Présentation de deux recueils
de Michel Cliquet :
-La Louve dévoilée
-Carrés de dames
Quand on parcourt les
publications de Michel Cliquet, on trouve et retrouve de façon régulière,
répétitive, le thème de la femme et de l’amour. La femme présente ou absente,
perdue, inventée, réinventée, adorée, intemporelle, universelle, tangible ou
séraphique, éternelle ou seulement passante, espérée, attendue, étendue,
tendre, sensuelle, mystérieuse et désirable, désirée sans être simple objet de
désir. On retrouve son corps et son âme, les deux confondus par la magie des
mots.
Qui connaît Michel Cliquet
sait qu’il est perpétuellement en voyage, à la recherche d’un absolu hors
d’atteinte. De façon imaginaire mais aussi dans la réalité quotidienne. Il est
souvent ailleurs, en route, et récemment encore sur les chemins des pèlerinages.
Son écriture est mouvante et
émouvante, tendre et sensuelle, en accord avec sa quête quasi religieuse,
pétrie de spiritualité, musicale, avec des accents de courtoisie moyenâgeuse. À
la femme il dit : « Vous ». Il ne la tutoie qu’avec les mains,
dans ses étreintes.
Une écriture parfaitement en harmonie avec sa quête.
Mais l’écriture ne lui a pas suffi, il l’a complétée par la sculpture, la photographie, l’édition, la publication, la chanson …
Nomade, Michel Cliquet ne
fait pas les choses à moitié. À saint Jacques de Compostelle, il s’arrête, puis
continue sa route jusqu’à l’Océan.
Certes, il a le goût de
l’aventure. Poète, il est toujours en
partance. Il est avaleur de temps et d’espaces, éternel recommenceur, chevalier à la prose a écrit Marcel Hennart, danseur
de madrigaux et de tangos renversés,
adorateur du corps féminin, de ses courbes, de ses vallées, de sa peau
soyeuse, de ses frémissements nocturnes,
de ses ombres tièdes, de ses toisons de louve, de ses parfums enivrants.
Je n’ai donc pas été surpris
de le voir accompagner les recueils, dont il est question aujourd’hui, d’un éloge photographique du corps féminin, puisé
auprès d’une artiste du nu, en noir et blanc, et chez lui-même. Photos d’un
charme discret susceptibles d’orienter nos rêveries voire nos fantasmes.
Ce rapprochement de deux
expressions artistiques, l’écriture poétique et la photographie, me paraît
intéressant à plus d’un titre.
Manifestement, il crée une ambiance
particulière qui accentue le côté suggestif des textes. Non pas que les textes
aient eu besoin d’un contexte photographique pour être compris car ils se
suffisent à eux-mêmes. Double expression
de beauté, intellectuelle et visuelle, parallélisme entre la formulation du
rêve et la réalité tangible. Aucun doute, c’est bien de cela dont parle le
poète.
Par ailleurs, le poète dans
sa quête amoureuse sublime l’objet de sa démarche poétique passionnelle. Il
rêve de ce qui est parfait. Les illustrations des recueils sont là pour le
prouver. Ce qu’il adore est adorable même si la réalité concrète parfois est différente.
Le résultat de cette
juxtaposition est parfaitement esthétique.
Nous avons pu constater
combien l’équilibre entre l’érotisme et la tendresse y tient du miracle. C’est
un langage universel puisé à l’essence
même de l’acte de chair, transcendé, enrichi aux papilles de l’amour. J’ose
dire qu’il s’agit d’un texte vécu de la maturité qui se situe bien au-delà de
l’anecdote ou de la simple aventure. Merci Michel !
+
+ +
M ais voilà que l’infatigable
troubadour se remet à chanter sous les fenêtres de sa belle. Il baptise son
chant de « Carrés de Dames », comme s’il y avait plusieurs amantes. Sous les aspects
retracés dans l’ombre des carrés, la multiplicité n’est qu’une manœuvre d’approche
de ce corps féminin unique dans sa diversité. Le puzzle se reconstitue dans l’unicité
du chant d’amour. Ici, c’est Michel Cliquet qui assure le découpage de la louve
étudiée d’un œil discret. Il a brisé la trame des voyages, posé sa besace et
son bourdon pour se consacrer au ressouvenir des espérances anciennes. Les vers
sont plus longs que dans « La
Louve Dévoilée ». Ils se balancent en d’étranges complaintes, en caresses
désirables autant que désirées. Même si la femme tremble de désir, il faudra la
conquérir à la fin de l’aventure. Elle ne se donnera toute entière que lorsque
tous les carrés se seront confondus. Les courbes se préparent dans le silence
des couches, les caresses sinueuses parcourent l’immanence dorsale et suscitent
d’infimes frémissements du grain de la peau d’un sein alangui ou d’une croupe
profonde, tandis que la chaleur du ventre s’emplit des promesses attendues.
Le poète-pèlerin-troubadour
termine son chant avec ces paroles :
Je voudrais vous offrir tous les matins du monde
À chaque aube cueillir vôtre âme et d’un baiser
Rallumer dans vos yeux les étoiles du ciel
Au point de chaque jour hâter votre désir
Et l’enchanter jusqu’à l’extase merveilleuse
Où mon sang se déverse en rivière de feu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire