mardi 6 mai 2008

Les oiseaux du couchant

Etait-il si vieux, la tête trop pleine de brumes ?

On lui répétait que les oiseaux s'étaient enfuis et que l'amour se mourait quelque part à la fin d'un été. Pourtant, les oiseaux étaient là, petits astres dansant dans la fièvre d'automne.

Il était comme un galet lisse et patiné par le ruisseau dont la voie continuait à se tracer dans les méandres de la vie.

Il était comme ce pain de froment qu'elle aimait manger, cuit sur la cendre et sur la pierre et qui sentait le sous-bois.

Il avait le coeur dilaté par sa tendresse en jachère et les ailes émoussées des oiseaux au bout de leur migration.

Elle avait le goût de la voie lactée sur ses lèvres tandis que le couchant lui dorait le front.

Elle lui donnait ses mains pour y cacher ses rides et son besoin de croire que l'amour n'a pas de fin.

Elle lui montrait les oiseaux qui s'envolaient à tire d'ailes vers d'autres cieux.

Lui disait toujours: je prononcerai ton nom jusqu'à ce que mon souffle expire.


Extrait du" Front Haut" de Jean Botquin.

2 commentaires:

Cristina a dit…

Merveilleux texte, à lire et relire...
Bonne fin de semaine, Jean.

Constance a dit…

La douceur d'une certitude. la plénitude de l'amour. L'arrivée au port ... Rare.