lundi 7 décembre 2009

Chamsa, fille du Soleil. Le nouveau roman de Malika Madi


Le troisième roman de Malika Madi est en voie de parution aux Editions du Cygne, à Paris, dans la collection des romans francophones. Si tout se passe bien, le livre sortira de presse vers le début de l'année 2010. Il devrait être présent à la Foire du Livre de Bruxelles.
Malika m'a demandé de préfacer son ouvrage. J'ai accepté et j'ai pris plaisir à en dire le bien que j'en pensais. C'était aussi un honneur pour moi. Vous trouverez ci-après le texte de cette préface in extenso, en avant première. Je souhaite bon vent à Malika et à son roman qui, j'en suis certain, ravira ses lecteurs comme il m'a ravi.



Le troisième roman de Malika Madi, « Chamsa, fille du soleil », révèle un nouvel aspect de la pensée de l’auteure, déjà intéressée par l’étude de la condition de la femme, en particulier celle des milieux d’émigrés maghrébins dont elle est issue. Mais, ici, elle aborde un thème universel profondément ancré en chacun de nous, souvent dissimulé derrière des convictions religieuses ou des interdits.

Ce roman participe à plusieurs genres littéraires.
C’est d’abord un conte qui fait apparaître des personnages de conte, des bergers et des bergères, des princes et des princesses riches et puissants, beaux comme des dieux ou des déesses, des marâtres revêches, incultes et méchantes, des vielles fées détentrices de moyens aphrodisiaques qui décuplent le plaisir de l’amour.
Par contre, ce n’est pas un conte pour enfants car certains personnages sont fort doués pour l’exercice combien exaltant des fonctions amoureuses, et Malika Madi s’entend bien à le décrire de manière particulièrement savoureuse. Toutefois, ce n’est pas non plus un conte immoral, car les personnages sont purs comme des archanges bien que souvent futés comme des djinns.
S’ il s’agit d’un conte, rien n’est impossible ou invraisemblable. Chamsa rassemble toutes les qualités du monde, elle est surdouée, belle à damner un saint, ambitieuse, dotée d’un sens aigu de l’érotisme qu’elle appréhendait déjà avec ses jeunes amies dans le hammam de son village, perdu dans une vallée inconnue de la géographie actuelle.

Dans sa forme romanesque, la nouvelle œuvre de Madame Madi se présente aussi comme un roman initiatique et d’apprentissage. Nous assistons au développement d’une petite paysanne qui d’autodidacte deviendra une sommité universitaire dans les matières délicates de la physique amoureuse. Poursuivant l’héroïne dans son itinéraire, on pense inévitablement à Ovide et Horace, à « L’Art d’Aimer » et au Carpe Diem, à la jouissance épicurienne du moment.
Il n’y a pas que le corps et ses organes sexuels qui l’intéressent, hormis la langue de son prince ou de son assistante brésilienne qu’elle pratique couramment, elle étudie les langues étrangères avec grande facilité et les mathématiques n’ont plus de secret pour elle. Elle se joue aussi de la botanique ( qui permet à l’écrivaine de décrire somptueusement la végétation de pays tropicaux)…Pas étonnant qu’elle se trouve bientôt à la tête d’une des plus grandes bibliothèques du monde musulman. Prodigieuse petite Chamsa, on voudrait bien être à sa place !

Un conte, un roman initiatique , un roman de découverte de soi dans ce que nous avons de plus caché, un roman d’apprentissage de la vie et des connaissances, des techniques de l’amour sans pédanterie outrageuse, un roman tout court qui vous fait rêver d’amour, voire fantasmer de sexe. Les femmes libérées aimeront Chamsa parce que sa vie éclate sans fausse retenue et qu’elle nous apporte la joie des jouissances les plus belles qui souvent justifient à elles seules notre existence terrestre. Elles apprécieront également son sens de la liberté, son nomadisme libertin et sans attaches ( selon une des expressions de la Théorie du corps amoureux de Michel Onfray), son ambition qu’aucune frontière n’arrête.

Ce beau roman à l’éros léger, comme aurait dit Horace, se termine sur un message optimiste qui rapproche les cultures différentes, qu’elles soient d’Occident ou d’Orient. Et ce conte moderne au parfum des mille et une nuits nous apprend que l’ouverture des civilisations les unes aux autres est sans doute le seul moyen pour arriver à se faire entendre les peuples du monde, les uns avec les autres.


Jean Botquin

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