Quant à mon recueil de nouvelles "La Gondole de l'Orient Express", mon blog et la presse en ont beaucoup parlé.
mercredi 31 décembre 2008
Agenda: le samedi 10 janvier 2009 à 16 heures, Grenier Jane Tony
Quant à mon recueil de nouvelles "La Gondole de l'Orient Express", mon blog et la presse en ont beaucoup parlé.
dimanche 28 décembre 2008
Le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa
QUATRE PENSEES A PROPOS DU REVE cueillies dans le Livre de l'intranquillité.
Certains ont dans leur vie un grand rêve, et ils le trahissent.
D'autres n'ont pas dans leur vie le moindre rêve - et ils le trahissent tout autant
Si loin que je m'enfonce en moi-même, tous les sentiers du rêve me ramènent aux clairières de l'angoisse.
Un souffle de musique ou de rêve, n'importe quoi pour nous empêcher de penser.
Lire, c'est rêver en se laissant conduire par la main.
mercredi 24 décembre 2008
La porte s'ouvre sur le Nouvel An
à la fin de l'année
qu'on pousse du regard
comme on clôt le livre
sur ses derniers mots
Il y a une fenêtre
que l'on ouvre
malgré le froid
la pluie et le vent
malgré les souvenirs
encore récents
Il y a peut-être
quelques prières
qui se pressent
sous la lucarne et la cheminée
et qui s'inspirent
du chant de l'âtre
et de l'être
et de l'avoir été
Bientôt on fermera
chaque volet
sur chaque chuchotement
Que deviendra le frôlement
de soie des douze doigts
de l'année révolue ?
Vienne l'année nouvelle
au rythme de ses saisons
ces quartiers de temps
qui servent de repères
à la nuit de l'aube
sur l'escarpement du jour
Vienne le renouveau
dans notre clair de nuit
hésitant toujours
entre chien et loup
entre noces et matines
Dansent alors
les rondes d'espoirs
sur l'an qui se consume
avec le rêve d'irréel
dont s'habille le réel
pour ne plus décevoir.
J.B.
"La porta si apre sull'Anno Nuovo"
C’è una porta
Alla fine dell’anno
Che si spinge con lo sguardo
Come si chiude il libro
Sulle sue ultime parole
C’è una finestra
Che si apre
Malgrado il freddo
La pioggia ed il vento
Malgrado i ricordi
Ancora recenti
C’è forse
Qualche preghiera
Che si affolla
Sotto la lucerna ed il camino
E che ispira
Il canto del focolare
E dell’essere
E dell’essere stato
Presto si chiuderà
qualunque battente
Su ogni bisbiglio.
Cosa diverrà il contatto
Della seta sulle dodici dita
Dell’anno compiuto?
Viene l’anno nuovo
Al ritmo delle stagioni
Questi bugigattoli del tempo
Che servono da orientamento
Dalla notte all’alba
Sulla scarpata del giorno
Viene il rinnovamento
Nel chiarore della nostra notte
Esitante sempre
Tra cane e lupo
Tra nozze e mattini
Danzano allora
I vortici delle speranze
Sull’anno che si consuma
Con il sogno dell’irreale
Di cui veste la realtà
Per non deludere più.
traduction en italien de Pietro d. Perrone
Dérangements ordinaires de Jacqueline Dumas
15 € , une bagatelle pour la qualité de l'ouvrage publié chez Azimuts, une jeune maison d'édition située Cité Nicolas Deprez, 61, à 4040 Herstal, adresse courriel: editionsazimuts@yahoo.fr. Je pense que c'est là qu'il faut commander le livre, tout de suite si vous voulez passer la fin de l'année en compagnie de personnages vivants qui se permettent...,je ne vous dis pas, des choses drôles, amusantes, osées, horribles (mais bon, est-ce qu'elles le sont vraiment ?).
