lundi 27 mai 2013

La Louve Dévoilée et Carrés de Dames de MICHEL CLIQUET

Présentation de deux recueils de Michel Cliquet :
-La Louve dévoilée
-Carrés de dames

Quand on parcourt les publications de Michel Cliquet, on trouve et retrouve de façon régulière, répétitive, le thème de la femme et de l’amour. La femme présente ou absente, perdue, inventée, réinventée, adorée, intemporelle, universelle, tangible ou séraphique, éternelle ou seulement passante, espérée, attendue, étendue, tendre, sensuelle, mystérieuse et désirable, désirée sans être simple objet de désir. On retrouve son corps et son âme, les deux confondus par la magie des mots.

Qui connaît Michel Cliquet sait qu’il est perpétuellement en voyage, à la recherche d’un absolu hors d’atteinte. De façon imaginaire mais aussi dans la réalité quotidienne. Il est souvent ailleurs, en route, et récemment encore sur les chemins des pèlerinages.

Son écriture est mouvante et émouvante, tendre et sensuelle, en accord avec sa quête quasi religieuse, pétrie de spiritualité, musicale, avec des accents de courtoisie moyenâgeuse. À la femme il dit : « Vous ». Il ne la tutoie qu’avec les mains, dans ses étreintes.
Une écriture  parfaitement en harmonie avec sa quête.

Mais l’écriture ne lui a pas suffi, il l’a complétée par la sculpture, la photographie, l’édition, la publication, la chanson …

Nomade, Michel Cliquet ne fait pas les choses à moitié. À saint Jacques de Compostelle, il s’arrête, puis continue sa route jusqu’à l’Océan.
Certes, il a le goût de l’aventure. Poète, il est toujours  en partance. Il est avaleur de temps et d’espaces, éternel recommenceur, chevalier à la prose a écrit Marcel Hennart, danseur de madrigaux et de tangos renversés,  adorateur du corps féminin, de ses courbes, de ses vallées, de sa peau soyeuse, de ses frémissements  nocturnes, de ses ombres tièdes, de ses toisons de louve, de ses parfums enivrants.

Je n’ai donc pas été surpris de le voir accompagner les recueils, dont il est question aujourd’hui, d’un  éloge photographique du corps féminin, puisé auprès d’une artiste du nu, en noir et blanc, et chez lui-même. Photos d’un charme discret susceptibles d’orienter nos rêveries voire nos fantasmes.

Ce rapprochement de deux expressions artistiques, l’écriture poétique et la photographie, me paraît intéressant à plus d’un titre.
Manifestement, il crée une ambiance particulière qui accentue le côté suggestif des textes. Non pas que les textes aient eu besoin d’un contexte photographique pour être compris car ils se suffisent à eux-mêmes.  Double expression de beauté, intellectuelle et visuelle, parallélisme entre la formulation du rêve et la réalité tangible. Aucun doute, c’est bien de cela dont parle le poète.

Par ailleurs, le poète dans sa quête amoureuse sublime l’objet de sa démarche poétique passionnelle. Il rêve de ce qui est parfait. Les illustrations des recueils sont là pour le prouver. Ce qu’il adore est adorable même si la réalité concrète  parfois est différente.

Le résultat de cette juxtaposition est parfaitement esthétique.

                                                        
Nous avons pu constater combien l’équilibre entre l’érotisme et la tendresse y tient du miracle. C’est un langage universel puisé  à l’essence même de l’acte de chair, transcendé, enrichi aux papilles de l’amour. J’ose dire qu’il s’agit d’un texte vécu de la maturité qui se situe bien au-delà de l’anecdote ou de la simple aventure. Merci Michel !
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M ais voilà que l’infatigable troubadour se remet à chanter sous les fenêtres de sa belle. Il baptise son chant de «  Carrés de Dames », comme s’il y  avait plusieurs amantes. Sous les aspects retracés dans l’ombre des carrés, la multiplicité n’est qu’une manœuvre d’approche de ce corps féminin unique dans sa diversité. Le puzzle se reconstitue dans l’unicité du chant d’amour. Ici, c’est Michel Cliquet qui assure le découpage de la louve étudiée d’un œil discret. Il a brisé la trame des voyages, posé sa besace et son bourdon pour se consacrer au ressouvenir des espérances anciennes. Les vers sont plus longs que dans  «  La Louve Dévoilée ». Ils se balancent en d’étranges complaintes, en caresses désirables autant que désirées. Même si la femme tremble de désir, il faudra la conquérir à la fin de l’aventure. Elle ne se donnera toute entière que lorsque tous les carrés se seront confondus. Les courbes se préparent dans le silence des couches, les caresses sinueuses parcourent l’immanence dorsale et suscitent d’infimes frémissements du grain de la peau d’un sein alangui ou d’une croupe profonde, tandis que la chaleur du ventre s’emplit des promesses attendues.

Le poète-pèlerin-troubadour termine son chant avec ces paroles :
Je voudrais vous offrir tous les matins du monde
À chaque aube cueillir vôtre âme et d’un baiser
Rallumer dans vos yeux les étoiles du ciel
Au point de chaque jour hâter votre désir
Et l’enchanter jusqu’à l’extase merveilleuse
Où mon sang se déverse en rivière de feu.     


Jean Botquin










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