lundi 26 octobre 2009

Les haïkus de Saint-Cloud

Foire internationale d'Art contemporain.- Galerie Nadia Vilenne- Louvre




























Librairie Wallonie-Bruxelles près du Centre Georges Pompidou.


Les deux abeilles
Ouvrent leur ruche tapie
De paroles d'or

Deux personnes sur
Un banc regardent la rue
Aux yeux fatigués

L'auto vert pomme
Oublie le landeau replié
Sur un long trottoir

Les gens vont vite
Sans se soucier des heures
Qui m'interrogent

Bras nus la mariée
Pont Neuf sous la pluie fine
D'un rire frileux

La manif monte
Callicots verts en tête
Les gens déchantent

Dieu soulage moi
De la surface noire
De la lumière

Le ciel d'automne
Prend quelques couleurs pastels
Du haut des arbres

Le canard jette
Un regard dans la chambre
Où ils s'éveillent

Le héron lève
Son bec pointu au-dessous
De gros nuages blancs

Un autre héron
Tourne son dos d'airain
Aux draps de lin clair

Jean Botquin 26 octobre 2009










mercredi 21 octobre 2009

A Robert et Jo, mes amis.


Je dédie cette traduction d'un texte émouvant "Vanaf Vandaag" de Rob De Nijs, à toi, Jo, qui a perdu Robert le 29 septembre 2009. Mais non, tu ne l'as pas perdu...comme tu le liras.

A partir d'aujourd'hui.

Aujourd'hui je t'inhume en moi
Pas dans la terre, pas dans cette caisse
Pas près de ces arbres dans la brume du matin,
Tu n'es pas là-bas, tu es en moi, dans mon refuge.

Aujourd'hui je t'inhume en moi
Pas près de cette pierre là dans cette longue rangée
Tous ces vieux noms , tu n'as rien à y faire
Aujourd'hui je t'inhume en moi.

Comme ça je peux te parler et te répondre
Comme ça tu continues à vivre dans ma vie
Oui, prends mes yeux et regarde avec moi
Prends mes pieds et cours avec moi
Maintenant nous allons à la maison, nous deux, ensemble
A partir d'aujourd'hui tu vies en moi.

Aujourd'hui je t'inhume en moi
Je ne te chercherai pas où tu n'es pas
Reste avec nous, ici, où tu connais tout le monde
Je garde ta place à notre table.

Nous allons rire et faire des projets
Je dormirai avec toi et te réveillerai
Viens, prends ma bouche et ris avec moi
Prends mes mains pour nous sentir
Ce que tu voulais encore faire
C'est moi qui le ferez
A partir d'aujourd'hui tu vis en moi.

Enlèves cette croix et toutes ces fleurs blanches
Déchire ce journal où on cite ton nom
Viens, prends mes yeux et regarde avec moi
Prends mon coeur et vis avec moi
Car ta mort maintenant est passée, depuis aujourd'hui tu vis en moi.

Je vivrai deux vies avec toi en moi.

Traduction de Jean Botquin.

mercredi 14 octobre 2009

Le NON-DIT parle de mes Haïkus sous la plume de Michel JOIRET. N°85 Octobre 2009. P.17

L'esprit clair et informé de Piet Lincken "ramasse" avec une rare intelligence, les cailloux blancs jetés par Jean Botquin sur le chemin des mots. En évoquant l'immobilité silencieuse du haïku, il identifie le genre et met en lumière l'extraordinaire "liberté d'approche" du créateur. Dans la chambre noire du calligraphe, Jean botquin développe des images transversales qui illustrent les déplacements secrets de la pensée, qui paraphent un moment d'existence et qui déterminent le rapport mystérieux entre le créateur et son expressivité. Le haïku n'est pas à la portée d'un seul styliste. Il se met "hors jeu" de lui-même et dénonce outrageusement celui qui le profane distraitement. Reconnaissons à Jean Botquin le bien-fondé d'une posture créatrice dont il maîtrise les exigences implicites. Le poète s'inscrit dans un glissement sémantique permanent:
"Elle dit l'émotion
Qui rapproche la tête
Du coeur sur la main";
"Silence du corps
Inhumé dans l'absence
Orbites creuses",
jouant avec les mots, les affichant parfois pour l'énonciation d'un mystère qui le dépasse:
"Son nom est pareil
Á la datte sucrée de
Leur espérance";
"Pieds sur des phrases
De verre ils marchent niant
Leur fragilité".
Maître d'une métaphore dont l'un des termes développe la suggestion plutôt que l'équilibre formel, Botquin cultive aussi le non-sens et le paradoxe:
"Il sautait raide
Á la corde des pendus
Encore vivants."
Ici, tout est invention, tout est réel, tout est mobile. Le jeu porte autant sur les capteurs que sur l'information sensorielle. En privilégiant "le peu", le poète trouve, presque naturellement, les pièces d'une attitude philosophique cohérente. Jamais anecdotique et cependant légère, l'écriture glisse le long des points topiques de la pensée et retombe pour amorcer une nouvelle séquence. C'est ainsi que se compose une toile dont la pièce manquante ne se pose jamais. Mais en est-il autrement dans l'amorce d'un art de vie ?
Les sculptures de sable ne sont-elles pas avant tout un emprunt à la durée ? De fait, la réalité du haïku convenait parfaitement à l'oeil kaléidoscopique de Jean Botquin. C'est en passant l'habit que le moine est véritablement habité...Le jeu de rôle prend, à cet égard, la pleine mesure du calligraphe qui cogne inlassablement à la vitre de l'instant.
michel joiret
La Chambre Noire du calligraphe,
Jean Botquin,
éditions du Cygne, Paris, 2009.

