mercredi 8 décembre 2010

Une conception moderne de la poésie (suite et fin).Jean Botquin



Au départ, l’inspiration poétique naît souvent d’une image, d’une sensation, d’une émotion. Le choc survenu, le thème se développe ensuite presque de façon naturelle. La forme s’impose quasi immédiatement. Certains poètes modernes prétendent que l’inspiration poétique- la pensée- s’élabore à la suite d’une rencontre de mots dont la signification primaire –basique- est transcendée par la sensation ou l’émotion (la transe).
Pessoa a doté un de ses hétéronymes, Alvaro Campos notamment dans « L’ode maritime », d’une démarche poétique basée sur la sensation et son analyse, en octroyant aux mots choisis une charge métaphysique énorme. Dans le processus sensationniste d’Alvaro Campos, le poète va jusqu’à s’identifier à toutes les autres personnes et les objets, il fait sans cesse se reculer les frontières de l’imaginaire. Il va des mots aux idées et à la pensée (sans qu’il y ait eu nécessairement un déclic sensationnel ou émotionnel) ou des émotions vers le langage, ou les deux simultanément, peu importe. Il est d’ailleurs difficile de déterminer la succession des phases.
Pessoa part de l’analyse des sensations pour appeler le langage qu’il charge de signification. Quand on parle de sensations, il s’agit bien des cinq sens : la vue, le toucher, l’ouïe, le goût et l’odorat avec des transferts modaux d’un sens à l’autre, par exemple, la sensation de voir ou de percevoir à travers le sens de l’ouïe ou du toucher. Ensuite, il intellectualise les sensations, il les fait devenir abstraites (pour les rendre accessibles à chacun ?). Ce travail consiste à rendre littéraire la réceptivité des sens au moyen de la conscience. Véritable travail de laboratoire poétique étudié par José Gil dans « Fernando Pessoa ou la métaphysique des sensations ».
La sensation est un phénomène concret propre à celui qui l’ éprouve. Elle peut donner naissance à une émotion, au départ vide de sens et intransmissible à d’autres, si on ne lui fait pas subir une transformation intellectuelle qui la rend abstraite. Autrement dit, l’émotion personnelle doit se muer en émotion artistique par son intellectualisation. La prise de conscience de la sensation et de l’émotion qu’elle a provoquée conduit à donner une valeur esthétique aux mots et au langage. Prendre conscience de cette prise de conscience permet d’exprimer la ou les sensations.
En réalité, écrire un poème serait un moyen d’explorer et de rendre abstraites les sensations. Le fil de l’analyse des sensations correspondrait au thème poétique. Selon cette conception, le poème serait un métadiscours permanent. Le poète sent, se sent sentir,et l’exprime ; il voit, il se voit (il s’entend) voir et le dit.
C’est ainsi que l’art est la tentative de création d’une réalité totalement différente de notre réalité concrète. L’émotion pour gagner en relief doit être donnée comme une réalité abstraite.

Jean Botquin

jeudi 2 décembre 2010

Une conception moderne de la poésie. Jean Botquin

Blood and poetry de Jacques Charlier
Galerie Vilenne Liège



Une conception moderne de la poésie

La poésie a beaucoup évolué. On est loin de nos anthologies de poèmes classiques – de la versification et de la métrique – qu’on nous faisait lire et apprendre par cœur dans l’art immémorial de la déclamation. Certains cultivent encore ce mode d’expression. Il suffit de compulser des revues de poésie – surtout françaises – pour découvrir ( avec ennui ?)- des rimailleurs « primesautiers » qui excellent dans ce mode un peu provincial et prosaïque. Cette poésie n’a de poésie que le nom. Ce sont les rimes qui rythment la cadence en guise de musicalité. Loin de moi de vouloir prétendre que la versification ne peut s’accompagner d’idées originales, d’images réussies et que de ce type de poésie ne puisse se dégager un certain esthétisme. Il y a de magnifiques exemples.
Á l’autre extrême, depuis Verlaine, Mallarmé, Valéry, Rimbaud et Apolinaire, il y a une poésie libre – dans son expression - qui a rejeté toutes les formes anciennes et les règles formelles et qui attache plus d’importance au fond et à la magie des mots formulés par notre inconscient. Ce qui ne veut pas dire que cette poésie évolue en toute liberté. Elle est nécessairement tributaire de son auteur, de son psychisme, voire de sa spiritualité. Sa nécessité ne découle pas de sa forme mais de sa nature profonde. Elle n’obéit qu’à elle-même. Selon moi, elle reste accessible aux autres, si elle ne verse pas dans les outrances de l’écriture automatique ou de la poésie dadaïste, hermétique et, par conséquent, incompréhensible pour le lecteur qui ne possède pas les clefs (chaque poète ayant la sienne) de décryptage d’un langage ésotérique.
Je considère qu’en tant que poète d’aujourd’hui, j’ai peut-être eu la chance de ne pas avoir été formé en poésie classique. J’y suis incompétent.
J’ai commencé à écrire de la poésie en fin d’humanités gréco-latine. Ma poésie était très proche de la prose. Une prose dotée de musicalité – je l’espère – inspirée uniquement, ou presque, par des images issues du réel, de la nature, utilisées analogiquement pour exprimer des sentiments poétiques ou romantiques, au départ d’un état d’âme : le spleen des jeunes, le cafard de l’oisiveté, les sentiments amoureux suscités par des premiers émois ( pas le véritable amour qui vient beaucoup plus tard et qui confine à l’expérience de la mort. Voir Lettres à un jeune Poète de Rainer Maria Rilke). Était-ce de la poésie ? Je ne le crois pas. Je l’ai cru.

