mardi 29 octobre 2013

Le torrent

Le torrent de montagne
s'étalait sur la plage

Nous n'étions
que deux à savoir
qu'il se glissait froid
dans le lit de la mer
pour mourir de plaisir
et revivre

JB in "La mer Occitane" p.41

lundi 28 octobre 2013

Les étoiles noires

Les étoiles noires

Hémisphère du soir
Aux horizons purpurins
Dans l’impasse des gorges

Deuil piqué d’étoiles noires
Au centre des galaxies
Et des miroirs placés à l’entrée des rêves de lassitude

Mort certaine et incertaine
Quand le temps s’arrête au bord de lui-même
Sur une planète abandonnée

Toupies nous tournons sur nous-mêmes
Pendus dans le vide béant
Nous ne nous nourrirons plus du sang des vierges

Quelques vieillards sans âge
Se dessèchent dans l’obscur trépas
Dès l’aube inattendue

J.B.

samedi 26 octobre 2013

UN PROFIL A BRUGES

Profil découpé
Ombre chinoise sous un chapeau-
Le vieil homme s'en va

J.B. à Bruges - profil au ciseau de Krudekovsky, peintre tchèque (juillet 2013)

vendredi 25 octobre 2013

Je n'avais pas 14 ans...

Je n'avais pas 14 ans ! Scout au chapeau cabossé. Quel chemin parcouru depuis.
Les panneaux solaires font courir les compteurs d'électricité en arrière. Dans la vie, seule la mémoire du passé nous permet un tant soit peu de revivre les instants bénis.

mercredi 23 octobre 2013

OMBRES SUR LA PLAGE

Une ombre tente l'envol
Quand deux ombres s'épousent
Sur un lit de sable

J.B.

dimanche 20 octobre 2013

L'incertitude.

Il est vrai que l'incertitude était grande
comme une barque de pêcheur
qui ne sait où aller
Elle était comme un corps
qui n'a jamais rien décidé
être narcisse l'un par l'autre reflété
être l'autre qui part à la dérive dans le soir
et qui se perd dans les marais
où les oiseaux nous quittent
à l'abandon d'un désespoir
être l'autre dans la clémence lointaine
et l'incertitude de tout et de rien
être l'autre comme si
c'était possible d'être l'autre
alors que le murmure de soi
est moins que rien
être l'autre je crois
sur une barque de pêcheur
aussi incertaine que l'oiseau
sous ma paupière
qui refuse son fruit
comme le mien

J.B in "La mer occitane" p.19 Photo d'une barque au village des pêcheurs de Port-Barcares Languedoc- Roussillon

Une sculpture de Maillol

Par toi
je suis entré
dans toutes les femmes de Maillol
obsession verticale de l'omniprésence
qu'encercle la densité
du volume 
de tes formes

J.B. in "La mer occitane" p 37 une sculpture de Maillol à Perpignan

LES FLOTS LAGUNAIRES

Les flots lagunaires
Filent sous les vents d'automne
Le long des lidos

J.B. Lagune de Leucate- Languedoc Roussillon 2013

Bivouac

Un matin, je m'étais réveillé avec le souffle du désert dans les oreilles. Avais-je oublié d'ôter mes boules Quiès ? Je les enfonce toujours profondément afin d'assourdir les bruits de la ville; à travers la cire, ils se transforment en bruits agréables, de mer ou de brises, en froissement de palmes, en crissement de pieds de berbère dans le sable lorsqu'il sort de sa tente de nomade. Entendre ou imaginer — au-delà de ces bruits atténués, filtrés — la pluie de sable sur les hammadas gonflée par le chergui, galopant depuis les longues collines des ergs orientaux, l'éclatement d'une roche gorgée de gel nocturne, la fuite feutrée d'un rongeur dans les herbes d'alfa ou dans les armoises, le glissement soyeux d'un poisson de sable en chasse nocturne, où est la différence ?
Nous n'étions pas en ville. Nous bivouaquions, en attente du lever du soleil, emmitouflés dans nos sacs de couchage, sous les étoiles qui commençaient de pâlir, au-dessus des dunes.

J'ai ouvert les yeux. Tu dormais encore, mon amour. La petite caravane de dromadaires s'approchait avec le bruit sourd de leurs larges sabots dans le sable et le balancement de leur marche chaloupée. Elle se découpait déjà sur la nuit finissante. Le vent soufflait un peu et remuait le sable qui nous piquait le visage et nous desséchait les lèvres. La caravane s'allongea à côté du squelette d'un acacia et se mit à mâchonner avec de longs soupirs et des rouspétances à peine retenues. Quand une des bêtes blatéra, d'abord faiblement puis avec plus d'impatience, le guide vint nous effleurer de sa robe bleue. Il était temps d'enfourcher les vaisseaux du désert et de gravir les premières dunes qui nous offriraient bientôt les couleurs les plus inattendues, les roses, les ocres, les neiges et les cristaux les plus fabuleux.
J.B. in « Ténéré » Editions Memor



Photo : « J’ai passé la nuit chez mon ami Bilal dans la vallée du Ziz .Le matin , il est déjà l’heure de reprendre la route, direction le désert et les dunes de l’Erg Chebbi.Je dois être à Merzouga juste avant le coucher de soleil, lorsque les dunes majestueuses de l’Erg s’offrent encore à perte de vue . Le spectacle est fabuleux, sensationnel. Et le reste est à suivre à la prochaine étape » 
[ Mohamed El Jerroudii]



lundi 14 octobre 2013

Le banc de Blaton

Un banc déserté
Dans le parc m'invite des yeux-
Solitaire je vais

J.B. à Blaton

Le miroir des arbres

Voie d'eau silencieuse
Immobile et endormie
Miroir des arbres

J.B. à Blaton

mercredi 9 octobre 2013

Roussillon, la nuit.

Peut-être la nuit
les volets battant sur le vent des étoiles
et la neige noire brûlée par endroit
un quart de lune reflétée
dans tes yeux ouverts
alors que ton regard semble dormir
mais l'errance nous attend
beaucoup plus loin
dans l'espace d'un cauchemar
qui nous rapproche

Et
s'effeuillent nos souffles
aux prémisses de l'aube
ou se meuvent
le pourpre et l'iris de la peur
qui me fait prendre ta main
...
J.B. extraits de "La mer occitane" p.53,54. étranges cieux du Roussillon...

Extrait de la mer occitane p.30

Cependant pouvait-on effacer
l'ocre le rose et le rouge
des maisons occitanes
même quand la pluie les alignait au soleil
dans le spectre de l'arc-en-ciel
où elles faisaient naufrage ?

"La mer occitane" J.B.
 — Maisons en bord d'un grau de l'étang de Leucate Languedoc-Rousillon .

l'étang de Leucate dans le Languedoc-Roussillon

Le soleil se voile
Au-dessus de l'eau ridée -
Horizon de nuit

J.B.

mardi 8 octobre 2013

Extrait d'un poème de Boris Lenoir


Extrait d'un poème de Boris Lenoir dans Boris et Boris roman de Jean Botquin:
...
Je nais de la violence du soleil
et des tendresses de lune
Mon coeur est de marbre et ma raison de chair
Je hais le temps passé à penser les étoiles

les étoiles des mers
les étoiles bleus des terres
...
Photos: deux astres au dessus du Roussillon

La mer Occitane. p 27 extrait.


  1. Ainsi donc
    ai-je rencontré
    la vierge vertueuse
    de ma dernière genèse
    au début
    de ce dernier voyage

    J.B. in "La mer occitane"
    -Église Saint-Pierre- Montluçon-Statue de Sainte Madeleine 15ième siècle-

La mer occitane.p52 Extrait

Peut-être le temps
peut-être les grains de sable sur la peau
le hâle de ta peau qui sentait le cèdre
et le poivre
le goût ou le parfum à la frontière

du mélange des sens
qui perdent la tête
l'hypnose des harpes de vents
dans les oreilles
à travers le seuil de l'ambroisie
où on s'arrête
en pensant à la mer occitane
en la regardant par la fenêtre
immense
étrangère
après on se retourne car c'est trop fort
presque insupportable
incompréhensible comme les crêtes
d'une mort passagère
...
J.B. "La mer Occitane" - une des plus belles plages de France, à la Franqui, lieu où Henri de Monfreid ( 1879-1974) aimait se retirer.

La mer occitane.p.43 extrait

Eh Oh Ohé du bateau chevauchant la mer
occitane
sur les patins de tes lames
qui trempe tes nageoires aux cils immenses
dans la montagne d'eau
comète océane
pélican albatros goéland catamaran ange marin
glissant sur l'image blanche de tes flots
de tes nuages aux mille facettes d'émeraude
sur ta robe de mariée
à l'écume des fleurs
aux crêtes d'alizé
sur les creux du hasard
aux cordages qui volent
autour des voiles folles
en croisade sur nos âmes
qui chavirent
navires
sous le marin ou la tramontane
Eh Oh Ohé du bateau 
arrime tes amarres
désamarre tes rimes
sur l'insolite des mares
et
 des îles d'embruns
lance ta mature au large de la lumière
et des bannières
                                                                                                                                                                                                                                                                                         


La mer occitane. p.47 Extrait

Plus bas
la mer occitane harcèle les remparts
des vaisseaux de pierre
et des ports rouges
embrassant
les flots
bousculés par la tramontane


La mer occitane p.38 extrait

Orage maternel de la voie lactée
de ta chair inespérée et vivante
dans laquelle j'entrais à nouveau
avec toi comme nous entrions
par l'éloge étroit
d'une voûte romane

vers le chant d'un cloître
que notre regard ciselait
avec la brise d'or
d'un orfèvre

Nouvel haïku des Cévennes.

La maison vrombit
Ruche sous le lierre au soleil-
Midi a sonné

La mer Occitane et Simon Hantaï


Pliages
dépliages
de nos plages intérieures 
de nos corps en extase 
Fresque involontaire
du destin inconscient
des gestes répétés
dans une litanie de verbes et de paroles 
dans le rituel longuement préparé
des germes et des semences
des racines obscures de la nuit

Pliages
dépliages
des visages
qui se dérident comme une rivière 
dans la transparence
du lac inattendu
Et de la robe d'azur 
pliée dépliée
toujours plus grande 
toujours plus claire 
voguant sans frontière 
d'une cime à l'autre
Peinture d'Hantaï  à l'écriture rose

illisible et
sainte

J.B.