mardi 8 décembre 2009

Chambres et frontières. Dans Le Carnet et Les Instants.



Je reproduis ci-après l'article que Quentin Louis a consacré à deux recueils de poésie, celui de Michel Voiturier, paru récemment aux Éditions Clarisse sous le titre Dits en plain désert, et mon dernier recueil La Chambre noire du calligraphe, paru au mois de juin aux Éditions du Cygne, à Paris. Cet article est repris du numéro 159 de "Le Carnet et Les Instant, p.86.

Titre: Chambres et frontières.




Il y a des livres dont la lecture rassérène, comme si l'angoisse avait un moment décidé de poser là son bagage. C'est qu'ils parviennent à dire la vanité des choses de manière sereine, sans pour autant estomper la réalité. Les livres de Michel Voiturier et de Jean Botquin sont de ceux-là, graves sans métaphysique, initiatiques sans ostentation.

Que dire d'un livre qui parle du désert ?" La bienvenue n'est pas pour les nomades", prévient Michel Voiturier dont le recueil nous parle de limites, de frontières, de ce qui nous divise et aussi de ce qui tue. La première partie du recueil, "Perfidies de la frontière", peut se lire comme un seuil, un préliminaire. Elle se présente comme une suite de petits mythes d'origine en prose sur le thème de la frontière. Les titres mêmes de ces poèmes se font l'écho des limites ("Orée", "Barrière", "Remparts"). Ce sont des textes pétris de contemplation mais aussi de révolte contre les spoliations et les frustrations qui toujours déclenchent les conflits et les guerres. Michel Voiturier évoque ensuite un voyage vers le rêve d'un désert. Certaines pages pourraient se lire comme une collection d'aphorismes. Par exemple: " Quitter l'immobile pour accéder au trajet", " Au niveau du nombril de l'occasionnel maçon, la barrière laisse l'illusion de l'horizon" ou" Rien n'efface la volonté d'avoir", ou encore "Qui franchit la ligne est coupable". Dans une prose économe et juste, émaillée d'impressions, Dits en plain désert donne toute la palette des talents d'un poète dans le monde et hors des modes.
Impressionniste, Jean Botquin l'est aussi, lui qui entend faire "miroiter toutes les facettes de l'existence humaine et de l'univers". Il choisit la forme antique du haîku pour "tout dire en taisant presque tout". Soulignons que la plupart de ces poèmes ont connu une première publication sur le blog de l'auteur, banquier aujourd'hui à la retraite, qui vient de publier treize livres en treize ans...
Précédé d'une remarquable préface du jeune poète Piet Lincken, leçon magistrale sur l'histoire et l'actualité du haïku, La chambre noire du calligraphe est né d'un pari de l'auteur : traduire en 250 tercets une part de son imaginaire poétique de manière fugace et concise. Plutôt que de haîkus classiques, Botquin parle de versets, d'instantanés. La respiration qui traverse l'ensemble du livre forme une suite de poèmes d'amour, de nostalgie, de souvenirs, de voyages et d'itinéraires. D'autres parlent de la création littéraire et de l'espoir qu'elle contient. Le haïku de Botquin qu'il qualifie lui-même d'ascèse verbale qui force à l'essentiel et à la suggestion", se montre volontiers aussi gourmand d'allitérations que de sens :
Son coeur émigre
Au centre des migraines
Á fleur de cerveau,
ou encore
Comment mesurer
La passion qui dépasse
Sa démesure.
Deux livres d'évasion; l'un qui va vers le désert et l'autre vers la mer, avec lesquels on peut ouvrir grand l'espace ou simplement souffler.
Quentin Louis
.

4 commentaires:

Cristina a dit…

Il me semble avoir vu ce livre à la FNAC, faudra que j'y retourne!
Bonne soirée sous la châleur d'un feu de bois!
Ce manque de lumière devient un peu dur à supporter!

Un petit Belge a dit…

Bravo pour cette bonne critique! Rappelons qu'on peut recevoir gratuitement "Le Carnet et les Instants" sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres en communauté française.

le baladin a dit…

merci de votre passage pas de problème pour le lien c'est un grand plaisir !!!! je viens vous découvrir aussi merci pour le partage !!!!! amitiés phil

jean.botquin a dit…

Très heureux de votre passage, Cristina, le Petit belge,
et Phil le Paladin. Merci.