mercredi 12 novembre 2014

La grange.


L'abbaye de Ter Doest n'est plus. Seul vestige millénaire, une grange survit comme un vaisseau échoué dans le plat pays, entre Lissewege et Bruges. Je me suis approché humblement pour baiser la brique patinée, la brique de sable piquée de cendre, la brique macérée par des siècles d'histoire. Des lèvres, j'ai goûté la forme des mains qui les ont façonnées, il y a bien longtemps, à l'époque où les granges s'inspiraient des cathédrales pour se dresser au milieu des champs. La grange de Ter Doest porte sur la forêt de ses poutres sa voûte de tuiles qui la préserve des vents de la mer, son toit immense retombant vers la terre comme les pans d'une cape dont on se couvrait jadis les soirs d'hiver. A l'intérieur règne un silence grégorien, entrecoupé de roucoulements, de brefs coups d'ailes claquant dans la pénombre où s'infiltrent entre les tuiles des étincelles de clarté. Les colonnes de chêne se dressent supportant la charpente dont on imagine les craquements sinistres, les nuits de grand vent, comme ceux d'un voilier perdu qui virerait de bord constamment.
J.B.
Intérieur de la grange de l'Abbaye disparue.

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