mardi 7 octobre 2008

Je m'appelle Europa









Marianne et moi revenons de la Maremme, cette région sauvage de la Toscane où paissent des petites vaches superbes aux cornes acérées, courbées et dorées comme des cercles solaires. En les voyant, j'ai pensé au jeune taureau de Pasiphaé de la civilisation Crétoise qui donna naissance à Minos, roi de Knossos en Crète, et qu'on appela le Minotaure. En Egypte ancienne, c'est une vache qui incarne la déesse de l'Amour, la déesse Hathor. J'ai raconté tout cela dans la nouvelle qui ouvre mon dernier recueil, en transposant de manière allégorique le récit de la mythologie crétoise dans un cadre moderne avec des personnages actuels, une famille comme il en existe partout et où l'entente est aussi difficile qu'en Europe d'aujourd'hui. Mon jeune personnage féminin qui se dore au soleil de la mer Egée fait un rêve qui rappelle étrangement les effusions de la nymphe Europa avec le superbe animal que Zeus a incarné pour la séduire. Animal sacré s'il en est, la légende ne pouvait mieux choisir.
Une dame m'a posé la question si mon récit était inspiré par un désir d'homme que j'aurais prêté à une femme ou par un véritable désir de femme ? Autrement dit, pareil fantasme est-il possible dans la tête d'une femme ? A vrai dire, je n'en sais rien, et je souhaite rester au niveau de l'allégorie. Cependant, ayant écrit ce rêve et l'ayant attribué à une femme, je me suis rendu compte de la puissance des images lorsqu'elles ont un caractère insolite et qu'elles sortent des normes. L'érotisme tel qu'il apparaît dans ce texte revêt un caractère sacré et quasi religieux. Ce qui est en train de se passer relève de l'ordre du possible; le rêve devient réalité. L'invraisemblable n'est plus.

Revenons à la Maremme que j'aimerais illustrer de quelques photos à faire rêver comme je cherche à faire rêver les lecteurs de mes nouvelles. Une de mes lectrices m'a confié qu'elle ne lisait pas les nouvelles comme elle lit un roman. Elle attend du nouvelliste qu'il construise ses nouvelles en laissant de la place au lecteur qui doit pouvoir s'approprier les personnages. Ces derniers ne ressembleront pas nécessairement au modèle de leur auteur. Le lecteur les verra comme il les imagine. Il les aimera s'ils correspondent à son attente ou ne les aimera pas. Il risque aussi de se faire une opinion sur leur auteur qui déçoive ce dernier. La nouvelle serait-elle donc un genre dangereux à manipuler avec prudence ? En tout cas, c'est un genre difficile.

Donc, voilà la Maremme, ce far-west italien.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ah oui! j'aime beaucoup ton dernier paragraphe concernant les nouvelles. Je te rejoins complètement sur le fait de laisser de la place au lecteur
(Je n'ai pas encore commencé ton livre..mais ça va venir, je te tiendrai au courant!)
Les photos sont très belles aussi...

jean.botquin a dit…

Merci pour ta visite