mardi 4 février 2014

Cimetière.

CIMETIÈRE

Quittant l'amarrage des ports imaginaires,
Mes longs fantômes
Que l'aube disloque dans la brume des appareillages
Glissent sur le faîte des tombes, lentement
Si lentement, que déjà il est minuit
Et que se creusent les visages baissés sur l'espoir.

Les voiles voguent, pendant aux croix,
Quand le cri de la folle s'érige
Telle une lame saillant de la chair
Pour s'éteindre en sanglots parmi les roches.

Tandis que se meurent les ailes
Blafard, le visage colle ses lèvres à la grille,
Lèche la rouille, et saigne !

Et cette main agrippée à la pierre
Comme une griffe I - 0, grandit, grandit toujours.

Alors que glissent mes longs fantômes.
Pâlisse l'horizon : emportée, la prière souffre
Au loin sur la brise des morts.

Jean BOTQUIN. Poème publié en janvier 1955, dans « Lettres de Poche », à Louvain pendant mes études de Droit.

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