dimanche 18 mai 2008

Le printemps des jardins

Pour en savoir plus sur ce beau livre de photographies de jardins de la région de Liège, édité par Vincent Botta, surfez sur http://www.jardinsenpaysdeliege.be/. J'ai eu le plaisir et l'honneur d'y publier quelques textes, avec d'autres auteurs: Godelieve Rulmont-Ugueux et François-Xavier Nève. Voici l'un de mes textes, précédé d'une photo prise par Marianne.

LES JARDINS
Dieu n'a pas pensé qu'il fallait les sauver du Déluge, les jardins, ils se débrouilleraient bien sans Lui, sans l'Arche de Noé, pleine à craquer même de reptiles. Quarante jours et quarante nuits qu'il a plu sur la terre. Puis l'eau s'est évaporée pendant cent cinquante jours. La colombe de Noé est partie à tire-d'aile. Elle est revenue, une feuille fraîche d'olivier au bec. Pendant que Noé et sa famille se doraient au soleil, la terre a continué de sécher. Les semences noyées ont germé. Les pentes du mont Ararat ont verdi, mieux qu'avant, plus luxuriantes, avec des fleurs partout autour. Les pelouses sont revenues, le long des chemins tirés au cordeau. Des parterres se sont formés, bien rangés, bien ordonnés. Alors, les enfants de Noé ont dévalé les pentes pour s'égailler dans tous les sens et jouer sur la terre qui ressemblait à un grand paradis terrestre.
On ne la jamais oublié, le paradis terrestre. Jamais. On cherche à le reproduire, en petit comme un jardin secret ou en plus grand dans le désir de croître. On garnit un balcon parisien d'herbes de Provence et de lavande. On installe des terrasses suspendues comme à Babylone. On cache son jardin entre quatre murs pour ne pas le montrer au voisin. Certains ont le chic de mettre une oasis entre deux usines. On crée des barrières de cyprès pour lutter contre l'obsession des villes. Tout est fait pour rappeler l'inoubliable paradis perdu...
Chaque carré de jardin est comme un défi, une conjuration de l'intérieur contre la menace de l'extérieur et parfois de nous-mêmes. Alors le jardin se crée à notre mesure, Généralife du pauvre ou du nanti, jardin andalou, anglais, japonais, à la française, patio marocain au sein d'un Riad qui s'offre le luxe de l'ombre, des parfums et de la méditation.
Tous ont une âme, car les jardins sans âme, on le savait, n'ont pas de maître.
J.B.

3 commentaires:

Cristina a dit…

Une exposition agréablement commentée par ton texte.
Bonne fin de soirée.

jean.botquin a dit…

As-tu voulu dire un livre agréablement commenté par..., car c'est bien d'un livre qu'il s'agit. En tous cas, merci beaucoup...

Anonyme a dit…

Un beau texte...
la poésie des choses et des endroits ordinaires...
Bonne soirée Jean...et merci pour votre amitié