mardi 31 mars 2015

Mes 4 recueils précédents

Ma poésie précédente aux Éditions du Cygne, Paris. Il est facile de se les procurer en les commandant directement en ligne à la maison d'édition. Mes amis résidents belges peuvent également les obtenir chez moi, en m'envoyant un message perso contenant toutes les données personnelles nécessaires à l'envoi par la poste.

L'avant-propos à mon nouveau recueil "Les quartier de lune pâle"

Avant-propos

La poésie a beaucoup évolué. On est loin de nos anthologies de poèmes classiques – de leur versification ou de leur métrique – poèmes qu’on nous faisait  apprendre par cœur dans l’art immémorial de la déclamation. Certains cultivent encore ce mode d’expression. Il suffit de compulser des revues de poésie – surtout françaises – pour découvrir  des rimailleurs « primesautiers » qui excellent dans ce mode un peu provincial où   les rimes  rythment la cadence en guise de musicalité. Loin de moi de vouloir prétendre que la versification ne peut s’accompagner d’idées originales, d’images réussies et que de ce type de poésie ne puisse se dégager un réel esthétisme. Il y a de magnifiques exemples dans nos manuels de littérature française. Personnellement, je n’ai jamais réussi à me soumettre à cette discipline.
 À l’autre extrême, depuis Verlaine, Mallarmé, Valéry, Rimbaud et Apollinaire, fondateurs de la poésie contemporaine,  existe une poésie libre – dans son expression –   qui a rejeté toutes les formes anciennes et qui attache plus d’importance  au fond et à la magie des mots formulés par notre inconscient qu’aux règles formelles. Ce qui ne veut pas dire que cette poésie évolue en toute liberté. Elle est nécessairement  tributaire du psychisme de son auteur, voire de sa  spiritualité. Sa nécessité ne découle pas de sa forme mais de sa nature profonde. Elle n’obéit qu’à elle-même. Selon moi, elle reste accessible aux autres, tant qu’elle  ne verse pas dans les outrances de l’écriture automatique ou de la poésie dadaïste, hermétique et, par conséquent,  incompréhensible pour le lecteur qui n’en possède pas les clefs  de décryptage. C’est à cette poésie libre, spontanée et limpide que j’ai pleinement adhéré.

 Le présent recueil réunit, comme dans « Strates du souvenir », des poèmes et des textes d’origine et d’époque diverses, les plus anciens ayant subi une certaine rénovation pour les adapter à ma façon d’écrire actuelle. Pas plus que dans mes recueils antérieurs je ne les ai datés.
 D’aucuns me reprocheront de manquer ainsi de fidélité à mon passé ou de ne pas respecter mon présent. Peu importe, j’aimerais que ma poésie soit intemporelle, ma poésie d’hier  comme  celle d’aujourd’hui.


Jean Botquin.


    

dimanche 29 mars 2015

Préface de Michel Cliquet à mon "Ies quartiers de lune pâle"

Préface
La poésie de Jean Botquin est un « chemin qui n’existe pas », ainsi qu’il l’évoquait dans « Ténéré ». Et le sujet de cette poésie, l’amour, est « l’éclair sur la dune » et la seule raison d’espérer. Ce sont les mots utilisés par Ariane François pour introduire l’auteur, qui nous offre aujourd’hui ce recueil de textes amoureux. Oui, Jean Botquin est un amoureux insatiable. Amoureux de la vie, de la sensualité, de l’infini des paysages sans limite, amoureux de la musique des mots et de la danse des images. Amoureux encore et surtout du corps ; de celui de la femme, dont il compare la sensualité à celle de ces paysages, et dont l’évocation du corps-à-corps fait frémir le lecteur de toute son échine.

