samedi 18 janvier 2014

Il lui avait coupé les ailes

Il lui avait coupé les ailes
Parce que le vent était trop fort
Et les girouettes à l’orage

L’arbre se courbait
Les portes craquaient
Les soupentes frémissaient
Les volets claquaient contre les murs

Ils avaient revêtu leur cape de solitude
La pluie inondait leur visage
Et leurs paupières meurtries

Ils jouaient aux nuits blanches
Poussaient des pions écarlates
Déchiraient leurs draps pour sécher
Leurs larmes coulant vers les ruisseaux

Ils se baignaient nus dans des orgies verbales
Ils creusaient des sillons dans la terre détrempée
Et y enterraient des parcelles d’enfer

Autour le désert dressait des colonnes lustrales
Taillées dans le sel de Sodomes pâlies
Les mensonges se balançaient
Aux bras des squelettes de la nuit

Quelque part l’amour fuyait
Abandonnant la lutte et les tumultes
Vers le lever d’un soleil oublié

Jean Botquin