jeudi 27 octobre 2011

Le derviche tourneur. Inédit de Jean Botquin



Voilà
Je te l'ai dit souvent
Chaque fois que tu m'offres
cet amour morfondant
Présent que tu donnes à mon
passé
Je tourne je tourne dans le carrousel des tentations futiles
Es-tu cette étrangère
mon étrangère qui m'étouffe dans mes sanglots
Et dans mon verre de bière ?
Brune ou blonde apparition
quand tu es nue dans mon imagination
Et dans ma torture de chaque jour
Comme si la roue pouvait
s'arrêter de tourner
Alors que ton cœur pèse
le pesant d'un tour d'horizon
Ou d'une meule sur mon cœur endolori
Vertige qui me meurtrit au
centre de mon arbre
Centre de mon amour fou
que tu crois inaccessible
Centre du monde et centre de ma douleur
Parce que tu n'as pas
compris que ma vie s'orientait enfin
Autour de ton mystère
Moi qui suis ce segment de lion
baignant dans la marge
D'éternelles balances
Comme disent les justiciers
de la table ronde
Qui tourne tourne sans
jamais cesser de broyer mon cœur abandonné
Toutes les toupies du monde ne pourront me faire
tourner la tête
Pour découvrir que l'amour
n'a plus de nom
Et la folie qui exaspère
mes nuits m'affole encore plus
As-tu jamais mérité que
l'on tourne autant autour de toi
Avec la tendresse des champs de blés
Celle des étangs où se noient toutes les Ophélies
Et des constellations tournant autour de nos soleils
0 mon amour 0 mon amour Je meurs Je meurs
Je suis le derviche tourneur de toutes les mystiques amoureuses
Comment guérir comment oublier la tendresse de nos cœurs
La tendresse de nos corps
Ne t'aurait-elle effleurée
que comme un papillon qui butine
Autour des fleurs semant
dans le vent les parfums des étoiles
Et puis parfois tu te souviens combien je t'aimais
Combien je t'aime encore
plein de mes larmes rondes
Rondes rondes perles de ma souffrance
Que tu enterres dans le tiroir rond de ton incohérence
Peut-être un jour te souviendras-tu du noyau de la pêche
Du centre de l'été du centre de la brûlure
pour toi mon univers
Noyau noyau je n'y pénétrerai plus jamais
Maintenant que tu retournes retournes toujours
Voilà
Vers la médiocrité de tes cercles fermés
Que l'amour que tu étrangles s'éteint
Comme un volcan s'éteint
un jour ou l'autre
Lave lave lave love love love
Je me perds dans le
tourbillon d'un amour
Qui de plus en plus
s'étouffe maintenant femme
Que l'espace se restreint
Bientôt il ne restera plus
rien
Plus rien que ce point
rond au centre
D'une mire qui disparaît

Jean Botquin octobre 1988

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