mardi 29 novembre 2011

Poème surréaliste


Dans le Jardin
Les potirons roulent
 oranges
au bord de la route
Quand vont-ils arrêter
leur ronde nostalgie ?
+
Le saule se pare
d'une chevelure blanchie
par le temps
+
Sur la pelouse
quelques feuilles recroquevillées
font la nique aux escargots
+
Le pommier a perdu ses fleurs
de mariée
et les pommes n’ont pas raté
leur rendez-vous
avec l'automne
+
Jamais je n'aurais cru
que la femme au gui l'an neuf
viendrait sonner à ma porte en plein été
+
Le vent ébouriffe le cèdre
qui perd ses aiguilles
et chasse les deux pies
vers leur promenade déhanchée
dans le chemin bordé de buis
sous ma fenêtre grand ouverte
+
Quand s’embrume ma tête
j’embrasse les thuyas
alignés sur le cordeau
qui longe la rue d’en bas
et je leur dis
d’aller se promener
pour se distraire
+
La mort de l’if
a plu au magnolia
à l’ombre du prunus
et j’ai vu les arbres du voisin
avant de regarder les ongles
de mes pieds nus dans mes sandales
de jardin
+
Les hortensias
de bleus sont violets
dès l’instant où l’été se fane
au  crépuscule du quartier
+
Les merles crachent les noyaux de cerises
sous les moustaches
grises
des cinq chats blancs
Avec quoi vont-ils payer
leur noire impertinence
+
Le squelette de l’azalée
se blottit sous le rhodo
encore en fleurs
au cœur de l’hiver
+
Les genêts n’ont plus d’oreilles jaunes
le vent méchant les a arrachées
d’un coup de dent
+
 Sous mes pieds nus
l’herbe ploie
et se  déploie
au rythme de mes pas
+
Je me déshabille vers midi
quand le soleil tourne
tel un fou
sous l’œil curieux de ma voisine
qu’a jamais vu un vieil hibou
sans plumes
+
 Jean Botquin

dimanche 27 novembre 2011

Souvenir d'un Adieu

L'adieu

Maman sur ton lit de départ,

les mains jointes dans ta robe noire

parsemée d'oiseaux blancs en migration vers l'inconnu, vers la grande question, Maman,

vers l'unique question, Maman d'amour

qui nous quitte, déjà, pendant que la pluie tombe sur les vitres d'automne de ta chambre dernière où ton souffle s'est éteint, Maman du silence,

du grand silence d'où ton amour nous parle encore, nous parlera toujours ...

Voilà que toi aussi tu as fait le pas, Maman

Tu nous laisses cette image légère d'un corps endormi. Tu n'attends plus rien, tout est accompli,

ta vie tu l'as bien traversée.

Tu aurais eu le temps de faire

le tour du monde plusieurs fois.

Car ton chemin a été long comme un chemin qui ne voulait pas te quitter et qui te menait dans toujours plus d'obscurité vers la clarté.

Oui, nous pleurons, Maman, Maman du silence parce que nos larmes continuent

à nous faire tout le bien que tu nous a toujours fait, avec toute la tendresse que tu nous a toujours donnée, petite Maman de l'éternité.

Jean Botquin 

En ces temps moroses un bouquet de roses. Poème de Jean Botquin


Il suffit d'une rose

pour que s'ouvre la grille du jardin

Avec deux roses

j'ai un parc embaumé

aux odeurs de miel

un parc dans un biflore de cristal où scintillent deux levers de soleil

Avec trois roses

c'est l'éden où je me promène habillé de rêves

quand je renais comme une source de cristal rose

Avec quatre roses

c'est la rose des vents

s'éparpillent les pétales des saisons

Avec cinq roses

je me transforme en rosier couvert de rosée

et de perles

Avec six roses

je rebois le nectar des dieux et m'enivre de leurs couleurs

A quand donc la rose bleue

du visage de tes yeux                                                              


vendredi 25 novembre 2011

Un paquet. Ficelé. Brève de Jean Botquin.

