vendredi 28 octobre 2011

A propos du recueil de haïkus d'Isabelle Fable."Sur les ailes des lucioles" Editions du Cygne, Paris

Ce recueil vient de paraître. J'ai lu les haîkus d'Isabelle, je les ai aimés. J'avais envie de vous les faire connaître, lecteurs qui aimez les haïkus comme je les aime. La préface de Michel Decobu vous y invite d'une très belle façon. Je me permets de la reproduire ici, in extenso:

AVANT L’ EVEIL DES
LUCIOLES…


Juste quelques
mots avant l’éveil des vers luisants…

Ces réflexions d’abord de Philippe Sollers, qui en connaît un bout sur
la brièveté puisqu’il a si bien commenté les aphorismes de Nietzsche : A l’époque où nous vivons, celle de l’interconnexion universelle, du Net, des tweets, des SMS, nous assistons à une
généralisation des phrases utilitaires, des textes courts, des expressions tronquées, bref, à un véritable appauvrissement du langage dans la communication instantanée.

Par bonheur et pour notre plaisir, le recueil d’Isabelle Fable
(aurait-elle pu s’appeler autrement, notre belle fablière ?) vient à point
pour nuancer le propos caustique et désabusé de l’essayiste ? On peut
écrire court et vif et en souplesse sans être pour autant creux ou farci de
lieux communs. La preuve par trois, trois petits vers luisants coupés aux
ciseaux légers et qui laissent sur la page de délicates traces de plénitude. Et
ce n’est point facile, croyez-moi, d’être à l’unisson du haïku quand il caresse
par surprise votre fenêtre. Le tout est d’être entièrement attentif, afin de
capter le mieux possible la richesse d’un instant. Ouvert, sans réserves, à
l’univers qui se donne sur un doigt de fleur ou sur une aile de luciole. Et puis…et
puis… l’écrire, ce fragile instantané, cet éclair de bien-être, si l’on ose
dire, qui vient vous allumer la tête. En suivant la tradition des maîtres du
genre ? Simplement, naïvement, avec un brin d’herbe d’humour ou sans
craindre le prosaïsme rugueux des jours et des gestes ? Non, Isabelle
n’est pas pèlerine aux pieds nus, le bâton suant à la main, et la puce à
l’oreille (une vraie puce qui sautillerait dans son chapeau de paille…). Nous
la connaissons subtile, raffinée, exigeante et particulièrement soucieuse de
beau langage, d’écriture ciselée et sertie de trouvailles. Incompatible avec le
sobre poème de route et de poussière ? La poésie ne connaît pas de
limites ; des règles oui, qu’il est si gai d’enfreindre. Alors, voilà, le
libre sortilège s’est produit : la fée des métaphores, la sourcière des
allitérations a parfaitement joué de sa plume magique. Ecoutez-la composer et
vous offrir des haïkus de femme lettrée et qui sait si bien néanmoins mettre
son talent au service des merveilles élémentaires qui nous entourent :



Somnolence bleue
sombre et claire lune ailée
descendant le fleuve

L’effraie roule au loin
dans l’effluve bleu des brumes
et son cri se perd

La femme orchidée
délicat éden parfum
effleure alun bleu


Et ainsi s’éveillent les lucioles sur les feuilles d’accueil…
Michel Ducobu
















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