jeudi 6 décembre 2012

Poème dénaturé


Poème dénaturé

 

Mon cœur se drape

Les floraisons m’épuisent

Je nage forcé par des insectes noirs

Vers un abîme inconnu

 

Les rivages ne sont que vagues souvenirs

De proche en proche les flots déferlent

Ma chair se drape dans l’indifférence

D’un oreiller taché de brume

 

J’ai désappris les rêves enlacés

Les griffes ensablées creusent l’écume

Qui couvre ma bouche édentée

Où cueillir des algues marines

 

Je sonde le ventre de mes pensées absurdes

Je sombre dans des cauchemars insensés

L’alizé me brûle à l’aurore

Des méandres crépusculaires

 

J.B.

dimanche 4 novembre 2012

Le tombeau de Couperin


Le Tombeau de Couperin

 

Un jour j’irai moi aussi me réfugier

Par le chemin orchestré des histoires que j’invente

Dans le tombeau renouvelé de Couperin

Chaque fois embaumé de mes rêveries solitaires

Surtout quand je suis accablé de tristesse

Au milieu de l’enclos

Où se rencontrent vivants et défunts poètes

Où s’épousent et fusionnent

Les sortilèges du passé

La magie du présent

Et l’incertain cristal dont vibraient

Nos attentes déçues
 
J.B.

lundi 29 octobre 2012

Valse



Valse


Es-tu ma valse ronde dans ta robe d'été ? Le vin qui m'enivre dans la tourmente des vents ? Es-tu celle qui vient, qui revient, que rien n'arrête jamais sur le chemin des détours ?

Viens, tant que m'enlace la Vénus de mes rêves, viens, tant que tu danses sur les pieds de ton rire, viens, avant que ne meurent les lumières de la ville. S'éteindre sous la pluie, étreindre tes cheveux, dans la clairière de tes yeux, embrasser ta folie avant que la tête ne tourne dans la valse ronde de ta robe d'été. Oui, vole, vole, envole-toi bien au-delà du cercle de nos pas qui s'arrondissent de songes en mensonges et de vies en trépas. Envole-toi si tu peux et si tu ne veux plus de moi. Seul, je cueillerai le vide de tes mains avides que tu écartes de moi.

 

 

Extrait du Front Haut  J.B.

mardi 16 octobre 2012

Article paru dans la revue des anciens de mon collège.

 
 



Le bonheur de vivre

Jean Botquin
(prom. 1951) heeft de kaap van 80 gerond en blijft in goede schrijversdoen. Wat was er beter gepast om dat te vieren dan een bloemlezing die de verscheidenheid van en de evolutie in zijn oeuvre duidelijk in het licht stelt. Teksten met een poëtisch gehalte die gaan over reizen in de tijd en reizen naar verre landen. Jeugdherinneringen komen aan bod maar evenzeer en met sterke diepgang thema's als Iiefde, dood en schoonheid.

Vandaar de indeling: Le bonheur de vivre, Poèmes du grenier, Maghreb, Poèmes
Minoens, Les jardins et les saisons, Bestiaire pour adultes qui n'ont pas grandi.

Le bonheur de vivre
is een inleidende tekst van zes pagina's die de titel alle eer aan doet. De auteur beschrijft hoe hij op 65-jarige leeftijd na een loopbaan in de vrij zakelijke bankwereld, de puur materiële wereld verlaat en tot een ware metamorfose komt die hijzelf door alle droefheid heen, vreugdevol een miraculeuze renaissance noemt. En in die vreugde mogen wij ais lezer in de daarop volgende teksten delen. Teksten waarin het woord zijn magische kracht terugvindt en die klanken laten zingen zoals in
Toute la tristesse du monde m'inonde
en ce largo d'un autre temps
Les violons pleurent
Saules tremblant sous le vent
et secouant la pluie d'orage
 
(eerste strofe van ll est temps d'oublier , p. 26)

Het zijn alle, teksten die de tijd overstijgen en je meenemen naar een wondere wereld zonder een vlucht uit de realiteit te zijn.

Strates du souvenir is de vijftiende publicatie van Jean Botquin in zestien jaar en zijn tiende poëziebundel.