Jacqueline Dumas collectionne les prix littéraires en France et en Belgique. A titre d'exemple , je ne citerai que le prix du concours organisé par la bibliothèque de la ville de Namur en 2008 "Lettres capitales" et que tout le monde peut lire sur le web sous le titre " Deux rois pour une reine (Jaja Primata)" . La nouvelliste met en scène Blanche de Namur qui, comme tous les Namurois savent, a épousé un prince nordique. C'était au quatorzième siècle. Un vocabulaire, ni trop ni trop peu, qui vous plonge en plein Moyen-âge comme si vous y étiez. En lisant cette belle nouvelle je me suis dis:"Mais où va-t-elle chercher tout ça ?" Et, moi, qui suis aussi nouvelliste, j'ai été jaloux.
mercredi 10 décembre 2008
Le voyage de la Veuve
Il relate très (trop) librement le transport de la guillotine de campagne du bourreau parisien Deibler, de Paris à Furnes, en Belgique, en mars 1918, en vue d' y exécuter un Maréchal des Logis artilleur flamand, Emile Ferfaille, condamné à mort à la suite de l'assassinat perpétré sur sa fiancée, de manière particulièrement odieuse, et que le Roi Albert n’avait pas, à juste titre, voulu gracier (la grâce étant depuis plus d'un demi siècle accordée automatiquement par le Roi des Belges qui commuait la peine de mort en détention perpétuelle).
Il s’agit du même sujet que François Sureau avait traité dans son livre « L’Obéissance », paru chez Gallimard. On se souviendra que cet auteur, salué par une presse mal informée sur le contexte historique des évènements auxquels Sureau s'était référé erronément ( voir les billets de mai 2007 du blog "Jean Botquin. Ecrits" et mes articles dans La Libre Belgique et le Vif Express), et qui notamment avait fait preuve d'une piètre connaissance de la géographie de la Belgique, avait pour cet ouvrage reçu un premier prix du roman historique. Sans doute n'y avait-il pas au sein du jury de ce prix un critique historique suffisamment informé, lui aussi.
Le film de Laïk a été tourné dans la Mairie de Tourcoing , le Fort de Seclin, la campagne de Bouvignies et sur un canal du Nord de la France (sensé, je pense, représenter le Canal de Nieuport ou un affluent de l’Yser ).
Comme dans le livre de François Sureau, Deibler et ses deux adjoints sont accompagnés d’une escorte (un sous-lieutenant, un caporal, des soldats et même une infirmière- Nannon qui vient rejoindre le groupe en cours de voyage-), mais au discours plus terre à terre. Un bombardement, en amont de la voie de chemin de fer, interrompt le déplacement vers Dunkerque où Deibler devait se rendre pour atteindre Furnes par la région côtière encore libre de circulation.
A 5 km de Furnes, on passe la frontière belge (sic) – une fois de plus la géographie des Français bat le beurre, peu importe, le cochon-spectateur n'y verra que du feu.
Tout se met en travers de la route de Deibler, la nature (la pluie, et la boue – on se croirait dans la Bérésina de la campagne de Russie –) et la guerre.
Du coup, le récit et les personnages me sont apparus comme artificiels, ridicules et misérables. Pourquoi n’avoir pas étudié Deibler et son horrible fonction de façon plus approfondie plutôt que de faire croire à ce qui n'a pas été et, je le concède, à ce qui aurait pu être dans le pire des cas, si Deibler avait vraiment été courageux ? Or, les véritables évènements et les mémoires de Deibler ont démontré qu'il était couard et qu'il avait peur de mourir et donc qu'il aurait vraisemblablement rebroussé chemin comme il a eu envie de le faire, à un certain moment du film de Laïk .
mardi 9 décembre 2008
Pour Jean Botquin debout sur la mer
Son dernier ouvrage "Le rempart de Sable " a été publié à l'Arbre à Paroles en 2002. Ce poème m'avait touché. J'espère que vous partagerez mon émotion.
Racontez-moi les Appalaches
où le vent chante à son berceau,
et parlez-moi de Trébizonde
dans le premier rire du jour.
Vous n'oublierez pas Andrinople
pour que j'y trace mon jardin.
J'habiterai l'heure qui passe
en ce pays de nulle part
dont on ne peut remonter l'ancre
dans la plus immense des mers.