(à suivre)

lundi 29 novembre 2010

Les silences de Médéa de Malika Madi.













Paru fin 2003 "Les silences de Médéa" de Malika Madi fait actuellement l'objet d'une version cinématographique qui sera diffusée fin de l'année prochaine.



Vous trouverez le site du film à (cliquez ci-dessous)







Dans une Algérie progressivement gangrenée par un extrémisme islamique, Zohra partage son temps entre le foyer familial et l'école du village où elle enseigne. Une nuit, son quotidien bascule dans l'horreur.

Comment vivre après avoir subi un viol collectif ?

Comment mettre des mots sur l'innommable ?




Dans un premier temps, Zohra tentera d'échapper à ces questions en fuyant son pays natal pour un Paris illusoire. Mais c'est auprès de sa belle-fille , Anna assistante sociale, que la jeune femme trouvera la force de revenir sur son passé. (Quatrième de couverture)

vendredi 19 novembre 2010

QUI EST REGIS MALDAGUE ?


La rediffusion du "Voyage de la Veuve" , le 15 novembre 2010, sur la TV 5 française, m'incite à reparler de " L'arbre des Exécuteurs " de Régis Maldague, nom sous lequel je me suis caché, à l'époque où j'ai écrit et publié ce roman, et qui 3 ans plus tard reçut le Prix Gustave Flaubert, de l'académie des Provinces Françaises, remis en la ville de Mâcon (France). Quel rapport me direz vous ? Aucun, sinon que dans les deux cas il y est question de bourreaux et de guillotine. Le film (voir à ce propos mes commentaires de 2008) transforme un fait historique en fiction, de façon un peu cavalière ; mon livre, par contre, relève totalement de l'imaginaire, utilisant cependant une généalogie de bourreaux qui a réellement existé, dans les provinces et les régions qui en 1830 formèrent la Belgique. Que se passerait-il si vous deviez un jour découvrir que vous êtes un descendant de bourreau ? Certes, je parie que vous ne seriez pas très heureux et que votre équilibre mental en prendrait un fameux coup. Voilà l'argument que Maldague a développé dans un roman parfaitement surréaliste (à la belge), plein de dérision, et qu'il faut lire au deuxième degré.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas ternir le plaisir de la découverte de ceux qui auraient envie de lire ce roman, introuvable dans le commerce, et que je me charge de diffuser, personnellement, à un prix défiant toute concurrence. CINQ EUROS. Sans les frais de port, bien entendu. Envoyez-moi Nom, adresse précise, nombre d'exemplaires souhaités. Mon contact est: botquin.jean@gmail.com. Je vous communiquerai, après commande, les modalités de règlement.

vendredi 12 novembre 2010

Pluie en novembre

Au milieu du chant
La pluie chagrine tombe
Deux cloches tintent
-
Les pavés luisent
De toutes leurs rondes bosses
Un homme passe
-
La pluie a cessé
Le silence ruisselle
Inopinément
-
Le plancher craque
Quand grince la clef rouillée
La porte glisse
-
Derrière le mur
L'homme entend les élytres
Des insectes noirs
-
La pluie se remet
Á tomber sous le bronze
Vibrant lentement
-
Jean Botquin 12 novembre


Jean-Michel Botquin parle du peintre Joëlle Delhovren




Peindre. Des gosses à l’heure du bain ; d’autres à celle du goûter. Des portraits d’hommes, de femmes, d’enfants. Peindre des jeunes filles au bois. Peindre des mains, souvent, les dépeindre. Peindre un gamin qui souffle des bulles de savon, comme le firent Edouard Manet ou Chardin. Peindre des regards, plus souvent encore que des mains. Rien, pourtant, ici, n’est anodin, bénin ou innocent. De cette visite à l’atelier de Joëlle Delhovren, je garde la sensation physique de quelques uppercuts auxquels je n’ai d’ailleurs pas cherché à échapper. Sans doute, la violence scopique exercée par le regard scrutateur du peintre est-elle reconduite par celui, curieux, de l’amateur. N’est ce pas Martin Kippenberger qui conseillait de ne « rien faire pour les dentistes » ? « Surtout, déclarait-il, que l’on ne me prenne pas pour quelqu’un dont les tableaux s’accrochent au dessus du canapé ». La leçon, certes, est assimilée, absorbée, digérée. Joëlle Delhovren ne fait rien pour les dentistes, ni pour ceux qui craindraient l’idée même de l’anesthésie qui précède une extraction dentaire. Elle travaille dans l’instant, sans concession, parce que le temps dont elle dispose est aussi bref que la vie, parce que c’est là une nécessité de dire. Dire un souffle, dire ce que l’on ne peut saisir au creux des mains, peindre même l’innommable, l’irreprésentable, le rendre présent puisqu’il s’agit, justement, de le représenter.

