dimanche 11 janvier 2009

La guerre est absurde, quand donc la paix ?


La guerre de Piero





Tu dors enterré dans un champ de blé

ce n’est pas la rose, ce n’est pas la tulipe

qui te veillent à l’ombre des fossés

mais ce sont mille coquelicots rouges

le long des rives de mon torrent

je veux que descendent les brochets argentés

non plus les cadavres des soldats

portés par les bras du courant

ainsi disais-tu et c’était l’hiver

et comme les autres vers l’enfer

tu t’en vas triste comme on doit l’être

le vent te crache la neige au visage

arrête-toi Piero, arrête-toi maintenant

laisse le vent te passer un peu dessus

il t’apporte la voix des morts dans la bataille

qui demanda la vie eut une croix en échange

mais tu ne l’entendis pas et le temps passait

avec les saisons au rythme de la java

et tu parvins à franchir la frontière

par un beau jour de printemps

et tandis que tu marchais l’âme en berne

tu vis un homme au fond de la vallée

qui avait la même humeur que toi

mais l’uniforme d’une autre couleur

tire-lui dessus Piero, tire-lui dessus maintenant

et après un coup, tire-lui dessus encore

jusqu’à ce que tu le vois exsangue

tomber à terre et la couvrir de sang

et si je lui tire dans le front ou dans le coeur

il aura juste le temps de mourir

mais il me restera du temps pour voir

voir les yeux d’un homme qui meurt

et tandis que tu lui portes cette attention

il se retourne, il te voit et il a peur

et le fusil à l’épaule

il ne te rend pas la politesse

tu tombas à terre sans un cri

et tu t’aperçus en un seul instant

que le temps ne t’aurait pas suffi

pour demander pardon pour tous tes péchés

tu tombas à terre sans un cri

et tu t’aperçus en un seul instant

que ta vie se terminait ce jour-là

et qu’il n’y aurait pas de retour

ma Ninetta, crever en mai

il faut beaucoup trop de courage

ma belle Ninetta, droit en enfer

j’aurais préféré y aller en hiver

et tandis que le blé t’accueillait

dans les mains tu serrais un fusil

dans la bouche tu serrais des mots

trop gelés pour fondre au soleil

tu dors enterré dans un champ de blé

ce n’est pas la rose, ce n’est pas la tulipe

qui te veillent à l’ombre des fossés

mais ce sont mille coquelicots rouges.



Fabrizio De André



Texte original en italien:

http://www.italianissima.net/testi/laguepi.htm



Traduit de l'italien par Patricia Tutoy, le 3 août 2008.

http://ptutoy.over-blog.net/article-21715414.html

Ce très beau texte m'a été proposé par Pietro d. Perrone.
Merci Pietro.

9 commentaires:

Cristina a dit…

Très émouvant ce texte.
Pourquoi tant de haine et violence dans ce monde?!
Triste et dure réalité.
Bonne semaine, Jean.

Anonyme a dit…

Après la guerre, la paix...

jean.botquin a dit…

Oui, on ne peux faire la paix qu'avec ses ennemis...

pierperrone a dit…

...sauf pour les morts qui ne peuvent plus jamais faire la paix avec aucun autre. Au moins dans ce monde. Sans dire de ceux qui continueront à cultiver la haine pour générations à suivre, après avoir perdu tous les biens, ou ses affects (les aimèes) plus cheres, ou de parties de leur même corps.
Au regard, il a dit beaucoup de choses Elias Canetti (j'en voudrais parler prochainement sur la repubblicaindipendente).

jean.botquin a dit…

Espérons que les morts, Pietro, à défaut de pouvoir faire la paix avec les autres, vivent (pourquoi pas )en paix avec eux-mêmes. Ce serait le sens du repos éternel.

Il est vrai que la guerre engendre souvent la haine de ceux qui ont tout perdu, leurs biens où les êtres chers, et parfois, comme tu l'écris, des parties de leur corps. Et peut-être souvent aussi la haine de ceux qui s'identifient aux victimes pour compenser d'autres manques, alors qu'eux-mêmes n'ont rien perdu dans cette guerre. Ils mettent de l'huile sur le feu et la paix devient impossible...Je pense aux manifestants dont les intentions ne sont pas nécessairement pures.

pierperrone a dit…

Oui, je suis vraiment d'accord.En Italie, comme j'ai deja dit, la situation est critique, puisque ici, au-delà de la politique idéologique et interessèe seulement à ses intérêts d'affaires, il ya aussi l'Etat l'Église qui fait sa politique et charges notres consciences et la notre vie social (parfois bien, parfois mauvaisement). Mai ce matin j'i lu sur le journal que en Belgique aussi, dans ces jours il y a des problemes parmi l'Eglise e le Roi, qui a approuvè une loi nuovelle "disagreable"...
Ah, la Science moderne...

Paola Tassinari a dit…

pourrait être réellement passé. GUERRE BASTA BASTA

Patricia Tutoy a dit…

Bonjour Jean,
Merci d'avoir proposé aux lecteurs de votre blog le magnifique texte de Fabrizio De André.
Amitiés.

jean.botquin a dit…

Merci Patricia. Heureux que vous ayez trouvé votre belle traduction sur mon blog. Revenez quand vous voulez.