Les Appalaches, Trébizonde,
le chemin qui mène là-bas
je m'en souviens depuis l'enfance
lorsque j'y allais quelques fois
par Andrinople et ses jacinthes.
lundi 1 décembre 2008
A mon ami d'enfance Léonard qui vient de nous quitter, le premier décembre 2008
Etre ton messager auprès de ceux qui t’aiment
C’est la mission que tu m’as confiée
Et que j’ai acceptée
Tu voyais s’approcher le temps du départ
Tu voulais éteindre le cierge qui pleurait sous la flamme
Tu as décidé de prendre à l’espace
La musique du silence et de l’offrir autour de toi
Tu étais au bout du chemin
En haut de la falaise
Face à la mer et son mystère
Face aux étoiles incertaines
Tu as dit à la souffrance qu’il fallait qu’elle se taise
Tu voulais enfin faire voler ton âme sur les crêtes
A la rencontre de la ligne d’horizon
Dans le crépuscule d’une fin et l’aube d’une renaissance
S’ouvre aujourd’hui l’estuaire des souvenirs
Dans le mouvement des vagues de la mémoire
Que ton corps s’auréole
Au lieu de tromper ton esprit
Que la paix survienne
Dans notre tristesse
Où tu t’allonges auprès de nous.
mercredi 26 novembre 2008
Où vont-ils ?
Sans raison, le train s'est arrêté dans la gare, très longtemps.
D'abord les gens se sont regardés.
Ensuite, par les fenêtres, ils ont vus les quais de la gare, vides et éclairés, car c'est déjà le soir.
Seule, une petite fille attend sur l'autre quai sans bouger.
Les portières sont restées fermées pendant toute la durée de l'arrêt, interminablement.
Une femme s'est mise à hurler tout juste avant que le train ne s'ébranle.
Le train est donc reparti. Les voyageurs inquiets ne se sont plus posé de question. D'ailleurs, on peut affirmer que ceux qui dormaient ne se sont pas réveillés, même quand la femme a crié.
On monte dans le train comme on monte dans la vie. On prend sa place et tout se passe bien. Il fait encore jour. Les paysages défilent derrière les vitres. Quelques rares voyageurs plus attentifs que les autres reconnaissent les collines, et les arbres, et les maisons. Ou ils s'en souviennent vaguement comme s'ils les avaient vus dans un voyage ou une vie antérieure.
D'autres, plus nombreux, ne reconnaissent rien bien qu'ils aient l'habitude de faire le trajet, parce qu'ils ne regardent jamais rien. D'autres encore font semblant de reconnaître ce qu'ils voient pour se rassurer et ne pas avoir l'air stupides. La plupart cependant dorment et ne s'intéressent à rien. Ils vivent comme s'ils n'étaient pas là.
Plus d'un mangent, pris de boulimie voyageuse. A peine installés dans la vie, ils se mettent à grossir. Ils deviennent obèses. Ils se remplissent de nourriture et de vide. Ils croient tout savoir sur le voyage, les arrêts et les gares de campagne où personne ne descend plus même quand les gardes ouvrent les portières et sifflent pour rien.
Pourquoi sont-ils montés dans la vie comme on monte dans un train qui ne va nulle part ?
Enfin, longtemps plus tard, quand le train freine avant la dernière gare, ils meurent, oubliant qu'ils sont nés de rien et qu'ils se sont trompés de vie et de train.
J.B. 26 novembre 2008
N.B. Ce texte existe aussi en Italien sur le site Reppublicaindipendente (voir"liens")
dimanche 23 novembre 2008
Ode à l'Hiver
jeudi 20 novembre 2008
Thème pour une gare - A Paul Delvaux
immobile
Le train
on ne sait lequel
débouche du lointain
lentement comme s'il avait le temps
Aux fenêtres du convoi
mille visages interrogent le silence des quais
L'homme regarde le train qui passe et n'en finit
pas de passer
Oui mille visages de cire et de verre
un seul sourire peut-être capté dans un miroir
un seul probablement
Le train passe et c'est la dernière voiture d'acier
vert
que l'homme peut encore entendre glisser sans
bruit
sur le rail dont on ne sait quel lointain voyage
Et l'homme se noie dans la fin du cortège
des visages de glace qui se pressent comme des
mannequins nus
dans les vitrines d'un grand magasin de la place
Et l'homme pense mais pourquoi ne s'arrête-t-il
pas
tandis qu'il roule un peu plus vite vers la frontière
de la ville
Maintenant il se dresse, l'homme avec à ses pieds
la rose triste
qu'un main inconnue a sans doute jetée sur le
quai
au passage du train qui ne s'arrêtait pas
Il la regarde sans la voir
lui tourne le dos en haussant les épaules
et s'en va car elle ne reviendra plus
Le dernier train a disparu de la gare
inutile désormais
Ce texte publié en mai 2002 dans "Elégie pour un kaléidoscope" a été adressé à Paul Delvaux qui, en remerciement, m'a envoyé une carte postale signée de "la gare forestière".
