de l’analyse des sensations pour appeler le langage qu’il charge de signification.
Quand on parle de sensations, il s’agit bien des cinq sens : la vue, le
toucher, l’ouïe, le goût et l’odorat avec des transferts modaux d’un sens à
l’autre, par exemple, la sensation de voir ou de percevoir à travers le sens de
l’ouïe ou du toucher. Ensuite, il intellectualise les sensations, il les fait
devenir abstraites. Ce travail consiste à rendre littéraire la réceptivité des
sens au moyen de la conscience. Véritable travail de laboratoire poétique
étudié par José Gil dans « Fernando Pessoa ou la métaphysique des sensations ».
La sensation est un phénomène concret propre à celui qui l’éprouve. Elle peut donner naissance à une émotion, au départ vide de sens et intransmissible à d’autres, si on ne lui fait pas subir une transformation intellectuelle qui la rend abstraite. Autrement dit, l’émotion personnelle doit se muer en émotion artistique par son intellectualisation. La prise de conscience de la sensation et de l’émotion qu’elle a provoquée conduit à donner une valeur esthétique aux mots et au langage. Prendre conscience de cette prise de conscience permet d’exprimer la ou les sensations.
En réalité, écrire un poème serait un moyen d’explorer et de rendre abstraites les sensations. Le fil de l’analyse des sensations correspondrait au thème poétique. Selon cette conception, le poème serait un métadiscours permanent. Le poète sent, se sent sentir, et l’exprime ; il voit, il se voit (il s’entend) voir et le dit.
C’est ainsi que l’art est la tentative de création d’une réalité totalement différente de notre réalité concrète. L’émotion pour gagner en relief doit être donnée comme une réalité abstraite. ».
La sensation est un phénomène concret propre à celui qui l’éprouve. Elle peut donner naissance à une émotion, au départ vide de sens et intransmissible à d’autres, si on ne lui fait pas subir une transformation intellectuelle qui la rend abstraite. Autrement dit, l’émotion personnelle doit se muer en émotion artistique par son intellectualisation. La prise de conscience de la sensation et de l’émotion qu’elle a provoquée conduit à donner une valeur esthétique aux mots et au langage. Prendre conscience de cette prise de conscience permet d’exprimer la ou les sensations.
En réalité, écrire un poème serait un moyen d’explorer et de rendre abstraites les sensations. Le fil de l’analyse des sensations correspondrait au thème poétique. Selon cette conception, le poème serait un métadiscours permanent. Le poète sent, se sent sentir, et l’exprime ; il voit, il se voit (il s’entend) voir et le dit.
C’est ainsi que l’art est la tentative de création d’une réalité totalement différente de notre réalité concrète. L’émotion pour gagner en relief doit être donnée comme une réalité abstraite. ».
Cette conception m’a permis de mieux comprendre les démarches de la poétique contemporaine considérées souvent comme hermétiques. Le temps de faire joli est révolu, laissons la rime aux rimailleurs, laissons-nous bercer par une musicalité nouvelle, la poésie n’a plus besoin de la musique comme Ronsard avait besoin du chant. Si la poésie a moins de succès (je ne suis d’ailleurs pas sûr que cela soit totalement vrai) c’est parce que le monde actuel manque d’intériorité et de spiritualité et compte peut-être trop peu de véritables poètes de qualité. Certes, il y a de nombreux efforts à déployer, on enseigne trop peu, on donne la préférence à ce qui distrait et par conséquent se vend bien, on va trop peu dans les écoles, ou plus simplement on n’a pas le temps ni le courage d’approfondir.
