lundi 2 mars 2009

Ho guardato (J'ai regardé)


Ho guardato...


Ho guardato attraverso quella porta.
O forse non era una porta, ma una finestra.
Ho guardato, sporgendomi verso quel vuoto oscuro.


Ho sentito una forza venire da quegli occhi bui.
Erano mani, forse, che si sono aggrappate alle mie spalle.
Mi hanno scosso, spingendomi
verso quel vuoto oscuro.


Ho vacillato fissando i miei occhi in quel pozzo.
O forse ho tremato, impaurito per quell'orrenda vertigine.
Sono caduto , sentendo vorticare lo spazio intorno a me.

Mi sono trovato un un cielo senza luce,
in un caos senza ordine,
in un mare senza fondo.


Ho allungato le mani, spinto in fuori gli occhi,
ho tastato il vuoto, calpestato il nulla,
ho urlato nel silenzio, ho respirato senza bocca e senza naso.


Sono impazzito, per un attimo, anche se ricordavo il nome mio.
Ricordavo il nome tuo, e quello di tutti gli uomini di tutti i tempi.
Ricordavo il nome dell'amore e quello della tristezza.


Ricordavo i colori del cielo e dei fiori dei campi,
l'odore del mare e quello della primavera,
il calore della terra e quello della tua fronte.

C'era un riflesso di fuoco su quella finestra,
o forse non era un finestra, ma una porta.
Era un riflesso di fuoco, o forse era il sorriso del diavolo.


E' sceso il gelo nel mio cuore e si è fermato il tempo.
Sembravi viva, debole, pallida, come sempre.
Ma eri immobile, bella come una statua. Morta.

E' sceso il gelo, quando sei calata nella terra,
dove la morte si perpetua nella vita che continua.
E' sceso il gelo, e si è fermato il tempo, nel mio cuore.

Dovevi essere un angelo bellissimo, coi capelli ricci e biondi.
Dovevi essere giovane, e forte mentre indirizzavi il mio cammino.
Eri la mia Stella polare, tramontata presto nel buio della notte.


Ho guardato attraverso quella porta.
O forse non era una porta, ma una finestra.
O forse non ho guardato, sono caduto, sporgendomi verso quel vuoto oscuro.


J'ai regardé ... J'ai regardé par l’ouverture de cette porte. Ou peut-être n’était-ce pas une porte, mais une fenêtre. J'ai regardé, attiré par les ténèbres du vide. J'ai senti une force jaillir de quelques yeux noirs. Des mains se seraient-elles agrippées à mes épaules, des mains qui m’auraient secoué et précipité vers les ténèbres du vide? J’ai vacillé et mes yeux ont embrassé la profondeur du puits.
Ou peut-être ai-je tremblé de peur après cet horrible vertige. Je suis tombé, sentant l’espace tourbillonner autour de moi. Je me suis perdu dans un ciel sans lumière, dans le désordre du chaos, dans une mer sans fond. Les yeux exorbités, j’ai tendu les mains, j'ai épousé le néant, j’ai marché dans le vide, j'ai crié sans voix, j'ai respiré sans bouche ni narines. Je suis devenu fou, un moment, au point de ne plus me souvenir de mon nom. Mais je me suis souvenu de ton nom, et de tous les noms des hommes de tous les temps. Je me suis souvenu du nom de l’amour et du nom de la tristesse. Je me suis souvenu des couleurs du ciel et des fleurs des champs, de l'odeur de la mer et de l’odeur du printemps, de la chaleur de la terre et de la chaleur de ton front.
Il y a eu un reflet de feu sur cette fenêtre, ou peut-être n'était-ce pas une fenêtre, mais une porte. Il y a eu un reflet de feu, ou peut-être était-ce le sourire du diable. Le gel a immobilisé mon coeur et l'horloge s’est arrêtée. Tu semblais en vie, faible, pâle, comme toujours. Mais tu étais immobile, belle comme une statue. Morte. Le gel a encore durci, lorsque tu es descendue dans la terre, là où la mort se perpétue dans la vie qui ne s’arrête pas. La glace a gelé mon coeur et l'horloge s’est arrêtée. Tu étais le plus beau des anges avec tes boucles blondes. Tu étais jeune et forte pendant que tu me guidais sur mon chemin. Tu étais mon étoile polaire qui s’est éteinte trop tôt dans les ténèbres de la nuit.
J'ai regardé à travers l’ouverture de cette porte. Ou peut-être n'était-ce pas une porte, mais une fenêtre. Ou peut-être n'ai-je pas regardé, je suis tombé, attiré par les ténèbres du vide.


Texte de Pietro D.Perrone. Traduction française de Jean Botquin

12 commentaires:

pierperrone a dit…

Mon ami, vraiment merci.

