jeudi 20 novembre 2008

Thème pour une gare - A Paul Delvaux



Sur le quai désert un homme attend
immobile
Le train
on ne sait lequel
débouche du lointain
lentement comme s'il avait le temps

Aux fenêtres du convoi
mille visages interrogent le silence des quais

L'homme regarde le train qui passe et n'en finit
pas de passer
Oui mille visages de cire et de verre
un seul sourire peut-être capté dans un miroir
un seul probablement

Le train passe et c'est la dernière voiture d'acier
vert
que l'homme peut encore entendre glisser sans
bruit
sur le rail dont on ne sait quel lointain voyage

Et l'homme se noie dans la fin du cortège
des visages de glace qui se pressent comme des
mannequins nus
dans les vitrines d'un grand magasin de la place

Et l'homme pense mais pourquoi ne s'arrête-t-il
pas
tandis qu'il roule un peu plus vite vers la frontière
de la ville

Maintenant il se dresse, l'homme avec à ses pieds
la rose triste
qu'un main inconnue a sans doute jetée sur le
quai
au passage du train qui ne s'arrêtait pas

Il la regarde sans la voir
lui tourne le dos en haussant les épaules
et s'en va car elle ne reviendra plus

Le dernier train a disparu de la gare
inutile désormais


Ce texte publié en mai 2002 dans "Elégie pour un kaléidoscope" a été adressé à Paul Delvaux qui, en remerciement, m'a envoyé une carte postale signée de "la gare forestière".

1 commentaire:

Cristina a dit…

J'aime Paul delvaux et les mots de jean, pour lui rendre un si bel hommage!
Très bonne fin de semaine, Jean.
J'ai eu la chance de rencontrer, Paul delvaux, dans son musée à Saint Idesbald et d'avoir également une carte dédicacée!