mardi 23 juin 2009

Les haïkus de juin (suite)

















Les mots trahissent
Les couleurs invisibles
Ils ne voient rien


Les feuilles doigtées
Du figuier nous font signe
D'attendre leurs fruits


Les chênes lièges
Escamotent leurs bottent
Au bout de sept ans


Pourquoi des bottes?
Les chênes verts rabougris
Cachent leurs glands noirs


Le vieux caroubier
Chantonne sur le flanc gris
De la colline


Le bel arbousier
Rond prépare sa gelée
Dans la garrigue


Le figuier de la paix
A des cheveux argentés
Sur les épaules


L'acacia jaune
Aspire l'air desséché
Brûlant la gorge


Seul le mimosa
Le long de la route sait
L'odeur de son coeur




lundi 22 juin 2009

Haïkus de juin (suite)

Dans les roseaux verts
Le long d'un miroir discret
Des amoureux nus



Myrthes et cistes
En lisière du chemin
Embaument le ciel
Montent les brumes
Sur l'ocre chaud des maisons
Et lauriers de sang
Une scie coupe
Le dimanche en morceaux
De silences noirs
Fourmi qui coure
Sur ma page,emprunte
Les passages piétons
Des passages piétons?
Oui, entre chaque tercet
Tu ne risques rien




dimanche 21 juin 2009

Cinq haïkus de juin

Le temps s'efface
En l'espace du chemin
De la patience
L'homme s'allonge
Sous une pierre froide
Et croise les doigts
Le sable coule
Entre les palmes
Blanc comme l'été

Un pin parasol
Fait le rond dos au soleil
Le pêcheur s'assied

Quand les pins d'Alep
Se penchent sur l'étendue
Les barques glissent

Cinq cyprès en bord
De mer montrent l'infini
Du bout de leurs doigts



Les haïkus des jardins fauves (J.B.)

Un figuier sème
Sur le jeu d'émeraudes
Des fleurs barbares
Les lauriers roses
Reposent sur le front haut
Des jardins fauves
L'immortelle ment
En dégageant son odeur
De curry indien

vendredi 19 juin 2009

Les haïkus de la pluie (J.B.)






Merle du matin
Regardant l'eucalyptus bleu
Il siffle trop fort
Si merle chante
La pluie viendra surprise
Rincer son linge

L'oiseau a eu vent
D'une tempête noire
Il s'est envolé
Quand la pluie tombe
Le temps refait ses comptes
Et l'herbe verdit
Les nuages filent
Un mauvais coton sale
Qui sent l'orage
J'ai ôté chapeau
Cravate et chemise
L'eau me fait l'amour
Chaudes les gouttes
Roulent sur les deux vitres
Dans un soleil d'eau
L'oiseau dégoûté
N'est plus venu nous saluer
Haut sur son perchoir
La pluie est entrée
Sous la fenêtre fermée
Comme un déluge
Quelqu'un enfonce
Des clous quand l'eau éveille
L'espoir du soleil

jeudi 18 juin 2009

Les Haïkus d'une chambre d'hôtel.( J.B.)


Le vent fait danser
Les volets et les rideaux
Cachent leurs secrets
Un rai lumineux
Perce la chambre où dort
Le corps en éveil
Elle écartait
Les jambes d'un soupir
Dehors le vent fort
Ses yeux verts posés
Jades sur les draps de lin
Rêvent d'un départ
Les yeux arrondis
Entourent les aréoles
Nacrées des roses
Elle s'offrirait
Ainsi ventre dénoué
Dans un médaillon
Les volets fermés
L'univers peut s'agrandir
Indéfiniment
Les volets ouverts
Le monde se dissipe
Dans la lumière
Vient alors l'île
Qui se dévoile, bateau
Sans plus d'amarres
Le soleil brille
Derrière les voiles bleus
Son corps soupire
Á la dérobée
La femme alors frôle
Son recueillement
Quelqu'un tousse et
Me réveille, j'avance
Mes doigts sur elle

mardi 16 juin 2009

Le temps des mangues vertes d'Ariane François-Demeester.


Une lecture de vacances : Le temps des mangues vertes d’Ariane François-Demeester.

Nous avons quelques heures d’attente avant notre départ pour l’aéroport d’Olbia (Sardaigne). Les valises sont bouclées, les maillots de bain inaccessibles. Le divan en osier est confortable. Au coin du patio l’air circule. Il y fait frais. Á travers les larges baies de ce que l’on pourrait comparer à un cloître moderne, le soleil étincelle dans un grand laurier blanc échevelé, les bougainvillées tempèrent la lumière. Derrière nous, quelques pins et cistes dégagent une odeur prenante. Á cette heure l’hôtel est calme. C’est l’heure de la sieste incontournable, les volets sont clos, les voix pointues des enfants se taisent. L’hôtel est situé entre Laconia et Cannigione sur la baie tranquille d’Arzachena. Ici, ce n’est pas l’Afrique mais ça lui ressemble. Juin est déjà très chaud mais toutes les journées sont émaillées de moments venteux agréables qui sèchent la peau moite, et produisent du désordre dans la chevelure des eucalyptus et des italiennes fort préoccupées par leur apparence physique.

J’ai terminé le beau « récit de vie » de mon amie Ariane, Le temps des mangues vertes. Endroit idéal pour lire ce livre car le climat, la végétation me rapprochaient des descriptions d’Ariane et m’y rendaient plus sensible. L’auteure a passé quarante ans de sa vie au Congo et au Katanga. Tous deux nous sommes originaires de Courtrai. Nous aurions pu nous rencontrer dans notre ville natale pendant notre enfance du moins dans les années qui précédèrent la guerre. Nous avons arpenté les mêmes rues, à la main de nos parents ou dans les rangs d’école. J’ai retrouvé dans son récit les atmosphères typiquement flamandes de la branche flamande de ma famille. Mes enfants sont nés dans la clinique attenante à l’Institut Saint Nicolas où Ariane reçut sa première éducation scolaire.
Le tremblement de terre de 1939, gravé dans ma mémoire, elle l’a également vécu à Courtrai, avant de (re)partir au Congo.
Qui de m’a génération n’a pas connu l’un ou l’autre administrateur territorial de l’ancien Congo belge qui contribua à créer une structure, enviable à bien des égards, dans notre ancienne colonie ? Ma sœur et son mari diplomate ont vécu quelques années à Léopoldville tout juste avant l’Indépendance. On comprendra donc que j’ai pris un réel plaisir à lire ce très beau livre qui raconte, avec un talent incontestable, les très belles années d’enfance d’Ariane et de ses frères et soeurs, avec aussi une sincérité, un amour pour les siens, même pour ceux avec qui il était parfois plus difficile de vivre car, à l’époque, la discipline et la rigueur étaient la règle.

On a tenu dans une émission de la RTBF, reprise sur Arte, des propos déplacés à l’égard d’Ariane François, traitant celle-ci de négationniste. Cette allégation est parfaitement injustifiée. Elle parle du système colonial, avec ses différences sociales et raciales, dans des termes qui ne permettent pas de tirer pareilles conclusions.

C’est, selon moi, un des meilleurs livres de la collection Merlerouge des Editions Memory Press, dédiée aux souvenirs d’enfance. Ce n’est pas un livre consacré à la critique du colonialisme, à la belge, dont on sait qu’il fut en moyenne, à quelques exceptions près, moins cruel que le colonialisme anglais et français ou que l’esclavagisme de certains états musulmans.