Novembre
Un instant j'ai vu l'arbre transparent
en filigrane sur le ciel
une feuille translucide d'où s'évaporent les nervures
tel un tissu de radicelles
tel un fouet de pluie
tel un miroir de soleil d'eau picoré de rêves d'oiseaux
aujourd'hui envolés
à l'extrême des brumes d'un été déjà lointain
avec au centre des veinures
un coeur battant encore du souvenir
que recueillent les tombes
Dans tes yeux aussi je l'ai vu
l'arbre
dans tes yeux ouverts sur le vieillissement
de nos gestes et sur la solitude embaumée
des chrysanthèmes qui se fanent
Alors que les jours expriment la rouille
les fauves et les ocres lumineux
et que les vents accourent du fond des terres
J.B. 20 novembre 2008
mercredi 12 novembre 2008
L'écriture
Depuis 13 ans que je publie (difficilement), cette question m'est posée régulièrement, surtout de la part d'anciens collègues de travail (qui considèrent sans doute qu'il s'agit d'un passe-temps, ou d'un hobby, comme on dit aussi). Parfois, j'ai envie de répondre par une question: Je ne peux pas ? , ça te gène ?, tu crois que ça va me passer? Ce n'est pas si grave... Il y a dans cette question une espèce de jugement négatif qui m'est désagréable. Je sais bien que nul n'est prophète dans son pays.
Aussi, un jour, j'ai eu envie d'écrire ce que l'écriture représente pour moi.
L'écriture.
lundi 10 novembre 2008
Alma de Saint Cloud
La petite Alma de Saint Cloud
Est arrivée le 20 octobre, du ciel m’avait-t-on dit,
Du ciel ou de la terre, ça reste un beau mystère.
Et nous simplement de Belgique, petit pays voisin
Comme des mages frileux poursuivant la belle étoile
Sur les bords de la Seine.
C’est Tess le chat qui nous a ouvert la porte,
Il portait la clef à son collier,
Il miaulait d’une voix feutrée pour ne pas réveiller
La petite reine qui rêvait d’un pays lointain
Où tout le monde porte des noms à coucher dehors
Ou à dormir debout
Oseredzuk ou quelque chose comme ça,
Allez savoir.
Traduis-nous, Tess, dis-nous pourquoi
Ils s’appellent comme ça les gens de par là ?
De mémoire de chat, aussi longue que j’ai les moustaches,
Je n’en sais rien mais ils ont des prénoms que je comprend bien
Cécile qui chante et Arnaud qui peint, les deux grands
Rachel et Samuel les deux petits sages comme des images
Enfin, c’est ce qu’on dit car moi je n’en crois rien
Des enfants sages c’est triste et ennuyeux
Si vous voyez ce que je veux miauler.
Et il nous a tourné le dos
La queue droite comme un cierge de Pâques.
Antoinette et François derrière leur porte
Ecoutaient Tess sans respirer, tout guillerets.
La petite Alma, ils l’avaient vue déjà
Dans son berceau.
Ah ! quelle joie, la jolie princesse
Dont on dirait plus tard
Vous savez bien, la belle Alma
Celle qui est venue sans crier gare
Un jour d’automne et de soleil
Dans le cœur de ses parents
De la petite Rachel blonde comme les blés
Et de Samuel aux sombres mirettes de petit sorcier.
Alors, nous, on est
reparti comme les rois mages
Vers notre petit pays
Souhaitant tout le bonheur du monde à
La petite Alma de Saint Cloud.
mardi 4 novembre 2008
Où l'on reparle de la guillotine
Au repas nous avons convenu de nous adresser nos livres par la poste, à titre d'échange. Ce qui fut fait dans la quinzaine suivante. J'ai terminé la lecture d'un de ses livres Sur quelques propriétés des triangles rectangles édité chez Galilée, 9 rue Linné à Paris, en faisant la file au Grand Palais à l'exposition Picasso ( deux heures, heureusement au soleil). Cet essai me passionnait, cela va sans dire. Même une clarinette nasillarde d'un musicien de rue ne parvenait pas à me distraire de ma lecture.
