dimanche 21 mars 2010

Les lettres ne battent plus des cils. Poème inédit.
















Les lettres ne battent plus des cils

Du haut des falaises
se précipitaient les derniers langages
dans le vide des questions
et leur évanescence

Les poètes portaient l’ombre
de leur couleur sur le visage
Les messages les éclaboussaient
d’écume
dont se déplumaient
les ailes d’anges

Ils tendaient des filets
au travers des vallées
afin de les piéger
comme des oisillons
tombant des nids inaccessibles
Ils ouvraient la bouche
et le creux des oreilles
abasourdies
pour leur sucer la moelle

Certains tentaient de boire
cette pluie étrangère
qui se mélangeait à leur salive
et formait une onde de paroles
incompréhensibles
Ils avaient perdu l’écoute des pétales
pétrifiés par la peur
Ils avaient désappris les moissons
Ils étaient muets dans la profondeur
où s’éteignent les signes de vie

Devant l’incertitude des vocabulaires
les astres avaient cessé de vibrer
Des lettres tourbillonnaient
telles des feuilles mortes
dans le vent
La scansion des mots
ne traduisait plus celle
des chants intérieurs
oubliés

Sur la terre de Babel
s’érigeaient des totems
aux allures de roses trémières monstrueuses
dont les bourgeons ne feraient
plus que se taire
Bientôt ils seraient remplacés
par des obélisques montrant du doigt
les hiéroglyphes imprononçables
sur lesquels leurs yeux aveugles
se décilleraient en vain

Devenues insensibles au toucher des langages
et au goût râpeux des syllabes
les papilles des poètes racleraient
l’ivoire des paroles jusqu’au sang
des gencives
Rien n’y faisait
Il était temps de se taire

Jadis la langue avait la saveur
du sexe de l’homme ou de la femme
Les mots étaient reconnaissables à leur odeur
Ils étaient fluides et denses
Leur peau s’imprégnait
dans les vibrations des cordes vocales
qui leur donnaient une sonorité
de guitare

Désormais les mots commenceraient à s’ignorer
Ils ne se regarderaient plus
Leurs yeux seraient exorbités
L’esprit convulsé devant la violence
des formes étrangères
alphabets cyrilliques
écritures coufiques
onomatopées syncopées
miaulements de cordes aux archets de papier


Dans leur nudité
les mots n’osaient plus se montrer
asexués dans leurs rêves
sans ivresse ni magie
déparfumés évaporés délétères
les mots dont les lettres ne battaient plus des cils

La chair de l’introït
au-dessous de la soie des apparences
ne dirait plus les pores des sensations antérieures
ni la simplicité des verbes
que dictaient les fossoyeurs d’orient
Tous les poètes s’étaient trompés de soleil
à l’ouest de leurs croyances
C’est ce que tous croyaient

L’absence de tous leurs sens surviendrait
Comme l’absinthe dans leurs veines
Les millénaires inutiles perdus dans le balbutiement
des langages apparaissaient comme des mystères
non élucidés
Ils avaient abouti
nulle part

Goutte à goutte les mots s’étaient perdus
sous les voûtes
à la quinconce des douves
ils se couvriraient de nénuphars géants
à l’orée des roseaux
les orchidées jaunes oublieraient leur nom
Les mots seraient comme pièces de monnaie
dans une urne qu’on ne viderait jamais
les mots se détruisaient d’eux-mêmes
volatiles insaisissables
dans des rayons de soleil
miroirs sans reflets
sourds devant la cécité des poètes

Avant
c’était il y a longtemps
de l’autre côté de la rive
avant de traverser le pont par lequel
ils osaient s’aventurer
loin
au-delà des mirages d’Afrique ou d’Asie
loin des frontières inviolables de l’Antarctique

Avant
c’était le temps où ils dansaient le soleil
derviches des étoiles tournant sur eux-mêmes
projetant la blancheur des mots
vers l’extérieur de toutes les mesures
mourant du néant
pères des équations impossibles
germinateurs du terreau des extrêmes
poussant les espoirs du dedans vers la lumière
sans craindre de l’obscurcir



Avant
Les poètes occultaient leur solitude
dans le ventre des femmes
telles des matrices soudaines où se réfugiait
les rires de l’angoisse
alors que leur sang se nourrissait de riz vert
comme des sorciers fusionnant les particules
de l’univers



Temps du désir
Aurore et crépuscule de dieux immortels
Aubes d’abstinence de la sagesse refoulée
par l’attente


Apprendre à se taire
Désapprendre les jambages de l’écriture
Fendre le regard
Briser l’écoute où palpite l’arrière goût
des gorgées trop pleines
Lécher la brillance dont l’odeur se répand
à l’intérieur du cœur
Toucher le fond du mystère avec des pinces de diamant

jean botquin

mardi 16 mars 2010

Les carnavals ne sont pas en crise.