En 2009, je me
suis lancé dans l’écriture de haïkus et dans leur publication à Paris aux Éditions du Cygne. Deux recueils
parurent successivement « La
Chambre noire du calligraphe » et « Bréviaire d’un quotidien ». Le haïku (tercet de 5,7, 5
syllabes mais sans rimes) impose une rigueur qui force le poète à exaspérer
l’expression poétique pour la rendre plus fine et plus pure. C’est en quelque
sorte, une ascèse de la pensée et de la métaphore. Michel Joiret a dit de mes haïkus :
« En privilégiant « le
peu », le poète trouve, presque naturellement, les pièces d’une attitude
philosophique cohérente. Jamais anecdotique et cependant légère, l’écriture
glisse le long des points topiques de la pensée et retombe pour amorcer une
nouvelle séquence…
Mais la clef de la réussite…tient surtout à une
perception, presque miraculeuse, de l’instant, à ce moment tout à la fois léger
et précis qui isole l’instant du monde ».
4/ Peux-tu nous parler de ton
recueil « strates du souvenir », je te prie ? Je trouve très intéressante cette idée de
créer une anthologie de poèmes inédits et pourtant parfois très vieux, que l’on
imagine retrouvés au gré du hasard, de quelques rangements, et coins
poussiéreux.
Qu’est-ce qui t’a incité à faire
ce spicilège, retraçant au final toute une vie de poésie ?
Quels sont les thèmes abordés, et
pourquoi avoir choisis ceux-là ? Comment créer une unicité entre des
poèmes de dates, inspirations, … aussi divers ?
Et d’ailleurs, pourquoi un tel
titre ? Souvenir, mémoire, que cela représente-t-il à tes yeux ?
Comment transmettre aux jeunes générations ?
Parlons un peu,
pour être complet, du recueil le plus récent, paru également aux Éditions du
Cygne en avril 2012 « Strates du
souvenir ».
Il ne s’agit plus
de haïkus mais d’un recueil comprenant des poèmes beaucoup plus longs et de
quelques textes de prose d’origine et d’âge divers, unis dans une espèce de
quête à rebours : archéologie de la mémoire à travers les strates
superposées du souvenir, image d’une géologie de l’existence. Poèmes de
jeunesse mais aussi de maturité, non datés, issus d’un choix non exhaustif mais
représentant quelques aspects majeurs d’expérience de vie et de pensée
poétique de mon parcours littéraire. Je les ai rangés par thèmes, cinq au
total : poèmes du grenier (les
plus anciens), Maghreb (mon
inspiration d’Afrique du Nord parsemée de vertiges et parfums amoureux), poèmes minoens (souvenirs d’un voyage en
Crète), les jardins et les saisons (éden
de l’homme vieillissant), bestiaire pour
adultes qui n’ont pas grandi (poèmes et textes destinés aux enfants que
nous restons toute notre vie).
En publiant ce
petit livre peu ambitieux d’un peu plus de 100 pages je voulais marquer mon
passage à mes 80 ans.
C’est donc un
florilège incomplet mais quand-même relativement représentatif de mes diverses
inspirations.. Ce n'est pas à proprement parler une anthologie puisqu’il ne
comprend pas de textes de mes recueils antérieurs. Sortant d’une opération
chirurgicale, je ne savais que faire à la perspective d’un anniversaire
important que d’aucuns fêtent en grande pompe. J’ai choisi cet opuscule
nostalgique.
5/ Tu es un auteur francophone, non-français (Belgique). Or, la France
reste encore le LA de la littérature francophone, au détriment de l’apport d’autres
cultures en relevant (y compris à l’intérieur même du sérail français :
Bretagne, Caraïbes, Occitanie, …), et ce malgré le travail de l’Organisation
Internationale de la Francophonie (création par exemple du Prix Kadima des
langues africaines et créoles). Comment favoriser la diversité langagière et
culturelle de la francophonie ? Comment, toi, te ressens-tu et te
positionnes-tu au sein de la francophonie, justement ?
