dimanche 23 octobre 2011

La fille du Rif. Texte inédit de Jean Botquin

La fille du Rif


Tu regardais le Penon d’Alhucemas à l’extrême de la mer
Tes pupilles rivées sur l’île hispanique
Ton regard à la dérive du navire enclavé et captif des flots
sous le vent ployant les roseaux et les palmes du bord de la plage
Toutes voiles dehors
Tes yeux ouverts sur la mer et les vagues
Tes yeux en pénitence du Penon d’Alhucemas qui vogue immobile
Tes cheveux déployés dans le vent zéphyr marin alizé que sais-je
Le vent qui te recouvre et te dénudé toi qui a la peau brune et les seins dorés
au sable brûlant et qui me brûlent la peau et qui me donnent la soif du désert
Toi dont le sexe a le goût de la mer et des estuaires déployés
et des coquillages ouverts et des marées sur les côtes du Rif
Les aisselles emplies d’algues
Le ventre soyeux
Les cuisses interminables
Les ongles luisants comme l’intérieur des huitres
Tu regardais le Penon d’Alhucemas dans la baie d’Alhoceima
Tes pupilles dilatées sous le soleil
Les jambes ouvertes les jambes fermées sous la force des vagues
Et de l’océan de nos ventres
Les cheveux répandus sur le sable à la naissance des roseaux
Face à l’inutile empire de mer
Le Penon d’Alhucemas au large du croissant d’Alhoceima

Jean Botquin

Aucun commentaire: