samedi 17 mai 2008

La mer du Nord


Deux jours à la mer du Nord nous ont permis, ma femme et moi, de nous souvenir de la mer de notre enfance, celle du Nord comme je l'ai décrite dans un texte du Front Haut.
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Voilà l'hiver - ou presque - et la mer, la vraie, celle du Nord. Sur la plage infinie, des mouettes, des goélands, entre la rangée de dunes et la vague qui se meurt, le sable mouillé, les coquillages écrasés brillant sous l'eau que la marée aspire. Seuls, elle et lui marchant pieds nus le long de la mer, elle une jupe de vent, un chapeau d'embruns, les yeux pleins de larmes et de froid, le nez humide, lui, avec un air de marin, la retenant par la main afin qu'elle ne s'échappe pas, afin qu'il puisse la garder, la regarder, alors qu'elle n'est pas à lui, qu'elle est toujours ailleurs, dont l'âme vole comme un goéland qui reprend le ciel au-dessus de la mer, comme un voilier qui quitte l'estacade, toujours en partance, affolée par l'espace et par le vide, vivant portes et fenêtres grandes ouvertes sur la mer, fermées sur l'intérieur d'elle-même, afin que personne n'y entre, personne, même pas lui, enfin peut-être un peu de lui, très peu de lui. Plus tard, on aurait pu croire que c'était la nuit tellement le ciel était plein de pluie. La jupe lui collait aux cuisses. Ses souliers glissaient sur la digue.. Ils se tenaient aux balustrades comme si la mer allait les emporter. Plus tard encore, on les vit enlacés. Ils se tenaient l'un à l'autre comme s'ils avaient peur de se séparer. En tous cas, c'était l'impression qu'ils laissaient derrière eux qui avançaient toujours plus loin le long de la mer, la vraie, celle du Nord.


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