dimanche 30 janvier 2011

Encore à propos de "Bréviaire d'un quotidien", dans NOS LETTRES de l'A.E.B et REFLETS WALLONIE-BRUXELLES N°26, par Joseph Bodson, extraits.


...Ses haïkus sont pleins d'une fine ironie, de moquerie envers soi-même et l'écriture qui apparaît comme une sorte d'appeau, de leurre. Il a ici trouvé un ton, mi- figue mi- raisin, mi sérieux mi amusé, qui lui convient parfaitement. Il exerce même cette moquerie vis-à-vis de la mort, p.17, ce qui suppose une certaine dose de stoïcisme. Il sent très finement la corrélation entre une scène de nature, un sous-bois de jacinthe au printemps, dont la masse bleue semble se mouvoir, comme incertaine, et la notion d'avancée sans fin qui s'y rattache.

Ses haïkus de la cité, ou d'une chambre d'hôtel, nous donnent des scènes plus vives et plus nombreuses, aux contrastes plus accentués. Ici, les objets deviennent signes de désir.

Dans les haïkus du jardin botanique, chaque tercet est le portrait bref et humoristique d'un arbre, surpris au débotté presque, dans son intimité.

....

dimanche 23 janvier 2011

La confiance commence par le pied.


Photo de Guy Baltus
Tous droits rédervés
Ils faisaient du pied
Et de la main pour affirmer
Amour et tendresse
Haïku de Jean Botquin

mercredi 19 janvier 2011

jeudi 13 janvier 2011

Coeurs Absents de Mohamed El Jerroudi. Ma préface.


« Écrire un poème/ c’est rendre les choses obscures /pour qu’elles donnent de la lumière ». Mohamed El Jerroudi ne pouvait mieux exprimer le mystère de la création poétique. Cette définition, il la doit sans doute aussi à sa passion pour la peinture, car ce poète marocain est également critique d'art. Son écriture ne fonctionne-t-elle pas comme des pinceaux brossant des surfaces de nuit avec une matière dense, composée de mots simples et lumineux qui sculptent le ciel et dévoilent les étoiles ?

Nous nous sommes rencontrés fin 2007 sur internet. Dès le début, j’ai été conquis par la richesse intérieure de ses textes, l’humanisme de sa vision, le ton prophétique de ses incantations. Je les ai lus à haute voix. J’ai perçu immédiatement le caractère oral de cette poésie faite pour être proclamée du haut de montagnes ancestrales. Une poésie que l’on écoute, ce en quoi elle est orientale, avant de la lire tout bas. Orientale, elle l’est également à travers ses métaphores et son nomadisme.

El Jerroudi qui est méditerranéen sait, cependant, qu’au-delà des détroits (Gibraltar et Bosphore), il y a d’autres rivages qui suscitent rêve et espoir. On n’est pas professeur de français pendant près de quarante ans sans se pénétrer d’autres cultures qui pèsent de tout leur poids. Il affirme dans un de ses poèmes:”Je veux restituer chaque page/ au livre écrit/ dans toutes les langues/ de la terre”. El Jerroudi est un poète universel, au-dessus des nationalismes étroits, qui ne connaît pas les frontières et croit essentiellement aux valeurs véritables de l’homme d’où qu’il soit.

Que faut-il pour atteindre la hauteur des astres ? Mohamed nous l’apprend à chaque page de son livre. D’abord faire des choses simples, creuser la terre, planter un palmier, un olivier, un figuier. Cultiver l’amour filial, celui du père qui avant de partir a offert le reflet de son visage, celui de la mère dont la souffrance colle encore à la peau comme l’unique parfum de ses cheveux. Ne pas oublier les ancêtres dont le sang coule dans nos veines . Se souvenir de l’enfant que l’on a été et sans qui on ne serait capable de lire la couleur du matin.
Pétri de cet amour filial, ancré à ses racines ancestrales, Mohamed El Jerroudi exprime le temps qui passe, l’écoulement de la vie, la traversée du désert et l’angoisse qui l’accompagne. Les couleurs le hantent, il ne peut s’en passer, il leur attribue un pouvoir illimité. Quelle est donc la couleur de la vision intérieure ? « J’écrirai des poèmes,dit-il, je leur parlerai d’un ciel, dont la couleur n’existe que dans les yeux des aveugles ». Cette couleur-là personne ne la verra jamais.

