Avant-propos
Au risque d’être qualifié d’haïkuiste - à la manière de cruciverbiste ou de sudokiste, ces pratiquants
de jeux intellectuels qui servent généralement à tuer le temps- je continue à
produire, à côté d’une création moins codifiée, d’improbables haïkus, souvent
au départ d’instantanés photographiques que je récolte au cours de mes promenades dans le Hainaut avec des amis
marcheurs dont je suis le doyen ou seul avec ma femme lors de nos voyages.
Le présent livret en réunit
deux cents, tous postérieurs aux
recueils de textes brefs précédents La
chambre noire du calligraphe et Bréviaire
d’un quotidien.
Je les ai classés en dix-huit
séquences de longueur différente qui comprennent des tercets relativement
indépendants les uns des autres bien qu’ils soient reliés par la pensée ou par
un lieu ou une région parcourue par l’observation et la contemplation.
On le sait, la poésie
japonaise observe des règles relativement complexes qui ne se limitent pas à un
nombre de syllabes (dix-sept). Vouloir respecter toutes ces règles est
impossible car elles tiennent au génie d’une langue orientale, à la philosophie
de ceux qui la pratiquent, leur sens religieux, et leur conception de la vie et
de la mort. D’autre part la langue française a d’autres qualités qu’il convient
de ne pas négliger.
Aussi je ne retiens dans
l’écriture de textes brefs que ce qui lui donne sa force évocatrice, sa
densité, son caractère suggestif et allusif. L’ascèse de l’économie verbale, de
la musicalité et de la simplicité conduit, il me semble, à une extériorisation riche de ce qu’est notre essence même.
Je me suis évertué dans les
titres de mes séquences à exprimer le caractère instantané de mes tercets. Ce
sont en quelque sorte des synonymes ou des essais de définition de mes haïkus
dont je ne voulais citer le nom.