Je me souviens de ses cochons, de ceux découverts à l’atelier. D’autres aussi, peints précédemment, ces trois cochons figés en plein burlesque steeple-chase, sautant par-dessus le bord de l’auge dans lequel un gamin se baigne, ces deux autres porcs, groin en alerte, à l’heure de la récréation enfantine. Cochon qui s’en dédit, les artistes, de Félicien Rops à Wim Delvoye ou Thierry Zéno pour ne pas remonter jusqu’à Jérôme Bosch, ont souvent cultivé avec une certaine délectation le goût du porc. Celui-ci véhicule de multiples symboles, de la goinfrerie à la luxure, de l’obscénité à l’extrême sensualité, assimilé à la perversité, à la saleté, pataugeant, l’impur, dans la gadouille et la fange. Ces trois-ci sont hilares et baveux ; plus encore que leurs prédécesseurs, accoudés au balcon sous un ciel de décor de théâtre, ils incarnent ce que l’humain a d’abject, de vil et méprisable, ils évoquent l’infamie si souvent représentée dans le bestiaire porcin de l’image satirique au dix-neuvième siècle, politique, guerrière, sociétale, anticléricale. Le cochon est capable de bouffer sa propre progéniture, rappelle déjà Buffon. Et le gamin plongé dans l'abreuvoir, que surplombent ces trois pourceaux hilares et anthropomorphes a, lui, le visage simiesque, le sourire convulsivement figé dans toute sa vulnérabilité. De face, sous sa fontaine de cheveux, il se ferme comme pour résister à l’aveuglement du flash qui lui dévore le visage. De l’inconvénient d’être né. « A mesure qu’elle s’éloigne de l’aube et quelle avance dans la journée, écrit Emil Cioran, la lumière se prostitue, et ne se rachète — éthique du crépuscule — qu’au moment de disparaître ». Ici, la lumière a la blancheur glauque, terne, crue et souillée d’un abreuvoir. Elle me rappelle de loin en loin celle des « deux lutteurs japonais près d’un évier », ce lavabo de Lucian Freud, peint entre 1983 et 1987. Mais dans le tableau de Joelle Delhovren, l’eau cristalline ne coule pas. C’est une toile « d’un monde sans gravité », dit-elle. Ou plutôt d’une impossible quelconque légèreté. Ce tableau est un singulier théâtre de toute comédie — ou tragédie humaine, où le peintre maîtrise parfaitement l’écart entre le réel et la chose représentée, avec des degrés de véracité différents et mesurés, rendant notre perception du tableau plus dynamique encore.

Comment dès lors appréhender d’autres toiles ? Ce triptyque, par exemple, qui nous montre un garçonnet gonflant à toutes joues un ballonnet. Un ballon, certes, c’est le titre, un, deux ballons et même trois puisqu’en triptyque et plans serrés. Et le gamin s’époumone, il s’agrippe au ballon, serré entre ses mains. Un ballon, un sein maternel, une vessie de porc, la baudruche de toutes les illusions. Ou cette toile d’une fillette au bain, « Toys » : la gamine est sans âge, elle est figure et pure présence immobilisée, mais traversée par le temps ; présumée innocente, elle barbotte avec son requin préféré. Le canard jaune tatouant la toile, à ses côtés, ce sera pour maman. Ces « Miam », aussi et ces goûters, tous « sans titre », donc sans qualité. Tu manges comme un cochon, goinfre ; gosses grotesques, si peu angéliques, les yeux plus grand que le ventre. C’est là, degrés de voracité. La suite des « Miam » me semble quasi cinématographique, plans resserrés sur un visage de femme, des yeux, un nez, une bouche ensanglantée de confiture de fruits rouges. Regard renversé de l’extase, langue viandeuse, presque obscène, c’est le festin nu de la chair vive, l’amplitude de la sensation, cette sensation d’être et de l’être. « Quand elle est ainsi rapportée au corps, écrit Gilles Deleuze à propos de l’œuvre de Francis Bacon, la sensation cesse d’être représentative, elle devient réelle ; et la cruauté sera de moins en moins liée à la représentation de quelque chose d’horrible, elle sera seulement l’action des forces sur le corps, ou la sensation, le contraire du sensationnel » . Je me dis qu’on ne peut négliger cette remarque que Francis Bacon fait quant à la zone d’indiscernabilité entre l’homme et l’animal : « Si je vais chez un boucher, je trouve toujours surprenant de ne pas être là, à la place de l’animal ». Et c’est Lucian Freud qui, dès 1954 alors qu’il exposait avec Francis Bacon à Venise, déclara que le but de la peinture est «d’ouvrir par la sensation à une intensification de la réalité » . Tous ces « Miam » sont pour le moins intenses et finalement si peu sensationnels. Cette toile panoramique, enfin, ces jeunes filles promenant au bois, « tant que le loup… », précise le titre du tableau, le loup ou le cochon peut-être. Les frondaisons, presqu’abstraites, comme aquarellées — il faut que j’évoque la touche picturale —, invitent à la promenade, elles s’ouvrent aussi comme un abîme sur le ciel d’où surgit le visage des jeunes filles, de la jeune fille plutôt, car il s’agit de deux fois la même, bâfreuse rousse, goulue, gloutonne, provocant le regardeur de sa goinfrerie, extasiée de ses souillures. Pourquoi donc ai-je « Les Idiots » de Lars Von Triers en tête et leurs comportements de retardés mentaux, libérés de toute inhibition ? La figure s’interpose ici entre notre regard et l’Abîme. Non, il n’est pas question d’une quelconque interprétation psychologique ; il s’agit ici, captant le réel de sonder sans cesse l’animalité de la figure humaine. De toile en toile défile comme une chronique de l’humanité en prise avec son inhumanité. Et l’identité humaine se situe dans le corps, non pas dans l’abstraction de l’âme. « Corps suis tout entier, écrit Friedrich Nietzsche, et rien d'autre, et âme n’est qu’un mot pour désigner quelque chose dans le corps. Le corps est une grande raison, une pluralité à sens unique... »