J'avais retrouvé le mot triangle comme dans Triangles de la Nuit des temps, une de mes premières publications poétiques (Memory Press) mais aussi un sujet qui ne pouvait que rappeler mon premier roman :"L'arbre des exécuteurs" dont-il a d'ailleurs abondamment été question sur ce blog, il y a un certain temps. Je ne résiste pas à la tentation de reproduire ici la dédicace de Philippe. A Jean Botquin qui, si je m'en souviens bien, s'entend parfaitement à ces choses sombres.
Le petit livre de Philippe Bonnefis est un essai entièrement dédié au triangle rectangle dans la littérature du 19ième siècle en France, en particulier le triangle de sinistre mémoire qui modernisa la guillotine antérieurement dotée d'une hache convexe. Cette fameuse machine s'il faut en croire l'essai de Bonnefis fit révolution dans les lettres de ce pays. Plus récemment, au vingtième et même vingt et unième siècle elle fait encore parler d'elle. Notamment dans un roman de Sureau dont la version cinématographique serait, paraît-il, en préparation...à la grande gloire du bourreau parisien Deibler.
Donc (quatrième de couverture) le couperet avait la forme d'un croissant. Une tradition (...) veut que ce soit Louis XVI en personne (...) qui ait suggéré que le fer de la guillotine soit taillé en biseau, que ce soit Louis XVI lui-même,..., qui ait finalement obtenu qu'on renonce au demi-cercle en faveur du triangle rectangle...
Mieux vaut en rire qu'en pleurer.
Le tableau ci-dessus appartient à la collection de la Banque Bruxelles Lambert (actuellement I.N.G.). Il porte le titre: "Marie Antoinette escortée à la guillotine" Peintre Zuka. Cette photo est également reproduite dans les exemplaires dits de prestige de L'arbre des exécuteurs.
dimanche 2 novembre 2008
Le cimetière
La tombe est insaisissable. Elle est sûre que la tombe se déplace au fur et à mesure qu'elle avance entre les rangées. Jamais elle ne la trouve du premier coup. Il faut marcher plus vite qu'elle ou la prendre à contresens, presque par surprise. Cette partie de cache-cache avec ses parents aurait été amusante si elle ne s'accompagnait de la souffrance de les perdre à nouveau ou de la joie insupportable de les retrouver. Généralement, le soleil est déjà très haut quand, enfin, elle découvre la pierre tombale avec les deux noms l'un en dessous de l'autre. Le soir c'est plus difficile. Il lui est arrivé plusieurs fois de devoir escalader la porte pour quitter le cimetière ou de se faire chercher par le gardien qui lui avait mis un doigt sur l'épaule afin de la faire sortir de sa quête. Une fois, il lui avait dit:"Je vous observe depuis plus d'une heure, vous n'avez pas bougé comme si vous attendiez que l'on vienne vous chercher." Elle avait pensé sans répondre:" Il se trompe, j'ai marché tout le temps." Même qu'à un moment, elle avait failli courir mais s'était retenue pour ne pas réveiller les morts qui dormaient. L'apparence ignore souvent la réalité. Elle savait qu'elle devrait revenir le lendemain pour refaire le même chemin et qu'elle aurait le même espoir et la même crainte. Il y a des gestes qu'on ne peut que recommencer toujours. On se demande pourquoi.
J.B.
La photo ci-dessus reproduit une allée du cimetière du Dieweg, à Uccle.voir www.pragstorage.com/photos_3/cimetiere_dieweg
C'est un des cimetières les plus romantiques de Bruxelles. Il n'est plus guère exploité et la nature l'envahit de plus en plus. Hergé y est inhumé.
vendredi 31 octobre 2008
L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers de Nicole Versailles
Si vous êtes beaucoup plus jeune, vous serez peut-être un peu étonné que les choses se passaient comme cela dans nos familles, selon des schémas assez uniformes, en présence de parents assumant des rôles d'éducateurs assez rigides, motivés, à juste titre, croyait-on, par des convictions reçues d'antan et agissant pour le bien de tous, à commencer de celui des enfants et le respect de sacro-saintes règles ayant force de loi au sein des microcosmes familiaux.
