dimanche 6 janvier 2013

En primeur, l'avant-dire de Jean Botquin au recueil de Mohamed El Jerroudi " Les yeux des Autres" à paraître aux Editions du Cygne, Paris.


Avant-lire

 

On connaît le grand intérêt porté par l’ancien professeur de français Mohamed el Jerroudi de Tétouan (Maroc) pour les arts plastiques et sa collaboration à l’activité artistique de son pays. Les dessins  qui ornent ce nouveau recueil sont de  Saâd Ben Cheffaj, peintre renommé marocain, né en 1939, qui vient de fêter le cinquantième anniversaire de sa carrière. Leurs chemins se sont croisés ; ils ont, en quelque sorte, fondé un mouvement que les médias marocains de l’époque ont désigné sous le vocable de Picto-Poésie. Il est vrai que la poésie  et  la peinture contemporaines, en particulier la poésie de Mohamed, sont très proches l’une de l’autre. C’est donc un bonheur de pouvoir saluer cette rencontre dans ce nouveau recueil, que Mohamed portait en lui depuis de nombreuses années.

La poésie de Mohamed el Jerroudi prend sa source dans le mystère de la vie, Nous sommes aux confins du désert, des mers et de  l’océan. Nous sommes au pied des montagnes du sommet desquelles les ancêtres ont prodigué leur enseignement et leur sagesse. Le poète est toujours en partance, prêt à l’errance pour se retrouver, à la recherche de lui-même, Aujourd’hui, peut-être, ne voyage-t-il plus que dans sa tête, surtout quand il a entamé la fin de son parcours terrestre ou  quand, du moins, il est très près de le faire. Mais est-il nécessaire d’encore se déplacer par monts et par vaux ? Car d’un mot, dit-il, je fais de ma vie un homme qui marche.

Ce besoin profond de quitter le monde des humains est inscrit dans ses gènes de façon indélébile. Il se traduit dans les métaphores de sa pensée et de son écriture. S’il veut quitter le monde de ses semblables, sans toutefois l’oublier ou le renier, c’est pour mieux répondre à sa quête intérieure. Fuite ou retour à la concentration essentielle, à la méditation, à la dévotion des véritables valeurs parfois embaumées des souvenirs et des lambeaux de rêves amoureux.  Spiritualité plus que religion, profonde croyance en l’humanité tellement bafouée. Car el Jerroudi se dit habité d’une révolte permanente contre toutes les exactions des puissants de ce monde, contre le sang coulant en vain pour des causes perdues d’avance.

Comme toutes les errances à travers l’univers, les départs et les marches sont sans fin, parsemées d’embûches. Peut-être ne peuvent- ils aboutir que dans la mort sous le regard des autres.

Inlassablement, Mohamed el Jerroudi continuera, soyez en sûrs, à transporter l’eau douce au désert jusqu’au sable du refus.     

 

jean botquin

1 commentaire:

Danièle Duteil a dit…

Merci, Jean ! Une présentation qui donne envie de lire le livre.