Peindre, dépeindre. Les tableaux le sont souvent dans les tons bruns, blancs, gris. La toile est écrue, j’ai failli écrire crue, juste encollée à la caséine ou à la peau de lapin. La touche accroche, la toile résiste. Joëlle Delhovren épuise la figure d’une touche économe. « Moins il y en a, mieux c’est, dit-elle ». Même la vacuité délibérée de certaines zones de la toile est habitée d’humanité. Une humanité, oui, toute l’humanité même. Singulier rapport que l’artiste entretient avec son modèle, cette intimité qu’elle instaure avec le sujet qu’elle scrute, même lorsque celui-ci n’est que photographié, afin d’en figer le souvenir avant de peindre. C’est bien l’identité humaine que sonde sans cesse le peintre. Certes, il y a Rosalie, Arié, comme il y a eu Isa, Phil, Anna, Philip ; mais ceux qui ne sont pas nommés n’en sont pas moins proches. Ou lointains. Ou présents. Ils sont corps habités par le peintre, tel cet homme âgé qui campe à l’entrée de l’atelier. « Sans gravité » lui aussi, et pourtant, corps épuisé, éreinté par l’artiste, et d’une telle force gravitationnelle. La grâce ne l’a pas déserté, elle est là où on ne l’attend pas. Il en va de leur véracité à tous, de leur réalité plus que de leur identité ; il en va de capter le réel, au delà de ce que l’on voit. Il y a tous ces regards, usés, renversés, plissés, détournés, curieux, fixes ou étonnés, grands ouverts ou sans psyché. Sans doute sont-ce là autant de regards au monde, bien plus que fenêtres ouvertes sur l’âme. Comme le regard du peintre. Et la peinture de Joëlle Delhovren pourrait bien être celle du vertige.

Jean-Michel Botquin
Liège, novembre 2010.

mercredi 10 novembre 2010

Bréviaire d'un quotidien au Val Duchesse, le 9 novembre 2010


Voir aussi dans le site des Éditions du
Cygne:







Le poète-pianiste-compositeur Piet Lincken accompagne une lecture de mes haîkus, au piano, devant un public d' épouses d'ambassadeurs retraités, au Prieuré du Val Duchesse, à Auderghem, le 9 novembre 2010.

lundi 8 novembre 2010

Dix haïkus de Cécile Vanderstraeten en Neerlandais 2009






















Zee

Zee-dageraad-

ijs van koude morgen

vertes-toekomst van vroeger.

-

Wit stof van 's morgens

over een zee van inkt-

mijn liefde is een meeuw.

-

Stilte van ros strand

je springt over de plassen

van donkerblauw licht.

-

De zee dampt in de zon

onder de leistenen hemel-

je hand valt.

-

Onzekere boot-

onze stilte scherpt zich

op de zon van schipbreuk.

-

Schip-mast-zeil

mijn hart wappert

tegen een hemel van zee, zout en zon.

-

Witte vissen 's ochtens-

mijn ziel is een open schelp

van stil glazuur.

-

De zee klauwt op het strand

waar schelpen sterven-

verwelkt en vermalen.

-

De zee zout en zwart

slijpt haar stilte

op het scherpe wiel van de zon.

-

Ster van de wind-

golf van de hemel

de zee schittert in blanke bloei.

-

Cécile Vanderstraeten



lundi 25 octobre 2010

Une nouvelle lecture de Boris et Boris par Roseline Gilles, responsable de la S.P.A.F pour le BENELUX

Boris et Boris
Première période
Dessin de JoelleDelhovren


Voici le texte de la présentation de Boris et Boris à la Grange aux Potiers prononcé par Roseline Gilles




Boris Remue,fils d'un libraire, grand, beau, viril bien que adolescent, dont le succès auprès des filles est évident et Boris Lenoir, fils d'un riche entrepreneur en pompes funèbres (coïncidence entre le nom choisi et la profession ? Mais là n'est pas le sujet), Boris Lenoir est frêle, blond, délicat, à l'image d'un chérubin, incorrigible rêveur, amoureux transi, vivant dans l'irréalité du monde et de son époque. Deux personnalités totalement différentes.




Nous sommes en pleine guerre 40-45, ils ont 12 ans (au début du roman) et nos deux homonymes ( par le prénom) se trouvent sur le même banc d'école, au collège Saint Martin.




La première rencontre sera un peu rude et même violente, mais s'étiolera très vite pour faire place à une amitié forte, presque indéfectible, mais assez ambiguë également...Là je vous mets doucement sur le chemin d'un dénouement assez surprenant.


Il faut se dire que les collèges catholiques de l'époque sont encore gérés par des religieux, des prêtres, tant au niveau de la direction que des enseignants jeunes, non mariés (on pourrait ouvrir un débat sur le célibat des prêtres à une autre occasion). Ces faits décrits ou suggérés avec infiniment de délicatesse par l'auteur nous placent exactement dans une époque qui n'a plus lieu d'exister, mais qui hélas connaît toujours une implication à notre époque de "révélations" sur les relations ambiguës entre les enseignants et leurs jeunes élèves. Le roman décrit bien l'ambiance particulière qui régnait dans les collèges de l'enseignement libre catholique. Cependant, il n'est pas une critique de l'enseignement libre, je pense au contraire qu'il règne tout au long de celui-ci une certaine nostalgie de l'époque. Ce roman tout en finesse laisse place à la poésie. L'on y parle d'amitié forte, d'amour absolu, parfois jusqu'au sacrifice de soi et de ses désirs comme le peut un adolescent rêveur et sensible, d'un amour qui prendra une saveur toute particulière à l'âge adulte.