On ne peut pas en vouloir à la narratrice d'avoir eu envie de faire renaître le passé et son enfance, même si certains ne l'ont pas trouvé à leur goût. Absolument rien d'injurieux en cela. Souvent les pères étaient absents et les mères déprimées et omnipotentes. Ou l'inverse. Ce fonctionnement des familles a laissé des traces, parfois très douloureuses. Comment s'en débarrasser sinon en en parlant, et, en l'occurence, O combien gentillement, avec retenue et amour. Il est possible qu'aujourd'hui on en aurait parlé plus tôt, on se serait expliqué plus jeune, ou on n'aurait peut-être pas du s'expliquer, les choses s'étant passées autrement. Et encore, il n'est pas sûr du tout que tout se passe simplement dans les familles d'aujourd'hui, recomposées ou non.
Alors, je retire ce que j'ai suggéré. Cet enfant à l'envers qui vaut bien l'enfant à l'endroit, il suffit de le regarder du bon côté, convient à tous les âges et à toutes les générations, surtout de la manière dont Nicole Versailles en a parlé, avec sa spontanéité habituelle et son savoir dire et son savoir écrire qui coule de source.
Tu vois Coumarine, j'ai lu ton livre. Et je me suis même permis de l'aimer beaucoup. Aussi je le recommande à tous ceux qui visitent mon blog.
mardi 28 octobre 2008
Auteurs à suivre aux Editions namuroises." Les conquêtes véritables" de Nicolas Marchal
Et au niveau de l'écriture ? Je copie Paul Emond:
Bref, un récit par bribes, jouant sur de multiples strates narratives et usant en permanence de l'ellipse, du discontinu, de la reprise, de la parallèle. Pas de temps mort, pas de transition pâteuse, sans cesse l'écriture est au plus vif. Roman aussi éclaté qu'éclatant. Mais roman montage aussi, et même roman macramé (...), car, qu'on ne s'y trompe pas , rien dans cette anarchie n'est laissé au hasard; aussi précise que discrète une architecture d'ensemble organise avec subtilité tous ces fils qui filent dans tous les sens.
La diffusion est assurée par les Presses universitaires de Namur, 13 Rempart de la Vierge, à Namur.
Tel 081 724884
Fax 081 724912
dimanche 26 octobre 2008
Toutes les bulles ne sont pas financières ou papales
Une bulle ? Cela n'existe pas.
Vous dites ? L'illusion d'un vent, une membrane de nébuleuse éphémère, un futur éclatement de ciel prisonnier, un tremblement transparent d'une peau de lait avide d'air, une boule de phosphore sur le point d'exploser, qui se pose d'abord sur le doigt, un souffle, une queue de nuage qui s'effiloche, un monocle de sulfure ?
Rien, la bulle, tout, la bulle ?
Le vide élastique où je place mon mot, pour rire bien sûr, petit facétieux, à moins que ce soit une larme en bulle ou une bulle en larme, à moins que ce soit -pfuit - une échappée pour ne rien dire, un satellite insignifiant, un trou de l'air de ne pas y toucher.
Vous dites que ça n'existe pas ?
Nom d'une pipe, soufflez dedans, soufflez.
Voilà, les voilà, les bulles. Une, deux, trois, quatre. J'arrête. Je ne les compte plus. Elles sont là, irisées dans le soleil, elles montent, elles vous entraînent, avec leur air de bientôt vouloir se suicider dans l'atmosphère, nirvana, plus rien, la sérénité, non, encore un petit arc-en-ciel de poche, attention, ne touchez pas la bulle, elle est ensorcelée, elle est magique, attention, elle tremble comme un nouveau-né, non non ne la touchez pas, laissez-la vivre, elle n'en a plus pour longtemps.
J.B.
vendredi 24 octobre 2008
Charme du roman d'un académicien français aux nouvelles du conteur belge Jean Botquin
Voilà que La Libre Belgique, sous la plume de Jacques Franck, m'associe au charme littéraire d'un académicien français, Philippe Beaussant. Je rougis de plaisir et ne résiste pas à celui de vous le faire savoir, séance tenante.
Sous le sous-titre "L'oeil aiguisé d'un conteur" je lis avec vous:
Son imaginaire, toujours surprenant, débouche souvent sur un fantasque explosif, voire érotique. Qu'il évoque un cadavre repêché dans le Canal du Centre, l'acheminement en Wallonie d'une gondole dont son gondolier ne veut pas se séparer à l'heure de la retraite, les corps qui s'attirent ou se repoussent, il est de ceux qui aident à voir la vie, le monde, d'un oeil aiguisé, plus éveillé, plus insolite.
Le journal du Centre me fait honneur (semaine du 20 au 25 octobre)
lundi 13 octobre 2008
Le temps des Don Quichotte
pour le Don Quichotte de Cervantes, en 1863.