Il défit les nœuds et l'ouvrit.
A l'intérieur, une poupée emmaillotée, à peine
reconnaissable dans la bande qui la serrait à la manière d'une momie, morte
visiblement car toute vie est impossible dans un tel corset. Une poupée morte ? Façon de parler,
bien entendu, les poupées ne meurent jamais, en vérité. En vérité ? Quelle vérité? Il soupira.
On n'est jamais sûr de rien. En dessous, la poupée était nue. Cela se voyait aux pieds et aux mains
qui dépassaient du bandage. La tête, le visage, les petites oreilles, les cheveux émergeaient aussi avec un air d'étouffer. La déshabiller ? Pour voir quoi ?
Pour comprendre, pour découvrir la vérité ? Toute le monde sait que la vérité est nue, c'est en dessous que les choses ne sont pas claires, qu'apparaissent les mensonges, les vilenies, les méchancetés les plus crues, les plus vraies. Il ne s'agissait d'ailleurs pas de la déshabiller puisqu'elle était nue, mais de la désenrouler de sa bande pour lui permettre de respirer, lui déployer les poumons comme à la naissance après une apnée de neuf mois. En quelque sorte, la libérer. Elle ouvrirait les
yeux, se mettrait à parler, pour autant qu'une poupée puisse parler, cela va sans dire.

Alors, il commença, avec infiniment de précautions, à défaire le bandage comme une infirmière, en l'enroulant à nouveau, prêt à être réutilisé. Une tache apparut, rouge-brun, et, au tour suivant se fit plus grande, toujours plus à chaque tour, jusqu'au moment où elle atteignit toute la surface du petit torse qui depuis longtemps avait cessé de respirer.

samedi 19 novembre 2011

Rencontre du Cercle de la Rotonde, le vendredi 16 décembre à 18h


Rencontre du Cercle de la Rotonde, le
vendredi 16 décembre à 18h,
en partenariat avec la Bibliothèque de
Tournai (Auditorium, Maison de la Culture)

Entretiens et lectures avec

Dominique Aguessy, Jean Botquin, Dominique
Sorrente et Sandrine Willems

Animation : Marie-Clotilde Roose

A la veille de Noël : de la poésie, des nouvelles,
des récits et un essai


Dominique Aguessy : Originaire du Bénin, ayant étudié au Sénégal et à Oxford, cette sociologue
et consultante a élu domicile à Bruxelles, où elle a travaillé pour des
institutions internationales, tout en voyageant et publiant de nombreux
ouvrages. Parmi ceux-ci, des essais
consacrés aux littératures et traditions orales en Afrique de
l’Ouest, trois d’entre eux chez L’Harmattan et le plus récent, L’oracle du hibou aux éditions de Maisonneuve
et Larose. De son parcours syndical,
elle rédigé Pouvoir et démocratie à
l’épreuve du syndicalisme,
paru aux éditions de l’UNESCO, traitant des dérives du pouvoir politique et de
l’instrumentalisation du religieux. Le CIRTEF (Conseil international des radios
et télévisons francophones) a réalisé récemment une émission à son sujet sur
TV5monde. Membre actif de plusieurs
associations littéraires, elle a participé à nombre d’anthologies, et publié cinq
recueils de poèmes, parmi lesquels La soif
des oasis et Tant de chemins ouverts (Les éd. du
Cygne). « Dominique Aguessy écrit
depuis toujours pour dénoncer l’injustice, crier contre la misère, faire
reculer la barbarie, donner espoir à ceux qui souffrent de la faim et de la
tyrannie », témoigne Sylvestre Clancier à son propos. Sa poésie comme ses essais sont empreints du
souci de l’autre, passant des constats lucides de dérives abîmant l’homme, au
rappel des désirs profonds qui l’habitent, pour « étancher sa soif »
: « devenir cette joie / qui appelle en secret ».