Ce qui m'a interpellée est cette profusion de références aux grands auteurs qui firent partie de notre adolescence et que beaucoup d'entre nous ont dû lire pour le cours de littérature (ou de français) et qui sont restés dans un coin de notre mémoire; or la mémoire est oublieuse. Ils ressurgissent donc avec bonheur dans ce roman.. C'est presque une anthologie de références aux meilleurs textes d'auteurs connus: Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Green, Valéry et bien d'autres. C'est non seulement agréable à lire mais très intéressant !




Je pourrais vous parler encore et encore de ce roman dont je me suis attachée à faire la synthèse et j'avais écrit d'autres choses, mais le temps nous manquerait et je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.




(Lecture par Jean Botquin du texte de Gustave Thibon, philosophe français, p. 117 et 118 du roman et que Roseline Gilles a intitulé "l'amour transcendé")




Ce texte est à l'image même de Boris Lenoir et de son amour pour Hélène sa jolie cousine, douce et frêle comme lui; dont la soeur Julie, plus extravertie, plus délurée deviendra la petite amie de Boris Remue. Un quatuor qui ne manque pas de pimenter le roman.




Y avait-il plus que de l'amitié profonde entre ces êtres ? De l'amour entre garçons et filles ou...entre garçons et garçons, même s'il n'est pas vraiment avoué ?




Et Roseline Gilles poursuit:


C'est vous qui le découvrirez car la chute est vraiment surprenante ! Ne fallait-il pas s'y attendre ?


dimanche 17 octobre 2010

Un cimetière en plein ciel. Les haïkus des tombes de Roquebrune.

La tombe des Le Corbusier (ci-dessus)
La tombe du dernier
berger de Roquebrune
( ci-dessous)




















1
Descendent les tombes
Du ciel de Roquebrune
Vers l'eau désormais
2
Barques bleues lointaines
Chargées du poids des âmes
Toujours en errance
3
Auditoire des vents
Où professe l'ange silencieux
Du repos des morts
4
Maints pins parasols
Couvrent les caveaux brillants
Au soleil d'azur
5
Vigie des regards
Éteints dans la nécropole
De la vie défunte
6
Les pieds orientés
Vers l'ouest dans leurs cercueils noirs
Incrustés d'argent
7
L'escargot rampait
Sur la tombe du repos
Des le Corbusier
8
Sarcophages blancs
Allongés côte à côte
Dans l'ocre des roches

vendredi 15 octobre 2010

Quelques dates à retenir.


-19 octobre à 20 heures, à la bibliothèque de Braine-le Comte, présentation de Willy Grimmonprez et interview par Jean Botquin;
-dimanche 14 novembre à la Halle aux Draps de Tournai, salon littéraire "Tournai la Page": j'y serai et, à cette occasion, je ferai des prix de Salon. Venez découvrir mon Bréviaire d'un quotidien;
-le vendredi 19 novembre à 19 heures, à la bibliothèque de Strépy le Roeulx, la poésie et les haïkus de Jean Botquin;
-le vendredi 22 octobre à 18 heures 45, présentation de Boris et Boris au cercle "Plume et pinceau" à La grange aux potiers de Bouffioulx.

samedi 9 octobre 2010

Les fruits du jardin au mois d'octobre



1
Le panier d'osier
Accueille les noix qui tombent
Dans la rosée blanche


2
Les potimarrons
Gros et petits en famille
Perchés sur un mur

3
Trois kiwis kakis
Comme des parachutistes
Pendus dans l'arbre
4
Les pommes pleuvaient
Avant-hier sous le pommier
Toujours vêtu d'été



5
La brouette attendant
Le jardinier qui lui a
Faussé compagnie





6
Noix dans son berceau
Délivrance qui éclate
Comme un ventre qui s'ouvre






7
Soleil jaune et rouge
La pomme brille au firmament vert
Je ne la cueille pas



dimanche 26 septembre 2010

Bréviaire d'un quotidien. Mon quatorzième ouvrage est sorti de presse.
























140 pages de poésie éditées par les Éditions du Cygne à Paris.

A commander en ligne chez l'éditeur sur le site
http://www.editionsducygne.com/
ou par courriel à l'adresse de
botquin.jean@gmail.com

Au prix de 15 € frais de port non compris ( +2,50€ pour la Belgique; +4€ pour les autres pays d'Europe).

Le bréviaire du quotidien (haïkus) est suivi de deux textes plus long "Les mots ne battent plus des cils" 17 pages
et
"Un hublot à chaque oreille" 21 pages.

Un recueil qui oppose la densité de tercets de 17 syllabes au lyrisme d'une poésie intense aux images baroques.

mardi 31 août 2010

Lissewege et Ter Doest











Dans l'ombre de l'église de Lissewege se blottissent les maisonnettes fleuries, tel un béguinage où les toits se penchent et s'épaulent, où les murs s'entraident. Un béguinage ouvert sur des près bordés de saules têtards, gnomes trapus et bizarres qui se donnent la main par les racines.
Et le soir leurs danses simiesques s'enveloppent de brumes qui très vite recouvrent les prairies humides, brumes montant des canaux, ruisseaux, petits étangs coassant et immobiles.

Des façades pimpantes, blanches, minaudent sous leurs toits rouges. Et au-dessus, la tour massive, donjon menaçant dans son armure, escalade le ciel d'une envolée qui brusquement s'arrête comme si le ciel était trop bas pour encore accueillir la flèche d'un clocher. Dans le sillage de cette figure de proue, dorée comme le sable des dunes flamandes, s'allonge la nef gothique, chant d'orgue polyphonique balancé de baies et d'ogives.

