vendredi 11 novembre 2011

Poème d'un bestiaire enfantin (4)


Poème d’un bestiaire enfantin (4)



Je suis ronde

Et je roule

Sur mes petits escarpins



Je suis lente    je n’avance

Qu’avec mille précautions

Je me dandine et je tangue

Avec élégance et silence



Mettez-vous à ma place

Comment voulez-vous que je fasse

Je suis pleine de contradictions



Mon cerveau de dé à coudre

Et mes pattes de poisson

Font glisser ma carapace

Dans les herbes qui s’écartent

Et s’étonnent oui s’étonnent

Que je ne suis encore que là

Où hier j’étais déjà



On me dit si lymphatique

Ma lenteur est philosophique

Quand je meurs c’est de vieillesse

J’atteins facilement les cent ans

Si un rapace ne m’écrase avant



Mes ancêtres nageaient dans l’eau

La mer m’a rejetée

J’ai changé de godillots

Mais gardé ma maison sur le dos



Savez-vous donc qui je suis

La tortue bien entendu

  Jean Botquin

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