Jean Botquin : Venu de Flandre
occidentale, cet auteur vit en Wallonie depuis plus de vingt ans, d’où il
rayonne, entre écriture et voyages.
Depuis 1995, il publie chaque année, à la suite de son roman L’arbre
des Exécuteurs (Prix G. Flaubert, Ed. Claude Dejaie), en passant par
des recueils de nouvelles, comme La Gondole de l’Orient Express
(Memory Press), et de poésie, dont le dernier, Bréviaire d’un quotidien,
est paru aux éditions du Cygne. Si
certains s’inspirent de la forme courte des haïkus, comme l’observation
amusée de cette « Fourmi qui court/ Sur ma page, emprunte/ Les passages
piétons », d’autres, en vers libres, déploient leurs pensées de manière
plus narrative. Jean Botquin est un
excellent conteur, dont les nouvelles citées (saluées de prix en Belgique et
France), sont gonflées de soleil, d’exotisme, fantaisie et sensualité. L’écrivain fait voyager le lecteur à travers
nombreux pays et villes, de l’Antiquité à aujourd’hui, de la Belgique à l’Orient,
mais aussi dans le registre fantastique, comme dans « Le parfum
redoutable ». L’érotisme s’y
conjugue avec bonne humeur, imagination et surprises ; « Le baiser de
la mouche » témoigne d’une sensorialité de plume aigüe…

Dominique Sorrente : En résidence d’écriture à Amay, ce poète français, qui vient d’être frappé
par une tragédie familiale, poursuit son chemin et le dédie à son épouse,
Patricia Le Roux, trop tôt disparue. Le
blog de son association en témoigne (www.scriptorium-marseille.fr/),
et livre quelques poèmes, lui faisant écho : Sur les barres de fer du
futur, / de ses pieds libres et soulagés, elle danse. / Parfois elle s’amuse /
à ne plus du tout parler sur nos lèvres. / Avec le quotidien / qu’elle sculpte
en son corps, / elle fait silence. (La terre accoisée). Auteur d’une vingtaine de recueils et
anthologies, son œuvre, maintes fois récompensée, (Prix Antonin Artaud pour Petite
suite des heures chez Cheyne ; Luc Berimont pour Une
route au milieu de la nuit, Froissart,…), a été rassemblée dans une
anthologie Pays sous les continents (1978-2008, éd. MLD), recevant le prix
Georges Perros 2011. Professeur en
Culture et Sciences humaines, il se fait passeur de poésie à tous niveaux,
explorant ses liens tissés avec d’autres disciplines (psychanalyse, musique,
arts visuels…), participant à des revues (Avalanche, Sud, Archers) partageant
l’expérience de « la coïncidence » poétique en différents modes d’écriture,
dans son groupe Scriptorium, à Marseille.

Sandrine Willems : Installée dans le sud de la France depuis une décennie, cet écrivain
belge, philosophe (thèse sur Nietzsche et Bataille), est devenue psychologue
clinicienne, avec l’intention de travailler sur les liens entre l’humain et
l’animal, dans des thérapies accompagnées par des animaux. Elle vient de publier un splendide essai au
Seuil, L’animal à l’âme, titre dont résonne le terme latin anima (souffle, âme), puisque l’animal
est considéré peu à peu, grâce aux progrès de l’éthologie, aux réflexions de la
philosophie et de la psychanalyse, comme un quasi-sujet, le « quasi »
soulignant cette part manquant à la communication par un langage humain, qui
peut-être autorise une autre part, surabondant dans le partage inconscient. Rigoureusement construit, savamment
documenté, cet essai est surtout admirable par l’empathie (dont Husserl avait
souligné l’importance) que Sandrine Willems revendique comme approche
indispensable pour comprendre aussi bien les animaux que les humains, dont la
souffrance est parfois également « indicible ». La relation à l’animal, engageant un dialogue
particulier, permet une authenticité plus proche du corps archaïque, libérant
un souffle vital favorable à l’esprit.
Son but est de créer un lieu de vie, un espace thérapeutique qui
autorise « une différenciation où chacun peut se créer sa place de
sujet ». Passant de récits où la
place des animaux était déjà bien présente (Les petits dieux), à des
romans psychologiques assez sombres (Le roman dans les ronces, À l’espère,
Eros
en son absence) parus chez Les Impressions nouvelles, l’auteure y
accomplit un don de soi, subtil et lumineux.

