samedi 7 mai 2011

Ainsi se termine La mer occitane, une longue lettre d'amour

Maintenant le dernier voyage a commencé
l'empreinte nouvelle dans l'empreinte ancienne
à travers la longue plage déserte de la côte occitane
immobile
entrée en cette vacuité de l'âme
d'où naît le renouvellement
et l'oubli du passé
et la marche du temps
et les instants d'éternité
le temps d'un reste de vie
dont chaque moment compte sur les vingt doigts
qui me restent
et dont je te serai redevable
comme de tout désormais

Maintenant j'écris nu
sur la plage dans la position de ceux qui adorent la vie et le soleil
j'écris sur le papier bleu
du ciel de tes yeux
la plus longue lettre d'amour
que j'ai jamais écrite

Nous nous sommes baignés
une dernière fois avant de partir
dans la liberté de n'être rien que nous-mêmes

la mer s'évapore de nous
comme d'une robe de pluie
comme d'une robe de lèvres
le soleil se fraye un chemin dans les creux
les plus intimes de l'écorce
de nos corps qui s'ouvrent sous la lumière

Et alors comme un sacre
comme on entre dans une église
ou une maison occitane réverbérée
par les mers qui les épousent toujours plus
qui s'épanouissent par les porches ou les
vestibules du silence et de la pureté de nos sens
anoblis par l'adoube de notre nudité et de
notre fragilité et de ta beauté par l'exubérance de
ton corps en mouvement marchant vers la
délivrance intérieure sur les sentiers de sable sur les
tapis de fleurs sur les pelouses ombragées des arbres
de vie s'élançant vers le ciel et qui nous recouvrent
de leurs bras de feuillage et de leur amour
intemporel

Et alors comme dans les noces les plus
longues de l'aube au seuil des matins solitaires nous
embrassâmes toutes les roses tremblantes de la nuit
occitane derrière les portes abandonnées derrière les
paravents
de fraîcheur où s'étaient réfugiés les oiseaux après
notre réveil et plus loin
encore derrière les haies des jardins où toutes les
saisons s'effeuillaient tels les astres amoureux à la pointe du jour
Et alors les greniers se remplirent
du vol des oiseaux que les lucarnes accueillaient à bras ouverts
et les coffres anciens soulevèrent à leur tour en grinçant leur couvercle
pour laisser s'échapper les crinolines impatientes les soies fébriles et les chevelures de vieilles poupées
assoupies dans l'oubli Et alors les jardiniers apparurent vêtus d'adolescence les statues
perdirent leur insolence les promeneurs se prirent par la taille tandis que les enfants poussaient leurs cerceaux
vers le fond des jardins.

Quelques exemplaires encore disponibles chez moi. Un très beau travail d'édition d'un texte que je porte sur mon coeur.

4 commentaires:

http://haikuduvidetdelaplenitude.blogspot.com a dit…

Je suis admirative !

jean.botquin a dit…

Merci, merci, merci...

Anonyme a dit…

*
En silence
nous sommes baignés,
liberté.
*

jean.botquin a dit…

Merci, Marcel...Il suffit de quelques mots.