lundi 12 octobre 2009

Roisin-La rencontre des écrivains du Hainaut.



Leszek Helinski
guitariste compositeur
Patricia Beudin
Conteuse et animatrice d'ateliers d'écriture









Cette rencontre est organisée, chaque année, au mois d'octobre, au Centre provincial d'hébergement et de formation de cadres, à Roisin, par la Direction de la culture de la province du Hainaut.

Ce lieu est dédié à la mémoire d'Emile Verhaeren qui y passa de nombreuses vacances.

C'est pourquoi chaque année nous y déposons une gerbe de fleurs au pied de son buste dressé à la lisière du bois.

C'est pourquoi aussi j'ai eu envie de reproduire un poème de Verhaeren que j'ai choisi dans "Les apparus dans mes chemins".

La disparue

Elle était comme une rose pâlie;
Je la sentais discrète, autour de moi,
Avec des mains de miel, pour ma mélancolie.

Sa jeunesse touchait à ses heures de soir;
Quoique malade, elle était calme et volontaire
Et m'imposait et sa tendresse et son espoir.

Aucune ardeur, qui domptait par secousse;
C'était de la sentir si droite, en son amour,
Qui me tenait dans sa contrainte égale et douce.

Elle peut-être a su lire le texte obscur
De mes rancoeurs et de mes lourds silences
Et, dans ma volupté, tuer le lys impur.

Sainte pour moi et claire et lentement
Comme une étoile, un soir d'ombre légère,
Seule, elle s'en alla fleurir le firmament.

De purs rayons illuminent son coeur,
Depuis qu'en des dortoirs de lune,
Elle est dormante, au clair de son nouveau bonheur.

Elle est morte, sans bruit, tout doucement,
Mais si calme, dans l'humble pose
De l'agonie et de la paix de son moment.

Ses bonnes mains de consolation
-Oiseaux d'espoir- se sont levées
Vers sa lointaine et attirante assomption,

Là-haut, en un jardin si rempli de fleurs d'or
Et si rayonnant d'aube et de calme lumière
Que les ombres des fleurs y sont de l'or encor.

...
Ces quelques strophes, seulement, d'un poème beaucoup plus long nous donnent déjà un goût d'automne et de désespoir doux et nostalgique. Qui n'a pas une disparue, réelle ou fictive, à qui s'adresser quand l'automne survient dans l'or du soleil et des feuilles ?

vendredi 2 octobre 2009

Agenda

Dates à retenir.

-Le 15 octobre à 16 heures, dans le cadre de la Fureur de Lire, à la bibliothèque communale de Binche, présentation et lectures de La gondole de l'Orient Express (notamment).

Réservation souhaitée. Tel 064230601.

-Á la maison des Écrivains, 150 Chaussée de Wavre, le 21 octobre à 18 heures, Piet Lincken présente La chambre Noire du Calligraphe.


-Le 2 décembre, à 17 heures, entretien de Michel Decobu avec Jean Botquin, à propos de la Chambre Noire du Calligraphe. Espace Wallonie-Bruxelles.

-Le 5 décembre, à 16 heures nouvelle présentation de la Chambre noire du Calligraphe par Piet Lincken à la Fleur en papier doré, rue des Alexiens, Bruxelles.