dimanche 29 mars 2015

Préface de Michel Cliquet à mon "Ies quartiers de lune pâle"

Préface
La poésie de Jean Botquin est un « chemin qui n’existe pas », ainsi qu’il l’évoquait dans « Ténéré ». Et le sujet de cette poésie, l’amour, est « l’éclair sur la dune » et la seule raison d’espérer. Ce sont les mots utilisés par Ariane François pour introduire l’auteur, qui nous offre aujourd’hui ce recueil de textes amoureux. Oui, Jean Botquin est un amoureux insatiable. Amoureux de la vie, de la sensualité, de l’infini des paysages sans limite, amoureux de la musique des mots et de la danse des images. Amoureux encore et surtout du corps ; de celui de la femme, dont il compare la sensualité à celle de ces paysages, et dont l’évocation du corps-à-corps fait frémir le lecteur de toute son échine.

Tu es le vent qui saute / vers l’estran et les dunes…
En vérité tu es le soleil / Tu caresses mon corps nu…
Les corps des amants ne sont pas à l’image, mais sont le paysage ; ils sont la nature ondoyante sous le souffle du vent, ils sont le feu du soleil, ils sont la blancheur du désert, ils sont les colonnes de sel de Sodome pâlies ; ils sont la mésange abandonnée, les fibres et les fleurs, ils sont la mouvance des sables.
La langue de Jean Botquin est un murmure d’alcôve, un chuchotement de derrière les buissons, mais aussi un cri de plaisir lancé à travers les déserts muets, par-dessus les atolls écumeux des mers tourmentées, à travers les cascades sauvages bondissant sous la sylve, ou encore assourdi par les mousses et les fougères où fuit la proie devant le chasseur avant de s’abandonner et de se rendre à merci.
Elle se fait encore muette, tout en caresses, en frémissements, en souffles, en humeurs, en odeurs…
Les jours s’allongeaient dans les aurores / et les crépuscules d’amour / Je passais toutes les nuits à veiller sur tes rêves / à respirer l’odeur de ton corps / à caresser les frémissements de ta peau / à cueillir des lèvres le chant de ta respiration

Mais Jean Botquin a deux visages. Il nous révèle aussi parfois celui de l’enfant qu’il est resté, en culottes courtes, épiant les oiseaux et cueillant les étoiles de ses mains innocentes.

Les anges nous touchaient de leurs ailes / Notre jeunesse portait son raz-de-marée / au-delà des fétiches qui se noyaient / Nous ne savions rien de ce qui nous attendait
Et ce visage-là préfigure bien entendu la naïveté de la tendresse qu’il exprimera envers l’éternel féminin sacré chanté dans ses plus forts élans poétiques.

Mesurer la distance entre la pointe du sein et la pointe du jour…

L’auteur, dans sa fragilité extrême et l’impudeur de ses évocations, nous fascine par cette vérité universelle, tendre et sensuelle à laquelle il nous arrive à tous de rêver dans nos moments de solitude ; et c’est dans l’aveu de cette fragilité que notre humanité se réconcilie avec nos peurs, nos doutes et nos espoirs secrets.

Michel Cliquet


  

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