Les jambes écartées par l'échine de Rossinante, Don Quichotte chevauche à travers la Mancha.
Ombre d'une ombre irréelle, il avance sur les béquilles du rêve vers Cuenca. Il tourne le dos aux moulins invincibles qui coupent l'air à coups de rasoir gigantesque.
Il abandonne le combat inutile.
Il va vers Cuenca, la belle appuyée contre les parois du ciel.
Suffit-il d'un plat à barbe pour paraître chevalier ?
Qui n'a dans son sillage un Pança plus savant que lui-même ?
Tu sers ma pensée, Pança, tu me suis partout sur les chemins torrides et solitaires.
Tu justifies à toi seul mon besoin d'exister. Tu écoutes mon chant nostalgique et les horreurs joyeuses de ma dérision.
Suffit-il de la jupe odorante de Dulcinéa pour croire au repos éternel, à la résurrection du désert, à la pluie des illusions retrouvées ?
Nous avions le regard hagard et lourd de folie.
Nous étions enfiévrés et brûlants comme si le feu coulait dans nos artères.
La fièvre dansait sous nos tempes.
Nous étions fous, pareils à Don Quichotte, le chevalier à la triste figure qui traversait les hauts plateaux enflammés par nos tristes prières.
J.B.
Le carrousel
Cette photo d'un beau manège appartient à Fanfan (Id 19890) 13-5-2005. Je l'ai cueillie sur le Web Site Fond d'image.com .
Le carrousel
Sur le cheval, le blanc aux yeux d'ivoire, la licorne aux ailes d'ange, tu montes et tu descends, en tournant, tournant toujours d'un tour à l'autre. Et tu tournes dans les miroirs où je te vois autant de fois, mille fois, je crois dans ma mémoire. Tu apparais puis disparais, mes yeux te suivent, te poursuivent. Jusqu'où pourront-ils te voir à chaque tour et te revoir ? Seule sur le carrousel, tu montes et tu descends. Ton rire éclate, tu tournes dans ma tête aux sons des orgues foraines, tes cheveux dansent, tes reins se cabrent. Chaque fois tu pars et tu reviens, tu entres, tu sors de la lumière, tu viens du rêve, la nuit te va, ton sommeil traîne dans ma mémoire. Où suis-je donc ? Où es-tu donc dans cette ronde qui n'en finit pas. Ton sourire passe. Tu passes, tu tournes, tu te détournes, tu fuis, tu t'échappes rivée à ce cheval ailé qui ne peut s'envoler puisqu'il est de bois
J.B. Le front haut p.20
mardi 7 octobre 2008
Le Parc naturel de la Maremme ( Toscane-Italie)
Quelques images de la Maremme que nous venons de découvrir.
Imaginez une plage de sable fin de plus de huit km couverte de squelettes d'arbres morts, blanchis par la mer et le vent, pins d'Alep, oliviers, chênes verts dénudés qui, le soir, prennent des formes dantesques à vous donner de la chair de poule . La plage et la mer au coucher deviennent lunaires tandis que les vagues s'éteignent dans un long chuchotement de larmes. Une espèce de peur commence à vous tenailler tellement la solitude s'agrandit autour de vous qui devenez minuscule. Vous vous êtes rhabillé, non pas qu'il fasse froid depuis que le soleil se cache mais parce que l'instant est solennel comme dans une église. On se mettrait bien à genoux dans le sable pour balbutier une prière dont on se souviendrait. Le sable est encore chaud. Et vous sentez la création du monde venir vers vous à grand pas.
A la lumière du jour, le Parc revit. Face aux chevaux, les petites vaches grises courbent l'échine pour vous faire admirer leurs cornes d'ivoire. Vous restez des heures à les regarder. Et elles vous regardent aussi avec une douceur presque insupportable. Vous vous sentez libres dans ce pays de fin du monde, au bout des terres habitées. Le temps, comme on dit, s'est arrêté. Vous oubliez d'où vous venez et où vous allez.
L'habitation qui nous a hébergés se trouve dans une exploitation agricole à Alberese, tout contre le Parc naturel de la Maremme.
