jeudi 24 mars 2011

La mariée du printemps; Extrait du " front haut" de Jean Botquin


Elle est vêtue de printemps, de pommier rose, de gerbes de cerisier pareilles à des doigts de fée, de dentelles en pétales de neige de poirier, d’une traîne de vent et d’un décolleté de prunier japonais. Elle est vêtue d’une robe tellement précaire. Elle n’est vêtue que de printemps comme si déjà elle était nue car le regard ne souhaite que ce moment-là, le moment où dévêtue revêtue elle s’offrira à un inconnu qui l’installera dans son rêve, sans savoir combien elle désespère d’être reconnue. Iront-ils, eux aussi, vers l’indifférence dont s’habillera bientôt l’innocence promise ? Ou, au contraire, saurons-ils arrondir les gestes de leur alliance ? C’est bien ainsi que je l’avais vue, que je l’avais inventée, imaginée à la fois dans sa robe de fête et de deuil printanier en sachant bien que je la perdais déjà avant de l’avoir rencontrée.

2 commentaires:

Danièle Duteil a dit…

Très délicat. A toucher avec les yeux seulement...

jean.botquin a dit…

Merci pour ce regard, cet effleurement, Danièle...