Strates du souvenir

65 ans de poésie

104 pagina's

Éditions du Cygne, Paris, 2012 ISBN 978-2-84924-275-9


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lundi 3 septembre 2012

La fontaine nejjarine à Fez

La Fontaine Nejjarine
 
L'eau coule
La foule bigarrée défile
Place Nejjarine
 
Sur l'autel décoré de zelliges
Coule l'eau comme le temps
S'écoule
 
Je me recueille
Je retiens les secondes
Ces gouttes d'heure
Mais fluides elles fuient
Comme le ruisseau
Ruissellent
 
Peut-on s'arrêter
Devant la fontaine
Sans faire le geste d'offrande
 
Il fallait pour le culte de l'eau
Ce lieu limpide
L'arc à lambrequins
Enchâssant les cercles
Huit cercles roulant dans l'ombre
De l'auvent de cèdre
Sous la pente du toit
D'émeraude
Huit cercles jouant
A la roulette du temps
 
Ici s'exprime la constance
Dans la fluidité
Depuis des siècles
Depuis hier depuis toujours
Les gens du Maghreb
S'y penchent et recueillent
L'évanescence du temps
 

vendredi 24 août 2012

J'ai lu dans Inédit nouveau


quand on se souvient de soi!  ( Paul Van Melle)

 

Il ne faut pas être vieux pour se souvenir de ce que l'on a fait au cours de sa vie passée, mais il importe de prendre ces souvenirs cum grano salis. Ce que fait très bien Roland Nadans, qui publie pour la deuxième fois une anthologie d'une part (sinon il faudrait au moins dix gros volumes) de ses oeuvres, surtout poétiques ou d'humour léger, laissant à un avenir les autres. Il a gardé le même dire et a simplement revu et augmenté le contenu de ce trop bref Vivre quand même parce que c'est comme ça. Après "Le Dé bleu", il a confié cela à "Gros Textes", parfaitement adapté à ce type d'ouvrages toujours un peu hors-norme. J'avoue que, n'ayant pas connu la pemière édition, j'ai pris tout mon plaisir à cette deuxième, conscient que jamais cet auteur n'écrira ni ne publiera comme tout le monde. Je parlais d'humour léger. C'est que sans jamais être lourd, Nadaus n'épargne rien ni personne. Ce qui m'enchante car ceux qui se cachent derrière la langue ou la vraie vie ne me correspondent pas. (Gros Textes, cave de Fontfourane, F 05380 Châteauroux-les-Alpes)

 

Jean Botquin se livre au même exercice, pas si simple, et sort le livre où il oublie volontairement ses proses, récits et nouvelles pour se concentrer sur ses Strates du souvenir, mais il ne fait pas comme Nadaus de reprendre des recueils existants et revient à son passé avec la valeur de six recueils tout neufs. Son sous-titre peut tromper, "65 ans de poésie", mais c'est tout de même un peu toute une vie qui se déroule en six chapitres, poèmes de jeunesse, de maturité ou d'aujourd'hui, du haut de ses 80 ans. S'agit-il d'un florilège de textes retrouvés dans les coffres de son grenier? Je ne connais pas l'homme, mais s'il adore les voyages, il s'en sert aussi, par exemple dans "Le bonheur de vivre", qui sert un peu de préface et qu'il a écrit (si on le croit) à un peu plus de 65 ans, retraite venue, lorsqu'il s'est posé la question de son avenir. Je crois que l'avenir ne s'inscrit vraiment dans notre esprit que lorsque nous en avons le temps. Alors, vivre en Ardenne prend tout son sens et cela devient le havre de paix entre des voyages qui ne sont que des vacances. Même Collioure, la Provence et la grande bleue jouent à se faire des souvenirs nouveaux. Ce qui compte désormais, c'est l'écriture au sein d'une Ardenne devenue l'ermitage qui permet tous les rêves. Il ne suffit pas de voyager pour être parti et le lointain compte peu quand on a les livres! (Éd. du Cygne, 4 r. Vulpian, F 75013 Paris)
 
N.B. Quelques imprécisions sympathiques n'abîment pas les réflexions de Paul Van Melle à mon sujet...par exemple, je n'habite pas l'Ardenne mais une région qui elle aussi à son charme. Et le bonheur de Vivre a été écrit il y a deux ans seulement.

 

lundi 20 août 2012

Nouvel extrait de Triangles de la Nuit des temps de J.B.