Tu es le vent qui saute / vers l’estran et les dunes…
En vérité tu es le soleil / Tu caresses mon corps nu…
Les corps des amants ne sont pas à l’image, mais sont le paysage ; ils sont la nature ondoyante sous le souffle du vent, ils sont le feu du soleil, ils sont la blancheur du désert, ils sont les colonnes de sel de Sodome pâlies ; ils sont la mésange abandonnée, les fibres et les fleurs, ils sont la mouvance des sables.
La langue de Jean Botquin est un murmure d’alcôve, un chuchotement de derrière les buissons, mais aussi un cri de plaisir lancé à travers les déserts muets, par-dessus les atolls écumeux des mers tourmentées, à travers les cascades sauvages bondissant sous la sylve, ou encore assourdi par les mousses et les fougères où fuit la proie devant le chasseur avant de s’abandonner et de se rendre à merci.
Elle se fait encore muette, tout en caresses, en frémissements, en souffles, en humeurs, en odeurs…
Les jours s’allongeaient dans les aurores / et les crépuscules d’amour / Je passais toutes les nuits à veiller sur tes rêves / à respirer l’odeur de ton corps / à caresser les frémissements de ta peau / à cueillir des lèvres le chant de ta respiration

Mais Jean Botquin a deux visages. Il nous révèle aussi parfois celui de l’enfant qu’il est resté, en culottes courtes, épiant les oiseaux et cueillant les étoiles de ses mains innocentes.

Les anges nous touchaient de leurs ailes / Notre jeunesse portait son raz-de-marée / au-delà des fétiches qui se noyaient / Nous ne savions rien de ce qui nous attendait
Et ce visage-là préfigure bien entendu la naïveté de la tendresse qu’il exprimera envers l’éternel féminin sacré chanté dans ses plus forts élans poétiques.

Mesurer la distance entre la pointe du sein et la pointe du jour…

L’auteur, dans sa fragilité extrême et l’impudeur de ses évocations, nous fascine par cette vérité universelle, tendre et sensuelle à laquelle il nous arrive à tous de rêver dans nos moments de solitude ; et c’est dans l’aveu de cette fragilité que notre humanité se réconcilie avec nos peurs, nos doutes et nos espoirs secrets.

Michel Cliquet


  

mercredi 25 mars 2015

Les quartiers de lune pâle

En avant première, la couverture de mon nouveau recueil, "Les quartiers de lune pâle", à paraître incessamment aux Éditions du Cygne, Paris, dans la collection Poésie Francophone. Ce recueil de poésie est préfacé par mon ami Michel Cliquet. Ce sera ma 17 ième publication et mon douzième livre de poésie.

lundi 23 mars 2015

La jonquille.

Ce matin encore
Il fait très frais dans les prés
Une jonquille frissonne
J.B.

Perce-neige.

Des perce-neige baissent
Les yeux aux premiers rayons
D'un soleil frileux
J.B.

La guirlande.

Une guirlande céleste
Sur le bleu d'un ciel lointain -
Un cerisier rose ?
J.B

vendredi 13 mars 2015

Le rire.

Le rire
Il ne riait pas. On ne l'avait, dit-on, jamais vu ni entendu rire. Jamais. Il ne souriait pas non plus. S'il avait souri, la porte du rire se serait peut-être ouverte, à un moment donné. Quand il était petit, on avait tout essayé : les clowns, les chatouillements, les blagues. On rigolait autour de lui, très fort, pour l'entraîner comme on lance un moteur paresseux en tournant la manivelle. On lui disait : "Ah ! Ah ! Ah ! répète". Rien, sinon un air ahuri, les yeux grand ouverts, inexpressifs et sans joie. Une espèce de sérénité imbécile et glaciale. Riait-il sous cape ? On l'observa quand il regardait un film drôle à la télévision, on le filma à son insu. Pas une image avec ne serait-ce qu'un semblant, un début, un tremblement de rire, un retroussement des babines. Aucun espoir et cela depuis sa naissance, comme s'il avait ri tout son saoul dans une vie antérieure. C'est ce qu'un astrologue essaya d'expliquer aux parents à bout de ressources. C'est son karma. Il a trop ri dans sa vie passée. Il s'est trop éclaté. Il s'écroulait de rire. Il en est vraisemblablement mort. Mort de rire. Vous comprenez. Ceux qui sont morts de rire sont bien appris. Quand ils renaissent, ils jurent de ne pas recommencer. Ils escamotent les zygomatiques. Quelle histoire ! Un rebouteux lui imposa les mains en riant à gorge déployée. Joli spectacle. Il se mit à pleurer à gros bouillons. Là, il était doué. En pleurant, pas de risque de passer l'arme à gauche. Il restait en vie dans la vallée des larmes. Il n'y avait vraiment pas de quoi rire.
J.B.in " Le front haut"