Ce gille-là ne dansera pas l'année prochaine !
Ce n'est qu'un au revoir mes frères...










































Le cortège se dissout dans la nuit. Cependant les gilles de La Louvière - ici il s'agit des "Boute- en - train" - sont in-

fatigables. Au rythme des tambours et

des batteries qui fracassent les oreilles ils continueront à danser tant que la musique fera trembler l'air chargé des odeurs de la foire.
Le coin du "Drapeau blanc" a un petit parfum de Place Blanche. Pour nombre de Gilles, la nuit sera courte. Et demain, jusqu'au brûlage des bosses et les feux de Bengale, la transe ne fera qu'amplifier. Après, il faudra attendre l'an prochain...





Infatigables aussi , les souffleurs de cuivres et trompettes, sous le ciel louviérois.



Les tamboureurs en rang d'oignons ne cessent jamais leurs rythmes secs et les roulements nous font trépigner dans le jus d'oranges écrasées et la confiture de confettis.

Les chapeaux blancs ont l'air légers pour ceux qui ne les portent pas. Sous les bosses, les gilles cachent des dos qui se voûtent, au fur et à mesure que le temps passe.



Le rondeau s'est disloqué sur la place communale.


























L'oeil du photographe Guy de Viron, du haut de son ballon d'hélium, capte le rondeau tonitruant. Les photos viendront illustrer le "Laetare louviérois" à paraïtre d'ici la fin de l'année. Voir déjà le site internet http:www.vue aerienne.be.




















Qui a volé l'orange, l'orange du marchand ?











lundi 15 mars 2010

Une faim de Louve de Loïse Lavallée

Extrait d'un livre de poèmes venant du grande Nord.

J'attise le feu
pour plus tard
je sais que tu reviendras

le nourris de souvenirs flétris
cassants rameaux d'olivier
souffle sur la flamme assoupie
de sa braise étoilée
nostalgie têtue, rêves endormis
combustion lente de l'oubli.

J'attise le feu
pour plus tard
je sais que tu reviendras

ramasse les os du passé
rupture d'équilibre
pleure leurs fractures
les frotte jusqu'à ce qu'ils brillent
que notre squelette épuisé
se remette à danser.

J'attise le feu
pour plus tard
je sais que tu reviendras

plante la vivace
de mon sexe excisé
jambes béantes
sur la terre mouillée
dans la richesse du terreau
humus aux vapeurs d'eau.

J'attise le feu
pour plus tard
je sais que tu reviendras

contourne les lois
méprise les conventions
recrée l'homme
qui se penchera sur moi
dessinera les formes
au présent recomposé.

J'attise le feu
pour plus tard
je sais que tu reviendras

je scrute l'horizon
depuis longtemps déjà
rentre à la maison
je te raconterai une histoire
que tu ne croiras pas.


Loïse Lavallée.

lundi 8 mars 2010

Incursions à la Foire du Livre de Bruxelles 2010

Avec Loïse, pendant que je lui dédicace un livre.
Il y avait moins de monde chez moi que chez Amélie Nothomb, ça ne vous étonnera sans doute pas.

Chez Loïse Lavallée et Guy Jean , nos amis du Outaouais (Quebec).



Benoît Coppée, écrivain et Administrateur de la Sabam, présente Viktor Lazlo et Patrick Lowie.










MALIKA









Un débat très colloré autour de trois auteurs et de trois romans "érotiques" très différents. Christian Libens connaît bien le sujet. Il vient, lui aussi, de publier un livre sous l'enseigne d'Eros.

Le personnage du milieu est Luc Dellisse, romancier, nouvelliste et professeur de scénarios à la Sorbonne.




Huguette de Broqueville (personnage féminin de gauche) est présidente du Pen Club de Belgique et du Comité des écrivains emprisonnés pour délit d'opinion. Elle est également journaliste, nouvelliste et romancière.



Malika Madi (à droite de Luc Dellisse) est romancière, essayiste, scénariste, conférencière et animatrice d'ateliers d'écriture. Voir aussi autres informations dans mon blog (janvier 2010) notamment au sujet de "Chamsa,fille du soleil".

L'orientalisme du 19ième aux Arts et Métiers de La Louvière

Mousta Largo et son ensemble
marocain.


Serge Hustache présente l'exposition littéraire sur l'Orient des grands écrivains français du 19ième siècle: Loti, Maupassant, Chateaubriand, Nerval, Flaubert, Renand, etc... Mardi 23 février 2010
Un public attentif
et passionné




Des panneaux didactiques très bien conçus
Malika Madi y a également présenté son nouveau roman Chamsa, fille du soleil, le vendredi 26 février.