Être poète, c’est tendre l’oreille pour écouter la solitude, c’est prendre le risque d’être abandonné par Dieu et par les hommes, c’est sauver la parole de ceux qui ont osé écrire les mots à l’envers, c’est à dire la parole de ceux qui sont entrés dans la révolte et ont refusé les règles qui jugulent la liberté. C’est aussi raconter ce qu’on a vu, l’horreur et la cruauté d’un monde de souffrance. Être poète, c’est donc vivre pleinement sans oublier que « derrière chacun de nos pas, il y a l’ombre d’un corps en poussière ».
Dans les textes d’El Jerroudi, Dieu est à la fois présent et absent. Dieu est indéchiffrable, un livre fermé. Il est peu probable qu’Il soit celui que les religions invoquent. Mais Il est celui vers qui le voyageur (El Jerroudi) marche, à travers le sable et le désert « pour être plus léger que le poids du départ ».

L’encre de Mohamed El Jerroudi est brûlante, elle dessine les mots, fait danser l’âme, raconte comment « le temps nous dévore et nous déshabille devant la mort », mais aussi, avant l’inéluctable, célèbre la vie et la beauté.

Livre de silence et de recueillement « Cœurs Absents » évoque dans un langage fluide comme un sang vivant, une spiritualité berbère étrange, émouvante, proche de la terre et du ciel.


Jean Botquin

Coeurs Absents. 10€ (à paraître)
Editions du Cygne, Paris
http://www.editionsducygne.com/

vendredi 7 janvier 2011

Inédit n°248 Paul Van Melle parle de mes haïkus "Occidentaux"

J'ai jusqu'à présent bien aimé Jean Botquin, on l'aura remarqué dans mes échos des Inédits 125, 131, 165, 185, 187, 221 et 234.
J'apprécie autant sa fidélité que son talent et ce n'est pas son Bréviaire d'un quotidien qui me dément. Ces haïkus de la première partie, ne respectant que la métrique faussement japonaise de 5/7/5, mais pas du tout les sens ou le non/sens suggéré par les haïkistes nippons, même le révolutionnaire Shiki, m'enchantent. C'est de la pure poésie de notre temps et de nos pays. De quoi prendre de jour en jour ou de service en service une de ces pages, en bon curé à soutane. Quant ensuite l'auteur nous entraîne dans" un tumulte baroque de torrents poétiques", qu'il voit comme "une transe verbale propre au délire", je le contredirai plutôt en y voyant l'irruption d'une poésie fraîche, tendre et pleine de sensibilité et de sensualité, comme le révèle cette " Abeille/sur la portée d'un chant mystique/butinant de ses lèvres minces/ les étoiles de larmes blondes". Il y a là bien mieux qu'un délire. (Éditions du Cygne, 4 rue Vulpian. F. 75013 Paris)

dimanche 2 janvier 2011

Le Non-Dit n°90 janvier 2011 Jean Botquin et le haïku par Michel Joiret


"Les choses de la vie" en quelques mots...


On pourrait parler d'une séduction mutuelle, d'un tracé consensuel. Le haïku se trouve au clair sous la plume de Jean Botquin et le poète puise dans le genre un aliment de premier choix. Bréviaire d'un Quotidien fait suite au surprenant recueil La chambre noire du Calligraphe. Il rassemble des haïkus qui obéissent à la règle classique et contraignante des 17 syllabes. Mais la clef de la réussite échappe à la mécanique formelle. Elle tient surtout à une perception, presque miraculeuse, de l'instant, à ce mouvement tout à la fois léger et précis qui isole une image du reste du monde. Botquin s'illustre dans le genre et dans la netteté du propos. Des haïkus comme "Le salon des mots/S'endort dans un ronflement/ De dictionnaire". "Un bruit d'horloge/Réchauffe le temps qui fuit/ D'un pas régulier". Et si la pratique du haïku assurait la maîtrise du temps ? On peut se poser la question à propos d'un livre qui prend ses assises dans le souffle, la méditation et la lenteur. Le poète procède délicatement, par glissements d'images, par permutations sémantiques, par le choix délibéré de la légèreté: "La neige vole/ Dévoile ses flocons blancs/ Repos des couleurs". L'inspiration n'est pas de mise; la prise en compte de l'instant suffit. Et nous savons que pour l'observateur éveillé, toute séquence brève passe pour une figure d'éternité. Jean Botquin ne cesse de l'appeler, de l'interroger, d'en déplacer les pièces comme s'il s'agissait d'un puzzle improbable, un idéogramme, un mobile protéiforme: "Le temps s'arrête/ Là, au départ de l'hiver/ D'un songe amer".

Le lecteur tente de saisir le mot qui passe, de prendre en compte le paraphe d'un instant et de s'en remettre à l'impromptu du sens. Il se rend compte alors que la dérive chaloupée du haïku lui conte bien davantage que sa propre intelligence des mots.