Marie-Clotilde Roose©

Lieu de la
rencontre :

BIBLIOTHEQUE DE TOURNAI (Auditorium)
Maison de la Culture, Boulevard des Frères Rimbaut, 7500 Tournai.

Infos :

Le Cercle de la Rotonde, 8 rue du Touquet, B-7522 Blandain.
Tel/fax : 069.23.68.93 rotonde@scarlet.be
Site : www.lecercledelarotonde.be


Entrée libre.
Avec l’aide du Ministère
de la Communauté française de Belgique.

jeudi 17 novembre 2011

Poème d'un bestiaire enfantin (7)


Girafe

Triste à mourir
sur ses échasses

Zèbre raté
ça pas marché

Cou de bambou
si ridicule

Pas à la hauteur
la terre trop basse

Plus bas derrière
que par devant

Toute de travers
la tête en l’air

La queue
en floche

L’air ennuyé
d’une Madame

qui s’est trompée
de couturier


Jean Botquin


mercredi 16 novembre 2011

Poèmes d'un bestiaire enfantin (6)


Okapi

Au regard prisonnier
Du songe des savanes
Tu frappes la terre
D’un sabot impatient

Fâché comme une tempête
tu es
sot comme un nuage
vif dans l’orage
rayé de tes zébrures
très fâché
car
on t’a pris pour un cheval

Un cheval à trois voyelles
Un O comme l’oracle
De l’homme-enfant
Qui sait tout
Un A
comme l’ardeur
De la fournaise
Un I comme l’ivresse
Du temps qui presse
Sous tes sabots

O.K. t’es quoi
Antilope ou girafe
Ou pis encore
Okapi
Qui galope
Comme un zèbre
Ou un enfant
de cheval
qui n’a pas besoin
de savoir où il va
et
qui court comme si c’était
O.K.
Pis ici que là-bas



Jean Botquin

lundi 14 novembre 2011

Poème d'un bestiaire enfantin (5)




Otarie

Fuseau Cerceau
Obus fusant
Torpille électrique
Fusée ironique
Otarie métallique

Tête ronde Tête folle
Virevoltes aquatiques

Otarie amerrie

Otarie mi-poisson mi-ballon mi-baleine
Cul-de-jatte
Manchot des îles pacifiques
Pinnipède en queue d’hirondelle
Huissier austral
En redingote de folie

Otarie atterrie


Jean Botquin


vendredi 11 novembre 2011

Poème d'un bestiaire enfantin (4)


Poème d’un bestiaire enfantin (4)



Je suis ronde

Et je roule

Sur mes petits escarpins



Je suis lente    je n’avance

Qu’avec mille précautions

Je me dandine et je tangue

Avec élégance et silence



Mettez-vous à ma place

Comment voulez-vous que je fasse

Je suis pleine de contradictions



Mon cerveau de dé à coudre

Et mes pattes de poisson

Font glisser ma carapace

Dans les herbes qui s’écartent

Et s’étonnent oui s’étonnent

Que je ne suis encore que là

Où hier j’étais déjà



On me dit si lymphatique

Ma lenteur est philosophique

Quand je meurs c’est de vieillesse

J’atteins facilement les cent ans

Si un rapace ne m’écrase avant



Mes ancêtres nageaient dans l’eau

La mer m’a rejetée

J’ai changé de godillots

Mais gardé ma maison sur le dos



Savez-vous donc qui je suis

La tortue bien entendu

  Jean Botquin

mardi 8 novembre 2011

Création. Inédit de Jean Botquin


Création
Exprimer la pluie

Qui amène des âmes abusées

La poésie latente

Vers les ruisseaux

Où s’amoncellent

D’inutiles présages



Sentir sourdre en soi

D’obscurs appels

De sombres soleils

Des saisons

Et ne rien savoir en dire

Que cette création

Insolite

Ce poème fermé

À mon cœur

Comme au sien



Attendre

Attendre l’usure du temps

Et des espaces

Attendre les résonances

Anciennes

Qui s’espacent

Dans nos mémoires

Et sur les degrés de nos sourires



Écrire ce qui nous échappe

Ce qui au tréfonds

De l’indicible

S’assemble

À en faire craquer l’écorce

Le noyau et la pulpe du fruit

Comme l’enfant qui naît au jour

Depuis la nuit

Et qui ne ressemble

À rien

De ce qu’on aurait

Voulu

Qu’il soit

Enfin



Jean Botquin

Poème d'un bestiaire enfantin (3) J.B.