Cristina a dit…

Merci pour cette traduction.Un beau texte.
J'ai regardé tant de choses...sans réponses!
Bonne soirée, Jean.

jean.botquin a dit…

Piero, j'ai choisi la prose poétique plutôt que les versets. Il me semblait que cela rendait mieux le mouvement et le rythme de l'action, du moins en français. La photo est un relief de la façade merveilleuse de la cathédrale d'Orvieto. Il représente une scène de jugement dernier extrêmement évocateur.
Moi aussi, j'ai aimé ce texte qui m'a très touché, Cristina. Merci d'être venu le lire.

Anonyme a dit…

Puis-je m'associer au nombre des séduits par ce texte ?
Mais aussi, quelle maestria dans ce Jugement Dernier de pierre où l'apparent désordre est si magnifiquement ordonné en rigoureux registres horizontaux.
Dans ces figurations médiévales, la sarabande des damnés m'a toujours beaucoup plus ému que les figurations d'élus stupidement figés dans leur adoration éternelle.
Étrange aussi cette figuration résolument sexuée, ce qui n'est pas fréquent à l'époque ; il y a certainement une influence de la statuaire antique.
Très beau.

Anonyme a dit…

Quant à moi j'ai eu peur en lisant ce texte, et ce parce que je viens juste de commencer la traduction en français de l'un de mes romans en anglais. J'ai constaté que tu n'as pas utilisé le passé simple. Et c'est là où est mon point faible en français. Si je n'avais pas écrit mes textes de fiction en français c'était en grande partie à cause de la conjugaison française. Toutefois, j'ai bien décidé de relever ce défit en essayant de traduire ce petit roman que je publierai dans mon blog. J'aurai certainement besoin de tes conseils.

Par ailleurs, je serais ravi de traduire un ou pulsieurs de tes poèmes en anglais (j'attens tes suggestions), comme j'aimerais que tu traduises en espagnol mon poème "Des Mots", si c'est possible. Qu'en dis-tu? Bonne matinée.

jean.botquin a dit…

Merci pour tout, Mohamed. Pour la traduction en Espagnol, ce n'est pas possible car je ne connais pas bien cette langue. Pour une traduction en Italien tu peux éventuellement t'adresser à pietro d. perrone qui est romain. Il m'a aidé à bien comprendre son texte "Ho Guardato" avant que je puisse l'écrire en français. Bien sûr que tu peux essayer de traduire un de mes textes en anglais, ce que je suis moi-même pas capable de faire. Je ne te propose pas de traduire des Haïkus car les règles sont très contraignantes (5,7,5 syllabes). J'ai déjà beaucoup de mal à les écrire en français. Quand j'aurai fini ce que je suis en train de faire je vais essayer de publier un recueil de Haïkus...mais il faut trouver un éditeur et c'est une autre paire de manches.

Anonyme a dit…

Avez-vous déjà vu le nouveau blog que j'ai lancé sur les écrivains belges : http://ecrivainsbelges.blogspot.com

Anonyme a dit…

J'ai bien compris le côté traduction, alors je m'abstiens volontier. C'est vraiment dur de traduire un poème. Moi-même je n'ose pas traduire mes poèmes. Mais c'était juste une idée.

"mais il faut trouver un éditeur et c'est une autre paire de manches."

Ici au Maroc on peut faire imprimer 500 exemplaires à 6,000 Dh. Je connais quelqu'un qui l'a fait, et pour vendre son livre il a eu l'idée d'en déposer des exemplaires chez les kiosques de l'aeroport de Casablance et ça a marché! Pour faire connaitre son oeuvre (en français) et obtenir une rencontre de signature de livre, les écrivains d'ici et d'ailleurs s'adressent généralement à la Librairie du Carrefour du Livre à Casablanca. Les auteurs étrangers ont toujours une longueur d'avance. Peut-être que lors d'une visite au Maroc tu auras l'occasion d'essayer ça à moins que tu ne trouves un "vrai" éditeur làbas. Bonne soirée!

pierperrone a dit…

Oui, Jean; ta prose a étè une bonne choix. Je te remercie encore, pour l'honneur de trouver espace sur ton blog et pour ton tavail. Pour moi tes mots d'appréciacion sont importants.

La façade merveilleuse de la cathédrale d'Orvieto; je devrais aller l'admirer une autre fois à Orvieto.

Anonyme a dit…

Merci pour cette sélection,
d'une belle profondeur à donner le vertige à l'âme

jean.botquin a dit…

Merci, belle anonyme, et tant mieux si mes haïkus vous donnent le vertige. Sans doute les publierai-je un jour...

jean.botquin a dit…

Mohamed, ta fidélité m'est chère, oui, j'aimerais revenir au Maroc, le plus tôt possible