Le vaisseau venant de la mer du nord n'a pas terminé son voyage. S'est-il perdu au milieu du béguinage ou les maisons sont-elles restées accrochées à sa coque ainsi que des coquillages ?















L'abbaye de Ter Doest n'est plus. Seul vestige millénaire, une grange survit comme un vaisseau échoué dans le plat pays, entre Lissewege et Bruges. Je me suis approché humblement pour baiser la brique patinée, la brique de sable piquée de cendre, la brique macérée par des siècles d'histoire. Des lèvres, j'ai goûté la forme des mains qui les ont façonnées, il y a bien longtemps, à l'époque où les granges s'inspiraient des cathédrales pour se dresser au milieu des champs. La grange de Ter Doest porte sur la forêt de ses poutres sa voûte de tuiles qui la préserve des vents de la mer, son toit immense retombant vers la terre comme les pans d'une cape dont on se couvrait jadis les soirs d'hiver. A l'intérieur règne un silence grégorien, entrecoupé de roucoulements, de brefs coups d'ailes claquant dans la pénombre où s'infiltrent entre les tuiles des étincelles de clarté. Les colonnes de chêne se dressent supportant la charpente dont on imagine les craquements sinistres, les nuits de grand vent, comme ceux d'un voilier perdu qui virerait de bord constamment.


Jean Botquin

mardi 24 août 2010

Rencontre avec Willy Grimmonprez auteur de polars et ancien conducteur de bus..





Ci-contre: Londres et ses bus.










Rencontre avec Willy Grimmonprez, auteur de polars.

Willy est un ancien chauffeur de bus du Tec de La Louvière, né en 1946, et prépensionné en 2001. Il est en pleine forme, joue de la guitare, sillonne la région à vélo, s’occupe de ses cinq petits enfants, prépare un nouveau roman pour la fin de l’année, une espèce de psycho-polar.
Né dans un milieu ouvrier, rien ne le destinait à une carrière littéraire, sinon peut-être les histoires que lui racontait son père quand il était petit. Son père était un conteur, Willy le deviendra à son tour, avec ses enfants, puis avec nous.

Peut-on dire qu’une des histoires du père « L’affaire Verdier » est à l’origine de la carrière littéraire de Willy ?
Après la mort de son père, Willy trouve une ébauche, une vingtaine de pages, de l’histoire qu’il avait entendue si souvent dans la bouche de son papa. Un texte encore impubliable, à réécrire totalement. Et c’est ce que Willy va faire, en hommage à son père qui aurait bien voulu être écrivain. Car, dans cette famille, on rêve et on n’a pas peur des mots. Bien entendu, ce n’est pas une sinécure. Il recommencera ce texte plusieurs fois. L’arrangera, s’inspirera du métier de son père, garde de nuit dans une usine, et lui attribuera le rôle de meurtrier d’un médecin, responsable de la mort de sa mère, et que le garde de nuit voudra venger. Un vrai petit polar, avec une intrigue digne de Simenon. La nouvelle reçevra le titre de « Meurtre contre la montre ».

12 ans s’étaient passés depuis la mort du père de Willy pour que la nouvelle voit le jour. C’était en 1994, l’année suivant plusieurs évènements qui ouvrirent, si l’on peut s’exprimer ainsi, les portes de la carrière littéraire de Willy, le chauffeur de bus du Tec de La Louvière. Un peu de suspense, on en reparlera.

« Meurtre contre la montre », dans le recueil éponyme, est accompagné de 4 autres nouvelles.

En humanités , on apprend à écrire des récits, en écrivant des rédactions. C’est aussi fréquemment le travail des ateliers d’écriture qui pousse les apprentis écrivains à participer à des concours de nouvelles.
La véritable nouvelle est un art difficile, on en minimise la difficulté. Le résultat de cette écriture n’est souvent qu’un récit court mal fagoté, sans intrigue, sans suspense, sans chute. On y parle de soi et de ses états d’âme. Pour les dédouaner gentillement, certains parlent de nouvelle nouvelle.

Je pense que Willy Grimmonprez a le sens de la nouvelle, la véritable. Ses nouvelles sont abouties. Où a-t-il appris cela ?

En 1993, un an avant la publication de « Meurtre contre la montre », il obtient le prix de la nouvelle de l’étrange de la communauté Française, avec « La traque », qui paraîtra une première fois dans la Libre Belgique, et plus tard dans son second recueil de nouvelles, en 2001, « Sunny Girl », à côté de « L’œil de la voisine », qui deviendra un roman sous le titre de « Pernicieusement vôtre ». « La Traque » a été également remarquée à un concours de nouvelles policières de la RTBF. Cerise sur le gâteau, ce texte a fait l’objet d’un petit film d’amateurs, récompensé par la ministre Onkelinx, responsable à l’époque de l’audio-visuel.
Bon, pas mal quand même pour un autodidacte chauffeur de bus !

Sauf erreur de ma part, il me semble que le bus a été avant tout le véhicule de son succès et de sa renommée, sa librairie ambulante, plutôt que sa source d’inspiration. Bien qu’il ne soit pas impossible, j’imagine, que certains visages habitués de son bus aient pu le hanter au point de lui suggérer certains de ses personnages.

Posons- nous la question : est-il plus facile de devenir chauffeur de bus quand on a l’âme d’un écrivain que d’apprendre à écrire des romans quand on est chauffeur de bus ?
Ce qui est clair, on est chauffeur de bus pour gagner sa vie, et si, en plus, on y trouve une inspiration d’écrivain ou un public de lecteurs, tant mieux. On connaît quelques exemples où les deux métiers se sont combinés.