Esquisse de Thérèse Van Beveren





Le Tapis



Mille mains organisent le temps

sur la trame

au départ du mille-feuille

à l'arrivée des mille fleurs

point par point sur la portée

qui s'élabore au fil de la patience



Comme si se nouait lentement

un siècle dans un espace de laine

comme si s'endormaient mille moutons

dans le sommeil d'un enfant

rêvant de baisers tapissant

le nid ouaté où il ferme les yeux

comme si déjà s'annonçaient les pieds nus

qui chaque soir tisseront le dialogue

de la douceur et du sable chaud



Mille mains de petites filles

rassemblent des bribes de tradition

patiemment sans savoir où elles vont

et c'est la complainte qui prend corps

les rires qui s'allongent

la fatigue qui s'étend

sur la monotonie des heures



Viennent alors à la  la surface

d'énigmatiques dessins

quelques losanges primaires

des triangles de la nuit des temps

ces figures magiques sur fond blanc

qui reproduisent de tapis en tapis

les archétypes berbères

de la poésie du désert.




samedi 18 août 2012

Essaouira. Triangles de la nuit des temps



Essaouira


Essaouira des goélands

tu fermes tes remparts sur l'Atlantique

promontoire bleu et blanc

aux portes des alizés

masque d'un étranger

scrutant l'horizon de la mer



Goélands d'Essaouira

vos ailes effleurent

la skala d'où partent les pêcheurs

et leurs rêves de pirates d'antan



Nous allons lentement

vers les silhouettes bibliques

des araucarias qui s'épanouissent

derrière les remparts d'Essaouira



Nous marchons à l'ombre

des ruelles peuplées d'artisans

modelant patiemment l'arar



Puis survient l'éclatante blancheur

d'une place où jouent des enfants

sous l'œil des fenêtres

voilées de silence



Et de-ci de-là le mimosa s'épanche

dans le printemps craintif



Essaouira des goélands

echouée au large des îles purpuraires

au large de Mogador île frissonnante

de résonances portugaises



Essaouira des goélands

navire bleu et blanc à l'assaut

des terres africaines

forçant les dunes

tel un briseur de banquises



Quitterais-tu la terre

reviens-tu de la mer

ville amphibie

voguant sur les vagues

de mes souvenirs berbères





« Triangles de la nuit des temps » Jean Botquin 1998




jeudi 9 août 2012

Un Week-end à Saint-Denis de Bloqueroy (commune d'Obourg, à deux pas de Casteau (Hainaut)



Les 24,25 et 26 Août 2012 le Rotary Club de Soignies organise, comme chaque année, une exposition artistique, folklorique, et artisanale, à l'Abbaye de Saint Denis.
Les écrivains, dont je serai, exposeront leurs livres à la Salle des Converts.
Un prix de la Nouvelle sera remis au repas des artistes du 24 au soir.

lundi 30 juillet 2012

Un commentaire sympathique de Josep Bodson sur "Strates du Souvenir"


Strates du Souvenir de Jean Botquin



Un livre très émouvant d'un auteur  doué d'un talent certain.

Désir de l'aventure, du voyage, et fascination de la beauté. Contraste entre le désir d'aventure, d'absolu, et le poids de la matière qui nous oppresse. La peur, parfois, même dans ce très beau texte où la femme aimée évoque un tableau de Matisse. Mais, ce qui constitue le centre irradiant du recueil, comme une rose éclairant une cathédrale, de très beaux chants d'amour, qui ont su puiser leur magie dans les soirs et les matins de claire lumière de l’Orient, « les élixirs de Nabeul ou de Marrakech », en des rythmes parfois qui imitent la danse du derviche tourneur, pour un tourbillon de tendresse.

Il y a là, parfois, par ce goût du rêve et de l'Orient, comme un écho de Gérard de Nerval :



Vous étiez la femme rencontrée partout

Dans l'anonymat des foules

Sortant du ventre des villes

Pareille aux mirifiques promesses

De celles qu'on attend malgré leur présence

Comme si vous montiez toujours dans le wagon

Du train où je n'étais pas

Je vous voyais là où vous n'étiez

Mirage que je formais derrière mes paupières

Qu’il suffisait de fermer pour que vous

Apparaissiez

Et quand j'ouvrais les yeux

Vous partiez en fuite

Comme si vous vouliez cesser d'exister (pp.49-50)



Des personnages devenus très subjectifs, dans lesquels la psychologie du personnage qui regarde  se reflète et se mêle, étant elle-même sous l'influence de  sa vision. Il en émane une sorte de brume, de vague dans lequel tout  se noie. C'est conçu avec beaucoup d'art. 


Ainsi p.60 :



Est-ce le sommeil ou

la mort

l'amour enfoui à jamais

jusqu'au réveil

inespéré


Joseph Bodson