Et alors comme un sacre
comme on entre dans une église
ou une maison occitane réverbérée
par les mers qui les épousent toujours plus
qui s'épanouissent par les porches ou les vestibules
du silence et de la pureté de nos sens
anoblis par l'adoube de notre nudité
et de notre fragilité
et de ta beauté
par l'exubérance de ton corps
en mouvement marchant vers la délivrance intérieure
sur les sentiers de sable sur les tapis de fleurs
sur les pelouses ombragées des arbres de vie
s'élançant vers le ciel et qui nous recouvrent
de leurs bras de feuillage et de leur amour intemporel
Et alors comme dans les noces les plus
longues de l'aube au seuil des matins solitaires nous embrassâmes toutes les roses tremblantes de la nuit occitane
derrière les portes abandonnées derrière les paravents de fraîcheur où s'étaient réfugiés les oiseaux
après notre réveil et plus loin encore
derrière les haies des jardins où toutes les saisons s'effeuillaient tels les astres amoureux à la pointe du jour
Et alors les greniers se remplirent du vol des oiseaux que les lucarnes accueillaient à bras ouverts et les coffres anciens soulevèrent à leur tour en grinçant leur couvercle pour laisser s'échapper les crinolines impatientes
les soies fébriles et les chevelures de vieilles poupées assoupies dans l'oubli
Et alors les jardiniers apparurent vêtus d'adolescence
Les statues perdirent leur insolence Les promeneurs se prirent par la taille tandis que les enfants poussaient leurs cerceaux vers le fond des jardins.
J.B. Dernière page de "La mer Occitane"
vendredi 15 novembre 2013
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