vendredi 25 novembre 2011

Un paquet. Ficelé. Brève de Jean Botquin.

Il défit les nœuds et l'ouvrit.
A l'intérieur, une poupée emmaillotée, à peine
reconnaissable dans la bande qui la serrait à la manière d'une momie, morte
visiblement car toute vie est impossible dans un tel corset. Une poupée morte ? Façon de parler,
bien entendu, les poupées ne meurent jamais, en vérité. En vérité ? Quelle vérité? Il soupira.
On n'est jamais sûr de rien. En dessous, la poupée était nue. Cela se voyait aux pieds et aux mains
qui dépassaient du bandage. La tête, le visage, les petites oreilles, les cheveux émergeaient aussi avec un air d'étouffer. La déshabiller ? Pour voir quoi ?
Pour comprendre, pour découvrir la vérité ? Toute le monde sait que la vérité est nue, c'est en dessous que les choses ne sont pas claires, qu'apparaissent les mensonges, les vilenies, les méchancetés les plus crues, les plus vraies. Il ne s'agissait d'ailleurs pas de la déshabiller puisqu'elle était nue, mais de la désenrouler de sa bande pour lui permettre de respirer, lui déployer les poumons comme à la naissance après une apnée de neuf mois. En quelque sorte, la libérer. Elle ouvrirait les
yeux, se mettrait à parler, pour autant qu'une poupée puisse parler, cela va sans dire.

Alors, il commença, avec infiniment de précautions, à défaire le bandage comme une infirmière, en l'enroulant à nouveau, prêt à être réutilisé. Une tache apparut, rouge-brun, et, au tour suivant se fit plus grande, toujours plus à chaque tour, jusqu'au moment où elle atteignit toute la surface du petit torse qui depuis longtemps avait cessé de respirer.

2 commentaires:

Pasquale's blog a dit…

Pourquoi tue-t-on les poupées ?
Pourquoi les emmaillotte dans des bandelettes de contention?
Ne seraient elles pas plus belles nues ?
Elles sont si jolies ... ou alors si odieuses qu'on ne veuille les déshabiller ?

jean.botquin a dit…

C'est la clef du fantasme, Pasquale