Nicolas Defay, 33 ans, poète, il conduit des bus au Puy. Il vient de publier un recueil de nouvelles « Un tricot de maux ». Maux comme le pluriel de mal. Des nouvelles assez noires. Il prétend que ses passagers l’inspirent et que son métier à un côté profondément sociologique. Tous ceux qui montent et qui descendent du bus portent sur eux les marques de leur famille, de leur classe sociale, de leur vie. Les transports publics convoient une partie d’humanité. Ce sont des lieux d’expression, de tristesse, de joie, de rencontre, parfois de violence – la violence de la jeunesse- ; des lieux où se développent des histoires d’amour impromptues.
Un microcosme de notre société malade, hélas aussi. Cependant tout le monde n’est pas capable d’observer cet univers pour s’en inspirer. Il faut un don.

Á Lausanne un roumain, diplômé ingénieur forestier, ne trouve pas à valoriser ses études et devient conducteur de bus. Il se met à écrire. Il s’appelle Marius Popescu. Il obtient le Prix Walser avec son livre « La symphonie du Loup ».

Le bus serait-il un laboratoire de création littéraire ?

Je reviens de Londres. J’aime les bus à double étage pour visiter la ville. Les arrêts se succèdent à folle allure. Un véritable chassé-croisé. On voit mal s’y exercer des séances de confidences entre chauffeur et passagers. En taxi, la situation est différente. Derrière les vitres embuées peuvent se raconter des pans de vie humaine et des anecdotes savoureuses. Je pense au best-seller de Khaledal el Khamissi, journaliste égyptien, qui raconte 60 conversations de chauffeur de taxi cairotes.
Le conducteur de bus, lui, ne peut se laisser distraire par des conversations passagères. Il est dans sa cage, en principe, inabordable jusqu’aux arrêts. Comment fait-il alors pour faire rouler son imagination ou transformer son bus en librairie ?

Les éditeurs et les libraires belges, tout le monde le sait, ne sont pas très friands des recueils de nouvelles parce que les lecteurs préfèrent les romans, la nouvelle leur laissant un goût de trop peu. Enfin, c’est ce qu’on prétend.

Willy qui avait commencé ses publications par des nouvelles, dès 1996, publie des romans. Des romans pricipalement d’ambiance noire.
-Les profanateurs de Moirville, en 1996 ;
-Piège Charnel, en 1998 ;
-Les démons de Borgival, en 2000;
-La maison de l’otage, en 2004 ;
-Sous le charme d’Alexandra, en 2006 ; et enfin
-Pernicieusement vôtre, en 2008.

Rappelons qu’une deuxième série de 7 nouvelles est publiée en 2001 sous le titre de « Au Sunny Girl ».

J’espère, pour ma part, qu’il continuera à écrire des nouvelles et à en publier, en alternance avec ses romans.

Est-ce que je me trompe si un des secrets de sa réussite résulte de la parfaite adéquation entre ses livres et son public pour qui il écrit ? Ses lecteurs attendent des histoires et il les écrit. Après, ils lui en redemandent. Ses histoires finissent mal, mais surtout pour les mauvais. Disons pour les vrais mauvais, car même les bons ne sont pas toujours vraiment bons. Le monde n’est pas rose. On peut s’attendre à tout. Derrière les gens les plus charmants, il y a parfois des monstres. Presque tous les titres annoncent la couleur : meurtre, traque, démons, otage, pernicieux.
Mais, particularité importante, ses histoires se passent chez nous, dans le Hainaut avec des gens de chez nous que ses lecteurs reconnaissent.
Je suis certain que les voyageurs des bus du Tec, s’ils l’ont inspiré, ne lui ont inspiré que des personnages honnêtes et bons. Les mauvais généralement roulent en Mercèdes.

Willy a fermé sa librairie roulante en 2001, année de sa prépension. Il continue à vendre autant qu’avant, si pas plus.

« Pernicieusement vôtre » a d’abord été une nouvelle avant d’être un roman. La transformation a été magistralement menée sans altérer le moins du monde la qualité déjà présente dans la nouvelle. La lecture du roman, préalablement à celle de la nouvelle (ce que j’ai fait) n’enlève rien au plaisir de la lecture de la nouvelle, après celle du roman. Autrement dit : si vous avez le temps de lire le roman, choisissez le roman, sinon prenez la nouvelle. Un conseil cependant prenez le temps, on en trouve toujours, lisez les deux.

D’abord, le titre « Pernicieusement vôtre », comme le titre d’une série noire américaine.
Ne vous attendez pas à un polar genre Experts de Miami, plutôt à un Navarro sans Navarro, ni mulets. Il y aura de la police, mais trop tard, quand tout est passé. Gladys, la belle héroïne, comme vous et moi ( enfin plutôt comme vous que comme moi), anciennement mariée à un type pas bien, amoureuse d’un nouveau venu intelligent, respectueux de sa mère, perspicace, qui verra vite clair, bien qu’il ne soit pas policier mais préposé d’une compagnie d’assurances, et qui se prénomme Eric. Une adolescente du nom de Mélodie, chiante comme toutes celles de son âge, issue de Gladys et de son premier con de mari, et qui n’aimera pas les nouveaux voisins italiens du nom de Fortunata et Luigi, le voisin Luigi qui s’y connaît en voitures (comme mon garagiste qui s’appelle aussi Luigi), qui reluque un peu trop les filles trop jeunes pour lui ( le voisin et aussi mon garagiste). Luigi et Fortunata ont fabriqué une adorable jeune femme, avec qui Gladys se liera d’amitié et que notre auteur a nommé à juste titre Laetitia.
L’ambiance d’abord est à la rose. Tout le monde il est gentil, serviable, prévenant, même Luigi qui a le regard à tendance baladeuse comme tous les italiens de la soixantaine, même Fortunata qui passe son temps derrière les rideaux de sa fenêtre, et même Mélodie allongée sur son lit avec la tête dans le vide. Enfin, disons Mélodie, un peu moins que les autres. Donc tout va bien.