lundi 9 mars 2015

La greffe siamoise.

La greffe siamoise
Depuis quelque temps, elle craignait qu'on ne la greffe sur un autre corps, n'importe lequel, le premier venu qui lui tendrait la main, une main secourable, amicale ou amoureuse. Il ne fallait pas dépasser l'effleurement car, au-delà, les deux mains pouvaient se fondre l'une dans l'autre, par les doigts ou par les paumes, et ne plus former qu'une seule main siamoise incapable d'appréhender le moindre objet. Alors, nécessairement, le sang de l'autre se mélangerait au sien, son âme entrerait dans la sienne par la porte éloignée de sa main. Elle ne pourrait plus s'en séparer. Il faudrait toujours tenir compte de sa présence, négocier chaque geste des membres restés libres et même, sans doute, chaque pensée. Elle ne serait plus jamais sûre de rien. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ce serait les idées de l'autre, ses émotions, ses envies qui lui seraient imposées. Si l'autre était un homme, ce serait encore pire. Cet homme aurait constamment envie de s'accoupler à elle, presque sans possibilité de s'y refuser. Il fallait à tout prix éviter cette confusion, être prudente quand une main s'avancerait vers elle, ne pas accepter qu'on la touche, ni la main ni un autre membre. Peut-être suffirait-il qu'elle mette des gants et ne se déshabille jamais en présence d'un témoin. Jamais ne se découvrir, ne pas jeter de regard qui pourrait être pris pour une invitation, une espèce d'ouverture, s'isoler complètement afin que l'autre ne puisse se mettre à sa place, ne soit tenté de l'embrasser, de se greffer d'une autre manière, n'importe comment. On peut estimer qu'une vie pareillement séparée de celle des autres ne se rencontre que dans les états monastiques ou dans le nirvana après l'extinction de tous les désirs, l'inévitable besoin de se rattacher à la mère, le désir de tendresse qui mène à la destruction personnelle.
A vrai dire, rien ne laissait supposer pareille évolution. Les gens qui l'observaient se posaient de nombreuses questions sur l'origine de cette angoisse. On pensait à une phobie nouvelle, le contraire de l'instinct grégaire, une sorte de folie centrifuge peu commune et encore inconnue.
J.B. in Le front Haut.

mercredi 4 mars 2015

Les paupières.

Les paupières
Les paupières lourdes des fenêtres altèrent l'or de la lumière. La maison a les yeux clos et paraît s'endormir dans la chaleur de midi.
A l'intérieur de l'heure creuse, d'une pièce à l'autre, tu vas. Puis, tu ouvres la fenêtre du jardin où mon ombre t'attend. Ton visage s'illumine à la manière de la fleur d'un magnolia au soleil. Me vois-tu, moi, qui ne suis peut-être que le sésame d'un temps ?
Et tu es là, l'espace d'un instant, le temps de refermer les paupières de la fenêtre sur ton visage et sur ta forme qui m'interroge sans cesse, l'espace d'un moment d'éternité.
Te voilà disparue. Mon ombre parmi les roses, hélas, ne fera plus qu'un temps. Serais-tu morose derrière les fenêtres closes à m'attendre éternellement ?
J.B. in Le front haut, Memory Press et chez l'auteur.
Photo prise à Nice