Singe

Singe en haut
Singe en bas
Pas la peine de chercher
Le singe
Il n’est plus là
Où il était
Là-haut
Ou là-bas

Savant
Espiègle
Timide
Endormi
Ou déluré
Assis
Pendu
Ou étendu
Voltigeant
Au bout de sa queue
Au bout de sa cage
Volage et tapageur
Querelleur
Et voleur

Habile
Et maladroit
Triste
Et gai à la fois
Curieux
Primesautier
Envieux

Ressort
Et mouvement permanent
Balancier perpétuel
Et rictus très marrant
Où es-tu
Devant derrière
En dessous
Par-dessus

Quatre-main d’imprévus
Et cascades de bévues
Danseur d’énigmes
De quel monde es-tu
Bandar-log velu

samedi 5 novembre 2011

Poème d'un bestiaire enfantin (2)


Le hibou


Le hibou de Pallas Athènes
A perdu son Acropole
De l’épaule de l’omniscience
Il est tombé chez Satan et
Sa représentante sur terre
La servante de Lucifer


Aurais-tu croqué la pomme
Comme Adam ? Ça m’étonne
D’habitude c’est la charogne
Qui fait les délices de tes festins


Bec et griffes de maléfices
Avec ton habit de nuit et
Tes aigrettes de coquette
T’as vraiment l’air
D’une chouette
Dont le cri hulule
Dans la détresse des sous-bois


Qu’on t’appelle chat-huant
Duc hulotte
ou hibou
Tu n’es jamais qu’un avatar
De la tribu des noctambules
Qui hantent les nuits sans lune
Et nos insomnies nocturnes


Ouvre donc tes oreilles
Sans écarquiller tes mirettes
Tu apprendras que d’Athènes
En Attique à Thèbes en Béotie
Il n’y a qu’un seul coup d’aile
Que bien vite tu as franchi




J.B.











vendredi 4 novembre 2011

Poèmes d'un bestiaire enfantin


Poèmes d’un bestiaire enfantin

Chat

Félin
Pattes de velours
Amandes vertes
Courtoisie feutrée

Glissant
Bonds bondissants
Valsant
De meuble en meuble

Au rond dos

Rondeau
Ronflant
Près du feu

Pelage fauve
Chaton sage
Idée fixe
Au bout des griffes

Boule chaude
Sur chaussons
Etincelles
De sournoisie
Caprices
D’insomnie

Sot ballet
A quatre pattes
Autour et à l’entour
D’un jeu
Autour du feu

Chat
Sabbat
A petits pas

J.B.

jeudi 3 novembre 2011

Novembre. Deux haïkus de Jean Botquin.

Tapis de feuilles
Sous le noyer qui embaume
Parfum ocre d'automne
+
Avant de mourir
Les feuilles rougissent
D'une joie silencieuse

mardi 1 novembre 2011

Rari nantes in gurgite vasto. Poème inédit de J.B.


Rari nantes in gurgite vasto

Autour de moi
Le mur de l’océan
Et la vague sous la tempête
Qui se soulève glaciale
Avant que je n’atteigne
Le bord extrême de moi-même
Le vent bleu de l’écume
Engloutit mes cris et mes rires
De sirène travestie

Je me soulève aussi
Gonflé par le vent d’Est
Sur les ailes de l’éther
Vidé de mes entrailles
Fétu de paille
Image tournoyante
D’un songe en clepsydre

Sombre nuit éclairée
D’un hiver antarctique
Le temps immobile
Reprend la marche du mort
Qui a perdu l’habitude
De renaître dans l’incertain

Une fois de plus
Le fleuve me convie
Les montagnes sombrent
Dans le songe rongé
Par d’autres rêves
Les marches abruptes
Me fatiguent dans un au-delà
Que j’invente seul
Pour combattre ma peur

Jean Botquin 1 novembre 2011