Bientôt quelques petits ennuis voient le jour. Des méchants gamins de quartier commettent des actes de vandalisme sur les voitures. Gladys cherche à protéger la sienne. Fortunata et Luigi vont mettre un garage à la disposition de Gladys .
Gladys commence à se poser des questions sur les voisins. L’atmosphère se déterriore progressivement au point de donner raison à l’adage que les apparences sont trompeuses et qu’il ne faut jamais s’y fier.

Ne dévoilons pas la suite. Comme dans tout polar, l’intrigue s’installe et même la fatalité s’en mêle.

Au départ d’une histoire apparemment banale, tous les rouages d’une tragédie grecque de faubourg se mettent en place. Les belles certitudes s’écroulent. Cela pourrait-il nous arriver ?

Tout est possible.
Un fils doux comme un ange tue ses deux parents et sa sœur à coups de couteaux. Un mari ouvre la porte du hall de sa maison et trouve sa femme et sa fille pendues. Une bonne mère tue ses cinq enfants dans un bain de sang et une autre supprime ses rejetons au nombre de huit après chaque naissance sans que rien ne puisse laisser supposer qu’elles auraient été capables de le faire ou qu’elles auraient eu une quelconque raison de verser dans cette horreur.
Certains commettent des actions insensées sans le moindre signe de pathologie.
Les psychiatres tentent des essais d’explication autant controversables que controversés. Ils font le beau jeu des auteurs de polar.
La vérité est soi-disant le contraire du mensonge.
Combien d’innocents ont subi la peine capitale, monsieur l’écrivain ?
Combien de coupables échappent à la justice des hommes ?


Jean Botquin

mercredi 4 août 2010

La saison des fruits






















"N'oublie pas d'embrasser les citrouilles, disait mon grand-père, quand tu iras les saluer dans le potager: ce sont les plus grands fruits de la terre dont on fait des carrosses d'or, d'un coup de baguette." Ma grand-mère disait à son tour:" C'est aux fruits que l'on distingue l'arbre. Celui qui n'en porte pas n'a pas de nom. On le regarde sans le reconnaître."



La nature est compliquée. Je n'ai pas vu le citrouillier.



Plus tard j'ai vu des pommiers sans pommes, des poiriers sans poires, des pauvres noyers sans noix et des cerisiers sans cerises. Ces erreurs-là, ce sont les jardiniers qui les réparent. Ils greffent, font des boutures et des carrosses d'or. Et alors tout va bien. On peut astiquer les bassines à confiture. Il paraît que le jardinier donne aux fleurs l'envie de prendre du ventre et de s'arrondir. Pour que la fleur grossisse bien, on doit lui enlever la gelée blanche qu'on trouve parfois au printemps dans les prairies quand il fait encore froid.



Mon grand-père m'a dit que certains fruitiers se passent de jardiniers: ils s'arrangent entre eux sans rien demander.. Dans son jardin, il y a un arbre à kiwis. Il ne portait pas de fruits. Un jour, il s'est mis à enlacer un vieux pêcher squelettique qui se mourrait à côté de lui. Voulait-il l'étouffer de ses longs doigts sinueux ? Non, non, grand-père a dit qu'il voulait simplement l'aimer pour le faire revivre. En un seul été l'arbre a tissé un grand dôme de feuilles duveteuses au-dessus du pêcher. En dessous, les pêches sont revenues, blanches et juteuses comme jadis, encore un peu étourdies de leur long sommeil. Et en même temps, vous ne le croirez pas, il y a eu des clochettes qui ont pris très vite la forme de kiwis aux couleurs de militaires camouflés sous les branches pour qu'ils aient le temps de grandir.




Des fruits, il y en a des toutes les sortes. Je les préfère accrochés aux arbres quand ils commencent à prendre du soleil que dans les corbeilles du marchant de fruits italien. J'aime bien les confitures, mais pas celle des citrouilles dont on fait des carrosses.


Jean Botquin. Texte extrait de "Jardins en Pays de Liège"

jeudi 29 juillet 2010

Agenda: dates à retenir.







-Art et Saveur à Saint-Denis en Brocqueroie, les 28 et 29 août 2010: le Rotary Club de Soignies organise, comme chaque année, un W.E. qui réunira artisans et artistes, écrivains et poètes, musiciens, producteurs de produits régionaux.



J'y serai avec tous mes livres encore disponibles, et notamment



mon Roman "Boris et Boris" qui connaît un regain d'actualité à la suite des problèmes de l'Eglise sur le plan de la sexualité. Venez nombreux, nous pourrons faire connaissance.


-Mercredi du Livre à la SABAM, le 1 septembre, 9 heures: présentation de "Pernicieusement Vôtre" de Willy Grimmonprez, par Jean Botquin.

- Tournai-la-page: je serai au Salon littéraire des Amis de Tournai, le 14 novembre.



Qu'on se le dise.