lundi 30 juillet 2012

Un commentaire sympathique de Josep Bodson sur "Strates du Souvenir"


Strates du Souvenir de Jean Botquin



Un livre très émouvant d'un auteur  doué d'un talent certain.

Désir de l'aventure, du voyage, et fascination de la beauté. Contraste entre le désir d'aventure, d'absolu, et le poids de la matière qui nous oppresse. La peur, parfois, même dans ce très beau texte où la femme aimée évoque un tableau de Matisse. Mais, ce qui constitue le centre irradiant du recueil, comme une rose éclairant une cathédrale, de très beaux chants d'amour, qui ont su puiser leur magie dans les soirs et les matins de claire lumière de l’Orient, « les élixirs de Nabeul ou de Marrakech », en des rythmes parfois qui imitent la danse du derviche tourneur, pour un tourbillon de tendresse.

Il y a là, parfois, par ce goût du rêve et de l'Orient, comme un écho de Gérard de Nerval :



Vous étiez la femme rencontrée partout

Dans l'anonymat des foules

Sortant du ventre des villes

Pareille aux mirifiques promesses

De celles qu'on attend malgré leur présence

Comme si vous montiez toujours dans le wagon

Du train où je n'étais pas

Je vous voyais là où vous n'étiez

Mirage que je formais derrière mes paupières

Qu’il suffisait de fermer pour que vous

Apparaissiez

Et quand j'ouvrais les yeux

Vous partiez en fuite

Comme si vous vouliez cesser d'exister (pp.49-50)



Des personnages devenus très subjectifs, dans lesquels la psychologie du personnage qui regarde  se reflète et se mêle, étant elle-même sous l'influence de  sa vision. Il en émane une sorte de brume, de vague dans lequel tout  se noie. C'est conçu avec beaucoup d'art. 


Ainsi p.60 :



Est-ce le sommeil ou

la mort

l'amour enfoui à jamais

jusqu'au réveil

inespéré


Joseph Bodson

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