Je m'appelle Europa
Une dame m'a posé la question si mon récit était inspiré par un désir d'homme que j'aurais prêté à une femme ou par un véritable désir de femme ? Autrement dit, pareil fantasme est-il possible dans la tête d'une femme ? A vrai dire, je n'en sais rien, et je souhaite rester au niveau de l'allégorie. Cependant, ayant écrit ce rêve et l'ayant attribué à une femme, je me suis rendu compte de la puissance des images lorsqu'elles ont un caractère insolite et qu'elles sortent des normes. L'érotisme tel qu'il apparaît dans ce texte revêt un caractère sacré et quasi religieux. Ce qui est en train de se passer relève de l'ordre du possible; le rêve devient réalité. L'invraisemblable n'est plus.
Revenons à la Maremme que j'aimerais illustrer de quelques photos à faire rêver comme je cherche à faire rêver les lecteurs de mes nouvelles. Une de mes lectrices m'a confié qu'elle ne lisait pas les nouvelles comme elle lit un roman. Elle attend du nouvelliste qu'il construise ses nouvelles en laissant de la place au lecteur qui doit pouvoir s'approprier les personnages. Ces derniers ne ressembleront pas nécessairement au modèle de leur auteur. Le lecteur les verra comme il les imagine. Il les aimera s'ils correspondent à son attente ou ne les aimera pas. Il risque aussi de se faire une opinion sur leur auteur qui déçoive ce dernier. La nouvelle serait-elle donc un genre dangereux à manipuler avec prudence ? En tout cas, c'est un genre difficile.
Donc, voilà la Maremme, ce far-west italien.
jeudi 2 octobre 2008
La poésie
Aujourd'hui je reprends la lecture de La preuve par le miel, un livre de Salwa Al Neimi, une écrivaine Syrienne. Un livre vivant, vibrant comme un coeur dans la poitrine ou, en certains chapitres, dans le sexe d'une femme.
Et je tombe sur une page qui parle de poésie, que j'ai envie de reproduire ici:
"Toujours, il récitait de la poésie. Des poèmes entiers qu'il apprenait par coeur ou bien qu'il me lisait, et je l'imaginais en train de les réécrire, pour moi seule.
La poésie était-elle une des clefs de mon corps?
La poésie était entre nous. Il m'aimait avec les vers des autres. Lorsqu'il partait en voyage, il me téléphonait pour me donner le nom d'un recueil ou d'un poème. Je cherchais le poète, je lisais les mots et je me rendais compte qu'il était avec moi.
Pessoa, Cavafy, Char, Michaux et d'autres que je ne connaissais pas. Je suis devenue comme lui. J'apprenais les poèmes arabes que j'aimais, je les répétais pour lui seul.
La poésie était-elle toujours entre nous?
Avec lui, j'ai repris l'écriture de mes petits poèmes, rite initial de chacune de nos rencontres. Il s'enquérait de mes mots. En silence, je lui tendais le poème. Il lisait comme s'il partait à la découverte de ma face obscure, masquée par la frivolité et mes éclats de rire. Il découvrait ce que je n'osais pas m'avouer à moi-même. En silence, il repliait le papier avec soin et le glissait dans sa poche.
Mon corps était-il une des clés de la poésie?"
Sans commentaires.
mercredi 10 septembre 2008
Trois sculpteurs de grand talent
lundi 8 septembre 2008
Mots et images
jeudi 4 septembre 2008
Charte Mondiale des Artistes pour l'eau
Tu me demandes : « Raconte-moi l’eau ».
Alors, je cherche les mots qui subtilisent des voyelles à l’eau- e, a, u- des voyelles en cascade, en cataractes, en rapides, en torrents, des voyelles en ruisseaux, rivières, fleuves, mers, océans, pluies diluviennes, des voyelles de bruine, de givre et de neige.
Imagine la terre sans eau, le ciel sans eau. Mais non c’est impossible, elle est toujours là pour la soif, la fraîcheur, le bonheur de la voir couler entre les pierres, les herbes et les fleurs. Elle est là pour la force qu’elle a de lutter contre le désert et le soleil. L’inventeur de l’eau est un grand magicien. Si l’eau s’envasait pour toujours, trois voyelles mourraient. Le langage deviendrait aride, incompréhensible. Essaie de parler sans eau, la gorge sèche, la langue dure comme un galet. Autant être sourd-muet. Parole gestuelle qui parle de l’eau avec les doigts et les lèvres, avec l’haleine et le souffle torride des terres qui n’ont plus d’eau, presque plus de voyelles…