lundi 13 octobre 2008

Le temps des Don Quichotte

Illustration du peintre français Gustave Doré
pour le Don Quichotte de Cervantes, en 1863.


Les jambes écartées par l'échine de Rossinante, Don Quichotte chevauche à travers la Mancha.

Ombre d'une ombre irréelle, il avance sur les béquilles du rêve vers Cuenca. Il tourne le dos aux moulins invincibles qui coupent l'air à coups de rasoir gigantesque.
Il abandonne le combat inutile.
Il va vers Cuenca, la belle appuyée contre les parois du ciel.

Suffit-il d'un plat à barbe pour paraître chevalier ?
Qui n'a dans son sillage un Pança plus savant que lui-même ?
Tu sers ma pensée, Pança, tu me suis partout sur les chemins torrides et solitaires.
Tu justifies à toi seul mon besoin d'exister. Tu écoutes mon chant nostalgique et les horreurs joyeuses de ma dérision.

Suffit-il de la jupe odorante de Dulcinéa pour croire au repos éternel, à la résurrection du désert, à la pluie des illusions retrouvées ?

Nous avions le regard hagard et lourd de folie.
Nous étions enfiévrés et brûlants comme si le feu coulait dans nos artères.
La fièvre dansait sous nos tempes.
Nous étions fous, pareils à Don Quichotte, le chevalier à la triste figure qui traversait les hauts plateaux enflammés par nos tristes prières.


J.B.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime ta façon d'écrire Jean...comme par exemple la façon dont tu as écrit ton commentaire chez moi, à propos du prunus...
Je me rends compte combien l'écriture est importante pour moi, combien elle me met en connivence avec ceux dont j'aime l'écriture

Cristina a dit…

Merci beaucoup, Jean, pour ton sympathique message.
J'aime bien ton texte et suis très tentée d'emprunter "les béquilles du rêve" pour suivre l'homme de la Mancha!!
Bonne fin de semaine.

Cristina a dit…

Superbe poème de l'automne.Il me touche beaucoup.
Bonne fin de semaine!