Élégie
Quand nous franchirons les portes de la ville abandonnée
pour rejoindre les frontières de l’impossible avec l’espoir de les franchir
Laissant derrière nous l’enchevêtrement des ruelles obscures
Les patios encombrés des déchets du passé
Les couloirs sans issus
Les étals recouverts de salpêtre et de restes innommables
Les relents de peurs anciennes accrochés aux murs des
chapelles votives
Les montagnes de désespoirs accumulés au fil des jours
Et des nuits sans lune ni étoiles comme des terrils de
scories
Nous irons vers les pontons branlants bordant l’océan des
ténèbres vêtus de notre seule nudité avec en bouche le désir de macérer un
graal imaginaire
Fuir soi-même comme si nous existions encore dans nos corps
d’animaux dénaturés
Fuir le souvenir des battements de notre cœur quand il battait la chamade à l’approche de
corps sublimes au temps des marchands de sable amoureux
Quand nous franchirons les portes de la ville abandonnée
Avant l’écroulement des enceintes
Oubliant le son de nos pas sous les voûtes
Et la résonance de nos prières adressées vers l’au-delà
Jean Botquin