Les condisciples flamands de mon collège et
mes collègues flamands m’ont souvent demandé pourquoi je n’avais pas utilisé
leur langue pour m’exprimer. La réponse est simple, le flamand n’est pas ma
langue maternelle. De mère française je me sens toutefois plus belge que
français, pour un tas de raisons personnelles. Mes éditeurs sont principalement belges, même les
Éditions du Cygne de Paris qui viennent de m’éditer une troisième fois sont
dirigées par un belge d’origine
hongroise. Beaucoup de Belges francophones cherchent à se faire éditer en
France pour des raisons de notoriété ou des raisons commerciales et de
meilleure diffusion. Certains ont réussi, d’autres pas. J’ai été primé à des
concours littéraires en France comme d’autres francophones belges. Je n’ai
aucune hésitation à utiliser des tournures langagières belges qui sont une
(autre) richesse de notre culture. Je considère que la poésie belge est plus
progressiste que celle de nombreux poètes des provinces françaises encore
(trop) fort attachés aux formes
traditionnelles de la poésie classique. D’autre part, la Belgique francophone
est très ouverte aux littératures francophones. Mon éditeur belgo-parisien a
créé une collection de poésie de la francophonie. De nombreux francophones de
pays différents s’y côtoient. En Belgique, des associations régionales ou
nationales littéraires auxquelles j’adhère (A.E.B., A.R.E.A.W ….) sont très
actives et accomplissent même des efforts de soutien des littératures
dialectales (picardes par exemple…).
Personnellement
je n’éprouve pas de problème avec mon statut de poète belge face à la France et
sa culture. Je n’ai pas de complexe, dans ce domaine du moins.
6/ Nous allons maintenant parler un peu d’éthique
et de déontologie artistiques (c’est un sujet qui m’intéresse énormément en ce
moment).
Les artistes ont souvent soulevé
et engendré des polémiques, parfois positivement, comme les philosophes des
Lumières, mais aussi négativement si l’on repense à Louis Ferdinand Celine et
François Villon (auteurs) ou plus récemment Sexion d’assauts (musiciens et
rappeurs). Comment conçois-tu ton éthique d’écrivain ? Estimes-tu
d’ailleurs devoir en avoir une ? Ou que la liberté créative et
d’expression est supérieure à tout le reste et doit être sans limite, quitte à
choquer et aller parfois à l’encontre de la loi et de la morale et
empathie ?
Dernier point
peut-être avant de clôturer ce long entretien. Les questions du respect de la
vie privée surtout dans les pratiques de
certains journalistes en quête de scoops rémunérateurs me passionnent. Il en a
été beaucoup question les derniers temps en Belgique. Peut-on vraiment tout se
permettre sous prétexte du droit absolu à l’information ? Je ne le crois
pas. Il y a des limites à ne pas franchir et des règles de critique historique
à respecter. Trop de journaux sont remplis de ragots imbuvables, de
soi-disantes vérités non vérifiées. Il en est de même pour certains livres.
Quand l’auteur
dans ses écrits n’engage que lui-même sans s’attaquer à des personnes déterminées,
il fait ce qu’il veut, au risque de se
faire éventuellement du tort, c’est son affaire. Il n’y a pas de sujets tabous
à condition de ne pas porter atteinte à l’expression artistique et à l’élégance
du style. D’ailleurs ce qui est indécent pour moi ne l’est pas nécessairement
pour vous et inversement. Je me suis interrogé à ce sujet en examinant
l’opportunité de la publication de quelques nouvelles un peu hard dans mon
recueil « La Gondole de l’orient
express » ; Honni soit qui
mal y pense, je les ai publiées.
7/Où peut-on trouver tes livres ?
Où les acheter en Belgique, en France, et à l’étranger ?
Mes trois
dernières publications peuvent être commandées en ligne aux Éditions du Cygne,
Paris.
Il est plus
facile, pour les autres, de s’adresser à moi directement qui pratique de bonnes
réductions de prix couvrant largement les frais de port.
8/ Peux tu nous donner l’adresse
de ton blog (et tout lien) pour que l’on fasse plus ample connaissance avec ton
travail, et ton art ?
Adresse de mon blog
littéraire: http://jeanbotquin.blogspot.com
En mon nom ainsi que celui des
lecteurs, je te remercie beaucoup d’avoir accepté de participer à cette
interview.
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