mardi 29 mai 2007

A propos de "Ténéré"


Si Jean Botquin se retrouve en deuxième position du Prix Wilfrid Lucas 2006, c’est parce que le jury des Grands Prix Littéraires, se conformant à la demande de l’auteur, a examiné pour cette catégorie, ce « Ténéré » qu’il a souhaité soumettre à son jugement ! En effet, le même ouvrage aurait pu tout autant être couronné dans les « Prix Spéciaux », voire concourir pour le « Grand Prix de Poésie Mystique Pierre Dabin ». En effet, recueil en trois parties distinctes et ne formant, pourtant, qu’un seul tout au fond remarquablement cohérent, Ténéré allie à la fois la poésie libre, la prose poétique et, point d’orgue de ce recueil existentialiste, une nouvelle où, exprimant la pleine mesure de son talent de novelliste, Jean Botquin nous narre l’histoire de Fatma, l’insoumise, dont le destin légendaire semble lié au devenir de la Kabylie… Recueil au parfum d’ailleurs, humant le sable chaud et le silence statique du désert, Ténéré place d’emblée l’homme face à sa destinée. Confronté à ce lieu de non-vie apparente, l’auteur nous entraîne dans sa recherche de la spiritualité : de son enveloppe charnelle, chaque fois oubliée et chaque fois délaissée, pourquoi l’Esprit ne garde-t-il aucune mémoire ? « Naître une nouvelle fois sans renaître sans rien savoir sans mémoire sans traces sans marque aucune les racines oubliées… Cela m’est arrivé plusieurs fois sans doute/mais comment le savoir vraiment ? » Tout est quête et symbole, dans l’univers désertique où seuls subsistent des traces de vie, lorsque l’on prend pour tout bagage « le vide/et le vide du souvenir » mais, salvateur, subsiste et rayonne l’Amour et « les grains de sable/sont innombrables/comme l’infinitude des grains d’amour ». Une recherche de l’âme qui se poursuit dans les cinq textes en prose poétique qui suivent ce premier volet, l’Esprit éternel qui habite même ce « paquet de loques » que l’Homme « aurait dû serrer contre son cœur… sans avoir peur/de ce qu’il cachait sous ses hardes/et qu’il aurait lu dans ses yeux ». Un recueil difficile parce que dérangeant, mais dont la profondeur et la beauté de style valent largement, à son auteur, ex-aequo avec Rémy Silvestre, le deuxième prix Wilfrid Lucas.

Véronique Flabat-Piot
Vice-Présidente et déléguée Francophonie de la SPAF
Co-responsable des Grands Prix
Présidente-fondatrice ASBL « La Plume Vagabonde »

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