vendredi 3 janvier 2014

La blessure de l'Obsidienne. Mon deuxième roman (Extrait)

La blessure de l’Obsidienne. Extrait p. 62-63 Deuxième roman de J.B.

Jacques se leva le premier de table. Il alla s'appuyer au parapet de
la terrasse. Au bas de l'hôtel, les rues étaient vides. Il tenta d'imaginer à quoi Van pouvait ressembler mais la ville ne livrait pas ses secrets. Quelques voitures glissaient lentement et presque sans bruit dans les rues mal éclairées. Il descendit dans sa chambre.
Yvette sanglotait dans la salle de bains. De fatigue, fit-elle quand elle se fut reprise. Les journées étaient beaucoup trop longues. Elle n'en pouvait plus. C'était ce qu'elle invoqua comme raison.

Septième lettre à Franz Kappus

Les larmes d'Yvette guidèrent nécessairement Jacques vers la septième lettre, écrite à Rome le 14 mai 1904. Après un développement introductif comme en contiennent toutes les lettres, Rilke aborde les thèmes de la solitude et de l'amour en disant que tant l'une que l'autre sont difficiles." L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-même; l'œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations."Il faut apprendre à aimer, c'est une œuvre de solitude," une occasion de mûrir, de prendre forme." Jacques referma son livre à cet endroit précis. Y a-t-il un être au monde qui mérite cette attente et cette préparation en dehors de l'être suprême ? En réalité, Rilke parle d'épreuve, on pourrait y ajouter ascèse et spiritualité. C'est un chemin de développement quasi mystique menant à la fusion des esprits et à l'annulation des corps. Ce soir de 15 juillet, ces textes d'une suprême beauté étaient sur le point de l'exaspérer. De quoi parle-t-on, sinon d'un amour de qualité divine ? Il pensait à la femme qu'il traînait derrière lui. Pour quoi faire sinon pour répéter le constat d'un échec? Cette femme, il pensait l'avoir aimée, il était sûr de l'avoir désirée, peut-être parce que c'est le propre de la nature de l'homme de désirer une femme, parce que c'est biologique et quasi inévitable quand on est normalement constitué, parce que quand on est jeune, l'énergie se manifeste d'une manière ou d'une autre, parce que... Il pensait aussi à Tania-Maïté qui parlait un langage qu'il ressentait, qui le faisait vibrer et qui peut-être annonçait l'amour, mais quel amour ? L’amour selon Rilke, celui qu’il invoque dans ses lettres à Franz Kappus (1)? L’amour selon Jacques qui ne rêvait que de tendresse, de réconciliation et d’abandon ?

(1) Lettres à un jeune Poète

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